Arnold Lagémi

D’abord, parce que c’est une page de notre histoire et s’abstenir d’en évoquer le souvenir, c’est déjà l’avoir oubliée. Aussi,  parce que c’est le témoignage,  la lettre sanglante et tragique écrite par   une civilisation, avant de reproduire, pour elle seule, cette fois, le drame de Massada, imposé par l’effondrement rédhibitoire de ce par quoi elle s’était imposée au monde.

Mais surtout,  parce qu’une fraction non négligeable de non-Juifs (et de Juifs aussi !) ne supporte plus, devient allergique  à toute référence à la Shoah, comme si cet  abominable crime les impliquait directement, ou plus tôt, comme s’il relevait d’une vérité profonde, incontournable, et irrémissible à la conclusion de laquelle, tout homme et toute femme de conscience y verrait l’annulation, à portée rétro active, de toute prétention Occidentale au progrès.

Cela  reviendrait à considérer que le crime abominable commis par tout ou partie d’un peuple, et « approuvé » par le silence des autres nations et de leurs chefs,  relève d’une    mise en accusation permanente de l’Occident.

La  Shoah, ès qualité d’expression d’une culture, ne pouvant  prétendre, quand bien même, par  subtilité,  que les conclusions biologiques découvertes par Pasteur au sujet de la « génération spontanée, ne la concernent pas et que,  l’horreur qui couvrit l’Europe 1938 à 1945,  n’engage, pas plus les générations qui la précédent que celles qui la suivent. Les ténèbres n’ont pas atteint l’Europe, par un processus de natalité n’ayant aucun lien avec le passé « reproducteur ». Bien au contraire, c’est ce passé qui explique l’évènement présent et pourrait susciter de nouveau son retour, si nous  cessions d’évoquer la Shoah !

Cette règle d’implication des causes pouvait choisir le  véhicule de la réprobation en s’abstenant de  justifier  par son silence,  l’ensemble des procédés réactifs et consécutifs,  par lesquels cette civilisation,   en accompagnant l’Etat d’Israël,   aurait pris  ses distances avec les motifs, prétextes et alibis ayant permis la naissance d’Auschwitz. « Condamner le « caractère Juif de l’Etat d’Israël » confirme le choix du refus d’accompagner l’Etat Juif.

Bien au contraire, l’Europe qui accoucha du monstre exterminateur, concevra, avec le diable, toujours prêt à forniquer,  si la résultante en est la naissance d’une force  qui combattra Israël, d’une fée malfaisante qui  approuvera  une  politique  condamnant à mort les survivants, non par un soutien à ses détracteurs avérés, mais par une approbation à l’antisionisme qui, visant les mêmes objectifs que l’antisémitisme, reste l’expression confirmée du désir d’anéantissement d’Israël.

La quasi unanimité des décisions prises à Manhattan confirme une volonté qui,  allant à l’encontre  des intérêts d’Israël, contredit les souhaits émis lors de l’édification de cet Etat.

De manière ignominieuse,  on s’en prend de façon inexacte et abusive à Pie XII, alors que le monde de Roosevelt, Churchill et de Gaulle sachant  par la connaissance du processus exterminatoire, que l’anéantissement d’Israël était en marche, était prêt à l’accepter sans réagir.

Au nom de quoi et, dans l’intérêt de qui, cette horreur ne pourrait-elle revivre ?

Ce processus est l’une des raisons pour lesquelles, nous ne cesserons jamais de « parler de la Shoah ! »