Arnold Lagémi

Il est dans les probabilités que Lionel Jospin soit regardé dans un futur proche,   comme un  des derniers  grands leaders de la gauche Européenne, resté fidèle à son attirance Israélienne, et l’un des derniers représentants exemplaires  de cette gauche, admirative, voire fascinée par   l’Etat juif, qui était allée à certaines heures ultimes, jusqu’à l’identification à la cause sioniste.

On a peine aujourd’hui, à voir parmi les représentants de la gauche Européenne, tel homme d’influence,  pénétrer au cœur de la Cisjordanie, comme l’a fait Lionel Jospin, en 2000, à l’Université de Bir Zéit, affirmer « qu’Israël se défend contre les actions terroristes du Hezbollah, » allant même jusqu’à fustiger les initiatives du Hezbollah contre Tsahal » confirmant par des propos lucides et courageux,   que le « Hezbollah est un mouvement terroriste. » Tant ses amis politiques que les leaders de la droite n’hésitèrent pas alors à soutenir que «Le Premier Ministre » (en l’occurrence, Lionel Jospin) « avait dérapé. » Parmi les rares à avoir applaudi à cette condamnation de Lionel Jospin, se trouvait Alain Madelin.

Tant l’attitude du Premier Ministre socialiste de l’époque,  que les réactions quasi unanimes, à ses propos, droite et gauche confondues, sont lourdes de signification. D’abord,  parce qu’elles indiquent, à qui garde les yeux ouverts,  qu’une page cruciale, concernant les relations franco-israéliennes s’achevait, celle de  la cordialité. Et, pour les Juifs de France, très sensibles au devenir  l’Etat Juif,  considéré pour la majorité d’entre eux, comme « terre patriotique,  » une vérité qui, bien qu’effleurée et limitée à l’ébauche certes, mais dont le sens fut perçu avec toute la gravité requise par les esprits clairvoyants ; à savoir que l’Europe se préparait à considérer  désormais le sionisme, comme « Persona non grata. »

La  sympathie française pour le Hezbollah que confirme l’emploi du terme « dérapage » qualifiant les propos dénonciateurs de Lionel Jospin ne saurait passer, en effet, sans le devoir d’en tirer les conséquences. Gauche et droite n’ignoraient pas que le « mouvement en question » a  toujours, pour intention de « dégager » de Palestine « l’entité sioniste. »

En reprenant pour son propre compte, le « dérapage » de son Premier Ministre,  le président  confirmait une mentalité très gaullienne qui accordait aux Juifs une considération égale à celle reconnue aux autres citoyens,  tant que l’appartenance à la Nation Française serait privilégiée.

La partie moins « noble » de l’analyse  apparaît, quand est posée la question : « Comment des régimes démocratiques peuvent-ils accorder leur sympathie, à un « groupement » spécialisé dans l’attaque aux civils Juifs, prévoyant, de plus, dans sa Charte, la « liquidation » des sionistes ? » L’alliance de fait, entre gauche et droite à ce sujet, cesse de s’identifier au « dérapage » pour devenir l’aveu d’une orientation déterminée et d’un choix délibéré afin d’aboutir   dans un premier temps à la dépréciation du sionisme, préparant ainsi les esprits à un radicalisme moins nuancé.

Gauche et droite Européennes doivent se préparer, dans un tel irréalisme, à subir de bien sévères déconvenues.

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