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Je réponds directement sans introduction, la réponse pouvant s’en dispenser. Les Chrétiens ont cet avantage sur les Juifs, en dépit de ce qu’affirment certains propos démagogiques, d’avoir appris à  savoir  séduire pour convertir. Ils possèdent la connaissance du « savoir   mettre en relief les contradictions apparentes,  »  pouvant conduire l’interlocuteur, d’abord au doute, puis à l’instabilité, dernière étape avant les fonds baptismaux.


La séduction quand elle ne vise pas l’homme ou la femme perçus  comme objet d’amour ou de convoitise, mais,  une famille humaine, voire un peuple,  est rarement l’œuvre d’un temps ou d’une époque. Elle s’inscrit au palmarès des valeurs éthiques et fondamentales d’une civilisation. Aussi, nos amis Chrétiens pourraient en ce domaine nous fournir une aide précieuse et précise !


Eux savent, pour l’avoir pratiqué sans réserve ni retenue, faire dire aux textes sacrés ce qu’ils n’ont jamais dit. Eux détiennent le redoutable pouvoir de savoir transformer les contradictions en avantages.  Par exemple, « c’est parce qu’il a voulu comprendre la souffrance de l’homme, que D.ieu s’est fait homme. » Emerveillé par un tel enseignement, j’ai toujours estimé, sans vanité que, si la cause d’Israël possédait de tels arguments confirmés, analysés, pesés et jugés à l’aune des siècles, jamais le sionisme n’aurait, par exemple, connu comme en 1975, une tentative d’éradication.


En effet, à la différence des Chrétiens rompus aux techniques visant à faire changer de cap, les Juifs, dont la tradition estime que, sans conversion, les non-Juifs auront « droit au Salut » en respectant les fondements d’une moralité élémentaire, n’ont pas l’habitude culturelle, historique,   du devoir de convaincre l’étranger. Leurs convictions ont perduré dans  un manque fatal  et rédhibitoire des moyens, techniques et procédés,  permettant à tout interlocuteur, seul ou associé, d’avoir un avis convergent au leur.


Aussi, ces lacunes restèrent sans conséquence, tant qu’il fut conforme  au maintien de leur survie,  de vivre « rideau fermé sur le monde. » Le cours du destin auréola ces carences d’une bien préjudiciable fatalité, quand dès le XIXème siècle, il fut question de « rentrer à la maison ! » et d’en expliquer au monde les raisons et justifications !


S’imposa alors, un devoir nouveau, une mitsva originale dont ils ignoraient le sens et la pratique : la connaissance (et le savoir faire) des moyens de convaincre ! Là, les Juifs apprécieraient l’aide et l’expérience de leurs amis Chrétiens, dont les dernières acrobaties visant à leur faire croire que l’alliance conclue au Sinaï n’a jamais été abolie ou que Vatican II a modifié réellement la qualité du rapprochement judeo-chrétien.  Une promenade à Strasbourg permettrait d’en mesurer la subtilité et l’ampleur…

