Arnold Lagémi

Par Arnold Lagémi 

La tribune du juge Goldstone publiée par le Washington Post pose plus de problèmes qu’elle n’en résout. 

Quel est l’intérêt du magistrat de dévoiler maintenant la vérité ? Libérer sa conscience d’une faute ? Peut être. Mais un juge de cette dimension aurait-il pu déclarer coupable de « crimes de guerre » un Etat déjà affaibli par une campagne de dénigrement  systématique sans éléments à charge suffisamment probants?  Pouvait-il le faire sans une accusation étayée?  Il  se serait abstenu de juger et de condamner sans preuves, car c’est bien à ce niveau que le problème est posé. La faute, si faute il y a, serait celle  d’un juge inexpérimenté. Or, Goldstone est un magistrat chevronné. Et que savait-il qui l’autorisait à prononcer un jugement aussi lourd que grave ? 

Le magistrat affirme qu’il sait aujourd’hui ce qu’il ignorait au moment où il s’est prononcé !!! C’est une plaisanterie ! Un magistrat de talent, désigné par l’ONU pour apprécier les agissements militaires d’un pays démocratique, reconnaîtrait ainsi qu’il a manqué au devoir de prudence, qualité élémentaire  et première de tout magistrat ! 

France 2.fr 3/4/2011 commente. Le juge « explique que des attaques israéliennes contre des civils avaient été classées comme intentionnelles parce qu’aucune autre conclusion n’était possible à l’époque, mais que de nouveaux éléments avaient montré depuis qu’il n’y avait pas eu de politique visant à cibler les civils « de  manière intentionnelle ». 

Sur quelles bases se fondaient donc les conclusions établies à l’époque ? 

L’erreur implicitement  reconnue ne porterait donc pas sur des éléments qui auraient induit goldstone en erreur mais, sur l’absence de reconnaissance désormais établie, qu’Israël, durant l’opération « plomb durci » n’a pas « intentionnellement visé de civils. » C’était là l’accusation essentielle sur laquelle il devait se prononcer. Goldstone soutient qu’au moment de l’enquête, il n’aurait pas eu accès aux preuves innocentant Israël de « crimes de guerre. » Israël aurait donc volontairement dissimulé des preuves qui pouvaient l’innocenter, car  si l’affirmation est vraie, il est difficile  de soutenir qu’Israël n’avait pas ces preuves. 

Difficile de supposer que le juge a subi des pressions. En effet, ces pressions profitant à Israël, et si pression il y a, c’est en amont qu’elles se seraient manifestées, avant que Goldstone ne condamne Israël ! Etait-il important qu’Israël soit condamné, pour que, dans tel domaine particulier, des conséquences soient tirées, quitte à publier plus tard un démenti ?  Il faudrait, pour cela, établir une liste des principales conséquences effectivement liées à la reconnaissance de crimes de guerre imputables par Goldstone à Israël et, désormais démenties. On voit mal l’intérêt pour Israël d’être reconnu responsable de « crimes de guerre » 

Le juge Goldston ne faisant pas état de faux documents qui l’auraient conduit à reconnaître l’intentionnalité de TSAHAL d’atteindre des objectifs civils, mais indiquant seulement que sa décision est la conséquence de l’absence d’éléments désormais en sa possession,  semble confirmer une conclusion difficile à admettre : ISRAËL A ETE CONDAMNE SANS PREUVES ! Et si preuves il y a eu, elles étaient donc infondées ? 

Une telle attitude  n’autorise pas d’emblée (sans pour autant l’exclure) à interpréter la volte face de Goldstone comme la volonté d’une conscience soucieuse de  régularisation.

Marqueurs:crimes de guerre, Erreur judiciaire, ONU