Arnold Lagémi

Très Saint Père,

Permettez à un Juif de France, une fois dissipées  les réminiscences festives  et, peut-être sacrilèges,  attachées  à votre nom,  que portait déjà un Roi de France attaché, lui aussi,  à la « Renaissance »  du royaume,  tout comme vous,   au « Renouveau » de l’Eglise,  de souhaiter que les étapes de votre mission deviennent de célèbres et prestigieuses références, qui chanteront la gloire de votre pontificat avec le même panache que Chenonceau ou  Chambord  évoquent, pour le monde profane,  le raffinement de la culture et de l’art français.

Ce que nous souhaitons n’est probablement pas ce que vous espérez. Aussi, les chances de voir nos espoirs se concrétiser restant aussi minces que d’envisager, selon les Evangiles,    un « riche » traversant le chas d’une aiguille, permettez à la part de notre âme qui s’associe au port de nos espérances de vous exprimer respectueusement ses doléances, quand bien même celles-ci,  relèvant du rêve et de l’imaginaire,  ne sauraient être crédibles à votre apostolique appréciation.

Avant de vous en fournir le détail, laissez-moi vous en  illustrer le fond. Nous éprouvons un véritable malaise occasionné par une inflation du verbe auquel vos prédécesseurs recouraient sans modération. A un point tel que Vatican II nous apparaissait comme l’antithèse des volontés et ambitions réelles  de l’Eglise.

Cette inflation devenant hémorragique, nous avons fini par conclure,  qu’en théologie, intention valait action…

Aussi, Très Saint Père, attendons-nous du Vicaire du Christ,  qu’il décide de mettre en pratique la repentance maintes fois exprimée mais toujours en attente de réalisation,  de donner un sens à vos regrets et à votre demande de pardon en proclamant du célèbre balcon qui vit le « bon pape Jean » lancer au monde  que le « temps du mépris » avait vécu,  que « Jérusalem est le capitale » de l’Etat Juif » né en 1948.

Vous deviendrez ainsi le pape de la Reconnaissance historique, étape incontournable à un pontificat désirant nouer, bien plus que rompre, avec les exigences concrètes de la réparation due aux Juifs. Exigences que vos prédécesseurs tentèrent d’éloigner mais qui,  à chaque rebond de l’histoire,  renouvelaient leur requête  à votre justice.

Jérusalem, capitale éternelle de l’Etat Judéen, affirmation historique devenue vérité papale, consacrera François 1^erd’abord au culte de la vérité, étape flamboyante qui obligera par comparaison,  Chambord et Chenonceaux à ne rester que de royales escales alors que votre pontifical navire prendra le large vers l’océan de vérité sur lequel toute la papauté n’osa jamais caresser le flot, ne fut ce que d’une velléité…

Avec mon profond respect