Arnold Lagémi

 Dans le débat politique/religion, tel que conçu en Occident, la Thora est assimilée, tout comme les autres « spiritualités » à une force réactionnaire, rétrograde,  dont la sympathie se situerait  plutôt, vers un centre droit, libéral et progressiste.

D’une manière générale, le Judaïsme de l’exil, tout comme, il s’est, progressivement, éloigné de l’authenticité, conséquence inévitable   du détournement de la terre d’Israël,  a adopté, en matière d’engagement politique, un comportement « assimilationniste » en se rangeant aux côtés de courants politiques, censées soutenir les forces conservatrices dont il est, par la fatalité de l’exil,  la manifestation.

Ce Judaïsme de l’exil importé vers la réalité israélienne, a faussé de manière quasi irréversible, la nature et la réalité du débat politique en laissant évoluer une approche nuisible, laissant croire que le Judaïsme soutenait les luttes de droite, d’abord, parce que seuls les fondements de la droite incluaient la D.ivinité comme donnée irréductible ou potentiellement compatible.

Cette vision issue d’un Judaïsme exilique empoisonne toujours le débat politique, éloigne des idéaux bibliques et talmudiques et accentue le dualisme simpliste et erroné : religieux à droite, voire à l’extrême, non religieux, à gauche, voire, radicalement. Le sionisme, vécu désormais comme composante historique de la réalité israélienne n’autorise plus cette approche quasi primitive de la pensée politique.

D’abord, parce que, s’il fallait tenter de définir, sous cet angle,  l’apport d’Israël à la pensée politique, nous devrions affirmer que la tradition biblique est d’abord une rébellion permanente contre l’arbitraire : affirmer le droit dans un univers qui le rejette, c’est l’annonce d’un système qui fonde la Révolution comme donnée permanente. Oser revendiquer le repos hebdomadaire, c’est se rapprocher bien plus des courants progressistes que faire croire que la Thora encouragerait les courants conservateurs.

La droite et la gauche aujourd’hui, restent des approches nostalgiques de la pensée politique, des ombres faméliques et indigentes qui ne signifient plus grand-chose, tant elles se sont fourvoyées. Quand l’on prétend unir des ambitions aussi nobles que le primat de la Nation intégré dans une société prétendument sociale et que le résultat revêt le masque hideux du national-socialisme, on perçoit que l’idéal politique de la Thora n’est pas plus à gauche qu’il ne pourrait être à droite, parce que ces deux courants n’ont plus rien de commun avec le rêve politique du prophétisme.  

Droite et gauche, aujourd’hui ne portent plus d’idéal. Ces deux courants deviennent objets d’études archéologiques et n’existent que par ce qu’ils ont été. Et lorsqu’on assiste au combat que se livrent ces deux vestiges d’une gloire condamnée à ressasser le passé avec l’accent d’un présent assurément dépassé, on ne peut s’empêcher d’en conclure que mêler la Loi de Moïse à la droite ou à la gauche relève du sacrilège !

Droite et gauche, frères jumeaux d’un arbitraire commun, n’ont aucun sens au regard de la Thora, si ce n’est porter témoignage que l’idéal politique d’Israël, n’est pas plus chez l’un qu’il ne pourrait être chez l’autre.

Marqueurs:Judaïsme, Politique, sionisme