5 Réponses à “Pourquoi les Chrétiens sont-ils mieux armés que les Juifs pour défendre le… sionisme ?”

  1. Pat Quartier dit :

    Cher Arnold,
    Malgre les apparences il n’est pas facile de repondre simplement a votre argumentation compte tenu des approches radicalement differentes entre judaisme et christianisme.
    Pour au moins une bonne raison : il n’existe pas dans le texte de la Torah UNE VERITE , mais plusieurs Verites ou conceptions diverses de la verite.
    Ces verites ne s’affirment pas toujours, mais s’analysent, se discutent, se commentent de facon libre, et se completent meme par leurs contradictions exposees .
    Il apppartient donc a celui qui a ETUDIE de faire son choix personnel en fonction de son niveau car de nombreuses explications sont allusives et renvoient volontairement a d’autres textes.
    Un travail intellectuel s’impose: Un travail de recherche et de reflexion sur plusiers textes maniant des opinions differentes.
    Tel n’est pas le cas du christianisme coupe de ses sources de reflexion premiere qui procede -sans que cela soit critiquable- par des affirmations seductrices d’un verset en mettant en exergue la valeur supreme qu’il s’est choisi : l’amour, un concept tres sympathique et seducteur, mais pour le judaisme sauf erreur insuffisant pour l’homme a la recherche d’une comprehension pratique de la societe et des hommes plonges dans une Histoire chaoteuse.
    Je pense que cette difference… fait toute la difference sans pour autant nier l’importance de valeurs dignes d’interet distillees dans des sermons, un defaut auquel succombent egalement beaucoup de rabbins, soit par incompetence, soit par manque de temps, l’analyse devant s’effectuer a partir de texteS et non pas seulement du Texte.
    En un mot, si l’on voulait resumer trop sommairement, le christianisme encore une fois loin de sa source ne dispose pas pour ses fideles de la Tradition Orale permettant de sortir et de « casser » au besoin le texte initial de base.
    Il ne s’agit plus alors de « seduire », mais de comprendre.
    Qui a dit que le judaisme est une religion facile?
    Personne!

    • Cher Pat,
      Ce bien modeste « état d’âme » plutôt que réflexion, avait une intention précise. Ne pas aborder le fond, mais rester délibérément sur le constat d’approches de type psychologique. Dans cette catégorie, ‘il devient évident que la conception chrétienne du monde, visant à une conversion universelle, impose la maîtrise des techniques de séduction, de conviction et de propagation de la foi qui, « largement expérimentées », pourraient aider les Juifs et Israël à essayer ces moyens qui, hormis, bien entendu les voies de contrainte, permettraient une adhésion moins réservée au sionisme. Mon approche se voulait aussi teintée de critique historique, lorsque j’ai posé le problème de la « méconnaissance » juive des manières inhérentes à l’art de convertir, qui coûte, précisément, très cher, à l’idée que généralement on se fait du sionisme.

  2. olivier dit :

    Don Arnold,
    Ce qui m’apparaît clairement (trop clairement peut-être) : le christianisme et l’islam sont plus dogmatiques que le judaïsme. Et, une fois encore, je ne suis pas préposé à une remise de prix organisée par ma petite personne.
    Simple proposition : c’est peut-être aussi parce que le judaïsme n’est pas dogmatique qu’il n’attire guère les foules ; les foules sont dogmatiques…
    Vous évoquez l’entreprise de séduction chrétienne. Nous pourrions en venir à la figuration que l’Église a su exalter en faisant appel aux plus grands artistes durant des siècles et des siècles. Quant je vois Marie peinte par Botticelli ou le Christ peint par Mantegna, lorsque j’écoute la ‟Messa di Gloria” de Puccini ou le ‟Magnificat” de Monteverdi, je me sens terriblement chrétien. Mais quelque chose me manque : trop d’émotion, trop d’esthétique, pas assez de… Mais pas assez de quoi ?
    Je me permets de vous conseiller un livre (si vous ne le connaissez pas) : le «Journal» de Maxime Alexandre. C’est un livre qui vous mettra la tête en feu.
    Shabbat Shalom.

    • Je connais ce livre et je l’ai lu. L’incendie allumé dès la première page, perdure dans une combustion permanente où ce feu, loin d’être destructeur, rappelle, par sa chaleur sacrée d’autres feux porteurs de Rédemption, tel celui du buisson ardent.
      Tout le meilleur à vous et aux vôtres, Cher Olivier, pour ce Chabat qui ne manquera pas de resplendir à l’évocation de Maxime Alexandre!

  3. olivier dit :

    Les chrétiens ont déployé la séduction à l’intérieur même du christianisme, je ne vous apprends rien. Pensez à la splendeur scénique du style de la Contre-Réforme : l’Église bien décidée à réagir face au protestantisme, à opposer le faste à la rigueur.
    Maxime Alexandre est bien oublié. Et je suis heureux que vous l’ayez lu. Sa poésie est magnifique.

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