Bonjour Monsieur l’abbé,
Pour l’avoir pratiqué je sais que le débat avec vous reste difficile, voire impossible, par le recours à une dialectique qui, se nourrissant de déviance et d’artifices dilatoires, finit presque toujours dans le regrettable et affligeant affrontement.
Aussi n’avais je pas l’intention d’intervenir à propos de vos soutenances fantaisistes sur le grand philosophe allemand. Mais, affirmer que « ce texte de Nietzsche est stupide » renvoie votre intervention vers les zones obscures de l’ulcération, du « caprice épidermique, » bref à des égarements, porteurs de dangers qui, écartant la périlleuse mais nécessaire analyse, à l’avantage de l’invective, obligent à l’implication, moins dans le dessein du débat que dans celui de la rectification didactique.
Vous présentez Nietzsche comme antisémite et, en tirez des conséquences vous dispensant de « réfléchir » sur le texte pris en référence. Procédé facile. Les plus grands esprits du XIXème siècle ont eu leur période noire, même Zola ! Préjugés du temps plus qu’appréciation irréversible qui furent balayés au moment de l’affaire Dreyfus.
Je regrette que vous ayez « bousculé » l’argumentation sans la discuter, laissant deviner que Nietzche est d’abord condamnable…Il semblerait que la liberté que vous prenez en jetant l’opprobre sur le philosophe Allemand vous dispenserait d’un regard aussi rigoureux et d’un jugement aussi sévère pour une Eglise qui, par exemple, répond par un orgueil bien silencieux au maintien de la statuaire infâme de Strasbourg, autorisant toutes les réserves sur les conclusions de Vatican II auxquelles vous êtes personnellement arrivé et qui resteront privées de sens, tant que Jérusalem ne sera pas reconnue capitale de la Nation Judéenne !
En soutenant que l’intention de l’Eglise n’est plus la conversion d’Israël mais en priant le Vendredi Saint pour qu’Israël « ouvre les yeux » loin de démontrer la vacuité de la philosophie de Nietzsche, vous la renforcez par la démonstration formelle et solennelle que vous n’avez renoncé à rien de ce qui est l’enseignement doctrinal de l’Eglise Romaine…
Je cite Nietzche : « Dans l’Ancien testament Juif, le livre de la justice divine, on trouve des hommes, des choses et des paroles d’un si grand style que les textes sacrés des Grecs et des Hindous n’ont rien à mettre en regard. On est saisi de crainte et de respect en présence de ces vestiges prodigieux de ce que l’homme a été jadis, etc….
Et l’auteur de ces lignes serait « antisémite !!! » Si vous avez oublié ce qu’est un « texte ou un propos antisémite », relisez certains Pères de l’Eglise, ou méditez la réponse pontificale à Hertzl !
Oui, Nietzsche est parfaitement fondé à penser que « l’Ancien » et le « Nouveau Testament » n’ont pas la même idée de l’homme. L’Hébreu est d’abord disciple de la Loi, toujours valide.
En « accomplissant » cette loi, Jésus confirmait la rupture, non seulement de deux conceptions divergentes de la Révélation mais soutenait aussi deux projets fondamentalement opposées de l’homme, de l’histoire, et du salut.
Et, si vous poussez l’outrecuidance au point d’affirmer « qu’accomplir » n’enlève rien à la crédibilité permanente de la loi de Moïse, toujours « expression de la volonté divine » merci de nous confirmer que les lois de la Cashroute, considérées comme lois divines sont toujours respectées par l’Eglise ! Et que leur observance ne fait pas office de « cache route !)
Qu’il me soit permis pour arrêter là, la démonstration de la perspicacité de Nietzche à laquelle vous êtes associé, de facto, par l’absence d’analyse et le renoncement au raisonnement, d’évoquer par une référence à Isaac Herzog, qui fut Grand rabbin de Jérusalem, la mémoire bénie de Pie XII qui, tout en condamnant le Judaïsme et n’accordant aucune concession à la démagogie, justifie indirectement le point de vue de Nietzsche.
Ce souci de « la vérité Catholique » ne dispensa jamais le Saint Père de proclamer la suprématie de l’Eglise, et, dans le même temps de prendre des risques personnels pour le sauvetage de milliers de Juifs durant la Shoah.
ISSAC HERZOG, Grand Rabbin de Jérusalem et père de l’ancien Président de l’Etat d’Israël. (Lettre à Pie XII, mars 46) : « Le peuple juif se souviendra vivement avec la plus profonde gratitude de l’aide apportée par le Saint Siège au peuple souffrant durant la persécution nazie.
Sa Sainteté a agi pour éradiquer l’antisémitisme dans de nombreux pays. Que D… permette que l’histoire se souvienne que lorsque tout était noir pour notre peuple, Votre Sainteté a allumé pour lui une lumière d’espérance. »
La convergence inconditionnelle n’est pas requise pour s’estimer, s’apprécier et se respecter !
Chalom, Monsieur l’abbé ! Que le D.ieu d’Israël vous garde !
Que vous dire…que vous ne sachiez déjà..
J’ai adoré votre réplique, et je constate qu’une fois de plus, l’intelligence et l’excellence ont une odeur particulière….
sincèrement donc…BRAVO, et…LE HAIM CHER ARNOLD!!!