Si nous commencions par visiter les hauteurs, les sommets de la pensée juive, nous serions surpris par cette surprenante volonté de ne pas perdre la moindre étincelle d’appréciation, quand bien même opposée à la volonté collective, voire à D.ieu lui-même. Nous savons que des deux grandes écoles inspiratrices de la Loi hébraïque, celle de Hillel et celle de Shammaï, les rabbins ont tranché pour Hillel en précisant, toutefois que Shammaï sera suivi en d’autres temps ! Il y a la condamnation romaine qui efface tout de la position de l’autre, et celle d’Israël, bien plus nuancée, qui estime qu’un éclairage inadéquat n’enlève rien à la réalité de ce qu’on distingue. Et cette réalité est parente du vrai !
Et si nous descendons dans le monde quotidien, vie politique et débats contradictoires ne peuvent manquer de nous interpeler. Nous sommes confrontés aux sentiments exacerbés, aux tensions, et découvrons le monde de l’intolérance. Tout devient raison majeure à condamner. Tolérer (latin tolerare, supporter) n’est plus conçu comme une vertu (virtus, la force) mais comme l’aveu d’une faiblesse. Et pourtant ! Or, l’histoire d’Israël est aussi cet épisode de l’histoire des hommes où, il est proclamé que le non Juif n’a pas obligation d’observer les mitsvots pour participer au salut.
Il faut apprendre, aujourd’hui plus que jamais, à faire une halte sur cette proclamation et en tirer le maximum de conséquences. Aucune Révélation, me semble-t-il n’a témoigné tant de grandeur et d’ouverture à l’autre, en soutenant la thèse du sauvetage possible sans son concours actif. Pour être simple : toutes les religions soutiennent que le salut n’est possible que par elles. Sauf la Loi reçue au Sinaï qui semble ignorer cette pratique que le célèbre philosophe Jean Grenier, maître d’Albert Camus appelait l’esprit d’orthodoxie. Cette dérogation essentielle à l’intransigeance habituellement en cours dans tous les systèmes dits révélés, force la réflexion à se surpasser, envisager des chemins difficiles, parsemés de trappes, considérés par beaucoup comme des embûches et des pièges.
La Loi définit les critères du bien et du juste. Par conséquent, elle est universelle. Et bien non ! La définition des assises de la Loi, reconnaît, pour les non Juifs, d’autres itinéraires, bien plus simples dans la pratique, et tout aussi efficaces dans les bénéfices à en tirer ! Voilà toute la grandeur d’Israël ! Voilà toute la tolérance du Peuple Elu ! Reconnaître que « tous les chemins mènent à Rome » est une atteinte à la dignité humaine parce que ne pas accepter, tolérer, c’est-à-dire supporter que d’autres chemins sont tout aussi porteurs que l’observance de la loi mosaïque, c’est manifester cette intolérance étrangère à la conscience juive.
Aussi, quand on assiste au déchirement de l’unité d’Israël par le biais de problèmes graves certes, mais dont l’issue ne serait, aux yeux de certains que l’adoption d’un seul point de vue qui n’accorderait à l’autre aucun crédit, pas même celui d’exprimer son désaccord, on avance lentement mais sûrement vers un objectif aussi éloigné de la Loi du Sinaï que pourrait l’être cette dernière d’une prétention à imposer, hic et nunc, au monde la pratique des 613 mitsvots.
L’opposition nappée d’intolérance qui empoisonne aujourd’hui la vie publique en Israël, quant à la restitution dangereuse de parcelles du territoire national devrait être perçue et vécue au travers de cette capacité à supporter le point de vue de l’autre et non à le rejeter. Car, supporter, tout en ne concédant rien, maintient la relation, le dialogue, poursuit les chemins de vie. Alors que l’intolérance, facilitant la condamnation verrouille toutes les issues, confine à l’isolement et prépare à tous les drames.
Très dur d’etre tolérant..lorsqu’il s’agit d’Israel.. on ne peut pas faire comme si… et comme vous le dites « Car, supporter, tout en ne concédant rien,maintient la relation, le dialogue, poursuit les chemins de vie. Alors que l’intolérance…..prépare à tous les drames…
La tolérance est une vertu tout court. Mais qui peut aujourd’hui à travers le monde se targuer d’etre tolérant??
Bon…encore un sujet de réflexions..Un café va m’aider,
Arnold, trouvez nous un sujet drolatique…histoire de faire se reposer mes neurones…
La tolérance…vaste sujet… suis-je tolérante? MOINS AUJOURD HUI QU’HIER. mais cela s’appele–il de la tolérance??? Ou bien tout simplement de la lucidité????
Chalom Arnold!!
Bonjour Arnold,
Bravo pour cet article, pour tant de perspicacite dans votre jugement. En effet, c’est la tolerance qui a fait que le peuple juif a survecu a tous les autres peuples… c’est grace a cette habilete particuliere de faire partie, sans reellement faire partie d’une communaute, que les juifs ont reussi a se perpetuer….
Le judaisme en soi, a l’etat pur, ne force pas, il nous demande, il nous suggere, il place devant nous le choix… tous ceux qui ont accepte la religion sans jamais reellement la penetrer, ne comprendront jamais les tresors qu’elle recele. « Je te donne la recette pour le bonheur, pour le bon chemin…je te donne le choix entre la vie et la mort… choisi la vie que tu voudrais vivre, toi et tes enfants… » ce morceau se trouve actuellement dans mon livre The Stairway to Heaven…livre du Pentateuque 30:19… C’est dans la tolerance de l’Eternel que nous puisons la notre, c’est dans son exemple que nous sommes capables de nous reconnaitre.
