Arnold Lagémi

Théodore MOMMSEN (1817-1903)   Historien allemand, spécialiste de la Rome antique

« J’ai toujours protesté et je proteste encore contre cette monstrueuse ignominie qui s’appelle l’antisémitisme…

On ne peut émettre sur cette question que des raisons de simple logique ou de morale. Mais les antisémites ne les écouteraient pas. Ils n’entendent que leur haine, leur envie et leurs instincts les plus bas. Tout le reste leur est indifférent. Ils sont sourds à la voix de la raison et du droit.

La populace des rues ou celle des salons, c’est tout un. La canaille reste la canaille et l’antisémitisme est l’opinion de la canaille.

C’est comme une terrible épidémie, comme le choléra, on ne peut ni l’extirper ni la guérir. Il faut attendre patiemment que le poison perde de sa force et se détruise lui-même …

On ne peut réfuter l’antisémitisme, pas plus qu’on ne réfute une maladie. Il faut attendre patiemment que le fond encore sain de la population se soulève contre les parties gangrenées. Peut-être y a-t-il moyen d’accélérer la guérison en relevant le moral. C’est à mon sens, la seule chose possible. »  FIN DE CITATION.

Voilà une approche sans concession de l’antisémitisme, assimilé à la canaille ou à une maladie, « comme le choléra » qu’on ne peut « ni extirper, ni guérir et dont il faut attendre patiemment que le poison perde de sa force et se détruise lui-même.

Mais où sont-ils donc les disciples de ces grands maîtres du XIXèm siècle, dont on aurait tant besoin, en ces temps de rétention du courage, où s’il ne fait pas bon être Juif, il ne fait pas meilleur d’en être l’ami !

Cité dans « Les Juifs et nos contemporains » par François Bournand P 270. Paris-A.Pierret, 1899.