Arnold Lagémi

Plus que n’importe laquelle des citations prophétiques annonçant l’extrême proximité des temps messianiques, c’est la récente position du gouvernement israélien, marquant de plus en plus sa singularité, et son indépendance  vis-à-vis des USA qui me paraissent non pas annoncer la « fin de l’histoire» mais assurément l’achèvement  d’une certaine histoire où Israël « faisait » la politique qu’on lui imposait  à la Maison Blanche tout particulièrement.

Ce cheminement, cet accouchement prend sa source dès la Proclamation de l’Indépendance en 1948. Il se précise en 1956 mais imprime sa marque, lors de la crise de 1967,  lorsque Abba Eban, Ministre des Affaires Etrangères d’Israël, vint dire au général de Gaulle, grand timonier de l’Occident, qu’Israël décidera de l’opportunité des armes, en fonction de ses seuls intérêts.

Ce à quoi de gaulle réagit en affirmant que le premier pays qui ferait usage des armes « n’aurait ni l’appui, ni l’approbation de la France. Après les hostilités et la victoire d’Israël, de Gaulle se livra à une critique de fond du sionisme, déclarant que les « conditions d’acquisition de la terre » lui paraissant suspectes « d’interminables frictions étaient à redouter.

Ce qui à mon sens ralluma la braise juive indépendantiste fut la volonté des Nations de restreindre la liberté de manœuvre d’Israël, en obligeant celui-ci à renoncer au « caractère Juif » de l’Etat d’Israël. C’était aller trop loin, c’était de nouveau une provocation. Et l’on vit, spectacle surréaliste, des politiciens Israéliens revendiquer, dans des catégories d’expression rabbinique,   que n’auraient pas désapprouvé des Juifs orthodoxes, les principes de la spécificité juive.  Affirmer, par ailleurs, la continuité de l’histoire de la Judée et confirmer que, de la spécificité juive, il fallait, aujourd’hui penser à la spécificité hébraïque, héritée des prophètes d’Israël !

Si les morts peuvent éprouver la peur, l’empereur Constantin, Louis IX, dit St Louis et …etc, ne doivent pas pouvoir empêcher leurs ossements de claquer face aux assauts d’une angoisse démesurée devant l’objet de leur crainte : la résurrection de la Nation Juive !

Le danger de la confrontation avec l’Iran se mariant bien, trop bien avec les affirmations parallèles du Chef d’Etat Major de tsahal, Benny Gandz soutenant d’abord « l’idée folle » qu’un Juif en danger dans le monde interpelait sa conscience. Puis, ce fut l’aveu du Premier Ministre Israélien confirmant les divergences de vue avec Washington. Ces initiatives mises bout à bout, indiquent qu’une page nouvelle s’offre  à l’histoire contemporaine  d’Israël, impensable, il y a peu encore, celle d’une grande puissance affranchie de la tutelle des Nations.