Bonne journee cher ami,
Therese.
Bonjour Arnold , bonjour Elyane et Thérèse ,
Pour pimenter le sujet et éviter ce qui pourrait aboutir à un certain et néfaste errement intellectuel , avant de postuler la tolérance il est ,à mon humble avis , primordial de définir l’intolérable et cela l’est parfaitement dans la Thora , et je dirais même que l’énorme cadeau donné par D… au Peuple élu par Lui afin d’éclairer toute l’Humanité c’est la faculté de définir .
Ces quatre mots sont l’essence même de la Civilisation Hébraïque ( pour être fidèles à l’expression choisie par Arnold concernant ce qui est plus communément appelé » le Judaïsme »)cette faculté est ce qui sauve l’Homme du terrible doute . Nous sommes donc contraints par impératif Divin , à ne pas tolérer l’intolérable ,qui lui , est parfaitement défini ! et pour citer une perle de sagesse dispensée par le Créateur aux peuples de la Terre , je citerai une admirable expression d’André Malraux : » Mal nommer les choses ajoute aux malheurs du Monde .
Pour Elyane,
Par exemple, car je crois qu’il faut illustrer « le théorique » par son expression active. Vous et moi sommes en divergence tranchée sur le rôle tenu par Pie XII durant la shoah. Pour vous, ce grand pape est coupable de non assistance. Pour moi et d’autres, c’est un héros!
Cela nous empêche t-il, chez Pat, de lancer LE HAÏM à la face du monde, vous en buvant votre café et moi, mon Pastis.
C’est cela, la tolérance! D’ailleurs, je n’y ai pas encore croisé « l’abbé » , Ephraïm, Thérèse, Yossi, Aviva, enfin tous nos amis. Je crois savoir à quoi, ils ne résisteront pas: UN COUSCOUS ROYAL!!!!!! L’abbé jettera le premier grain!!!!J’en suis sûr!
Amitiés Chère Elyanne
Cher Arnold,
Oui, nous ne sommes pas d’accord sur le role joué par Pie 12..oui pour moi, il aurait pu faire PLUS. Pour vous c’est un héros…mais la liberté d’expression est aussi une forme de tolérance, je respecte..vos idées sur ce pape, vous avez su comprendre les miennes, depuis nous avons appris à nous connnaitre, à nous apprécier, et ce n’est pas un pape qui nous empechera de communiquer. J’ai apprécié chez vous, vos explications, votre intelligence et votre patience à l’égard d’une anti papiste 12.et pourtant…..on en redébattra surement…sans haine, ni colère.
Vous avez le droit de trouver ce pape digne…et j’ai le droit d’avoir dans mon coeur des raisons de le détester.Et oui, je continuerai à lancer LE HAIM a la face du monde,ici et ailleurs, parceque je ne suis pas bornée, j’essaie juste de comprendre pourquoi ce pape vous inspire autant de compassion…Mais vous avez raison, faut débattre…et non se battre.J’ai appris à mieux vous connaitre à travers PV ET ICI, alors, quoique vous pensiez de pie 12, cela n’entamera jamais l’amitié que j’ai pour vous, jamais je ne renoncerai à dialoguer, parceque sinon,cela voudrait dire que je suis totalement nulle.Vous nous éclairez beaucoup avec vos débats,
et c’est tout ce qui compte, ne jamais éteindre la flamme .Vous auriez été un non juif, (concernant pie 12) je me serais cachée derrière un antisémitisme classique, en me disant, bof, c’est normal il défend son pape…mais avec vous…pas d’ambiguité. Donc cher Arnold, si je me comprend bien….je suis tolérante…quand ça m’arrange… (instinct tribal…sans doute…) ALORS LE HAIM A TOUS ICI. NOUS SOMMES TOUS « LUMINEUX »!!!!!
Merci de votre amitié,
ET UN GRAND CHALOM
Elyane
POUR EPHRAÏM
D’abord croyez au plaisir de vous retrouver et à la nostalgie du temps où nous nous écrivions des « choses » dures » avant de savoir et pouvoir « définir » ce qui nous rapprocha. Oui, nostalgie, car, pour ma part, je savais, je sentais que je devais mériter votre amitié bien plus que conquérir votre assentiment. Et je garde de cette période de lutte, l’incertitude qui donne tant de prix à certains de nos combats.
Oui, Ephraïm, vous êtes encore dans le vrai en déclarant que la priorité, c’est savoir, d’abord, définir l’intolérable, c’est à dire, déterminer la frontière au delà de laquelle nous serions perdus. Cette aptitude à savoir définir l’intolérable que Manitou définissait par « être capable de moralité » est, assurément une priorité qui ne vous a pas échappé.
Vous n’avez pas visité mon Blog en solitaire. La Beraha vous y a accompagné. Maintenant, je dois être à la hauteur!!!
Respectueusement et très amicalement.
Pour Arnold
J’ai eu le grand plaisir de lire votre réponse à ma réaction faite à votre article et de par cette dernière , me retrouver en face de cette noble amitié qui nous unit et qui certainement continuera à s’exprimer dans des échanges futurs .
POUR THERESE
Comme il vous va bien de parler de tolérance vous qui me l’avez, plus d’une fois, démontré en publiant certains écrits dont vous n’approuviez pas la teneur mais que vous rendiez publics en vous y associant indirectement, au nom d’une « certaine idée » de la liberté. »
Merci encore, Chère Thérèse!