Se pose, pour certains, la question de la résidence de la France en 1940 : Londres ou Vichy ? Se trouve transposée, avec une singulière similitude, sur le plan éthique et comparatif, l’interrogation du lieu de résidence de la Loi de Moïse de l’an 33 à 1948 : Chez les Juifs qui en firent une règle de vie où chez ceux qui tentèrent de l’intégrer au Panthéon des conquêtes romaines, parce qu’elle était devenue « aveugle » et portait un bandeau sur les yeux ?
Ne pas mélanger les hommes et les concepts, soit ! Mais lorsque les « concepts » découvrent des réalités racistes, discriminatoires, que certains hommes reconnaissent et acceptent librement pour vérités, les ressorts de l’analyse obligent à recourir à la compréhension de ces concepts afin de savoir si juger ces hommes doit s’accompagner de mansuétude ou se cambrer dans l’armure du droit et de la rigueur.
« L’Etat Français » par exemple ! Il y a le Français qui subit et que, le courage, s’il en a, conduira à s’opposer, je ne dis pas Résister, car ce mot implique une organisation. Et, résister, est, d’abord un état d’esprit. Il y a aussi, le Français qui sait ce que « Révolution nationale » veut dire et, c’est au nom de ce savoir, qu’il est favorable. De Rebatet à Brasillach, de Drieu à Vallat, il y a consensus sur la définition du mal absolu : le Juif !
La République n’implique pas l’arbitraire comme valeur défendable. « L’Etat Français » oui ! Qu’il y ait dans les rangs républicains, des hommes qui, par faiblesse, trahissent la République, n’engage pas le système, mais les individus. Idem pour Vichy. Que des collabos aient sauvé des Juifs, reste l’honneur de ces hommes exclusivement !
« L’homme est d’abord ce qu’il fait. » André Malraux.
Je crois essentiel de faire le distinguo entre la libre adhésion à un système infâmant et la soumission passive à ce même système. Certes, les concepts ne comparaissent pas devant les tribunaux, et certaines idéologies laissant une place à la liberté ne sont pas, pour autant, immunisées contre la présence dans leurs rangs d’ennemis de la liberté. « L’Etat Français » a été la référence de l’antisémitisme qu’il a érigé en forme de gouvernement. A ce titre, il est condamnable, quels qu’aient pu être les changements (et leurs motifs) de ceux qui s’en écartèrent. (François Mitterand !) Tout comme la République, condamnant, par vocation, le racisme, ne saurait être impliquée dans la trahison de certains des siens !
Mais, prenons ces « approches » et transposons-les sur une tout autre réalité. Le Judaïsme ! Sans prétention, je crois, qu’en la matière, c’est ce qui se fait de mieux, quant à la centralité de l’homme au sein d’un système posant la Révélation comme ultime référence. J’ai posé la question : « En 1940, la France était elle à Londres ou à Vichy ? » On pourrait, il me semble, se demander où était la Thora de 30 après JC à 1948 ? Car, tout comme la France occupée avait perdu sa liberté, les Juifs avaient été chassés de Judée. La comparaison est intéressante. Elle permet de savoir comment font les hommes pour préserver l’essentiel quand la liberté leur a été ravie.
Dans le ghetto, dans le Mellah ou à Rome ? Chez ceux qui la considéraient toujours comme loi divine ou parmi ceux dont elle restait, finalement et, en dépit de la subtilité de raisonnements théologiques, objet de conquête !
La légitimité de la comparaison me paraît, en effet, fondée par une similitude troublante. Tout comme la France était l’objet de deux volontés d’appropriation, il en est, de même, pour « la loi des Juifs ». On est bien obligé, pour tenter une réponse, de consulter les doctrines, les concepts afin de déterminer les coefficients de rapprochement et d’éloignement. Que découvre t-on ?
Le peuple Juif qui considère que la Loi de Moïse est restée la Loi d’Israël, sans pour autant empêcher la liberté de certains de les conduire à l’apostasie ! Ces apostats ont-ils entraîné Israël à l’hérésie ? La Thora reste la référence permettant de définir l’engagement et la responsabilité de chacun. On découvre aussi la réalité chrétienne, seule référence permettant de mesurer l’éloignement (ou le rapprochement) au regard de la Loi de Moïse.
Si, globalement parlant, le christianisme est schismatique au regard de la Thora, tout comme (pardonnez la comparaison !) deviendra dissidente à la République toute approche politique qui rejettera la filiation avec 1789, aucun obstacle n’empêchera, pour autant, des actions individuelles se rapprochant, s’identifiant même avec l’idéal mosaïque ! Est-ce pour autant, que le Christianisme n’est plus schismatique ? La République cesse t-elle d’exister à la naissance de Pierre Laval ?
J’ignore donc où la Thora se trouvait, mais je sais où elle n’était pas. A Rome !
Quant à la France de l’ombre, elle n’était pas au grand hôtel du Parc. Cette France, celle de l’évêque Cauchon était partout où il y avait trahison. Toutes les alliances étaient bonnes si elles luttaient contre les communistes et les Juifs. Alors que l’autre, celle du Plateau des Glières, renouvelait dans les hurlements des torturés, la lutte avec l’ange de la mort, inaugurée au cours d’une nuit éternellement républicaine, celle du 4 Août 1789 !
Bonjour Arnold et… et toute ma gratitude pour cette magnifique réponse (c’est ma façon de voir) à mon « intervention » sur votre précédente question. Elle prend un aspect tout particulier en ce jour très particulier.
Elle me va droit au coeur et, pardonnez-moi, aux tripes. MERCI.
Gmar hatima tova – pour vous, je n’en doute pas un instant.
Aviva