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Un mal singulier  et néanmoins familier frappe aujourd’hui l’Europe avec l’accent pathétique de la proximité du malheur immédiat : l’angoisse de la disqualification ! Du moyen âge aux temps, dits modernes, c’est de la Renaissance historique d’Israël que lui venait l’effroi. Et puis, le souvenir des luttes médiévales est parvenu à apaiser sa  frayeur : frapper, cogner sur l’âme d’Israël, il en restera toujours un ferment porteur d’espoir. La mutation de l’antisémitisme en ressentiment anti-sioniste est venue apaiser ses appréhensions : le danger ne viendra pas des Juifs. Du moins, pas, pour l’instant !

Curieux renversement du destin des peuples. Aujourd’hui, l’Europe est atteinte du mal qu’elle dénonçait chez les autres : elle n’est plus à ses propres yeux la civilisation  invincible que des générations de philosophes de rencontre, l’avaient persuadée qu’elle resterait pour l’éternité. Elle découvre que, tout comme les hommes, les civilisations sont mortelles. Quant à celles qui durent, c’est que leurs propositions restent valides par l’originalité d’une remise en question permanente.  Et, dans un réflexe d’auto-défense, loin d’établir un bilan, qui risquerait de faire apparaître un solde créditeur indigent à l’avantage d’un passif rédhibitoire, l’Europe adopte, l’attitude des monarchies en fin de règne, et des civilisations moribondes : Elle dénonce le danger… extérieur !

L’Europe est alarmée, la France est apeurée. Après les Juifs, il y eut le communisme ou le bolchévisme,  grand consommateur  de  liberté . Puis Le drapeau rouge a rejoint le musée des vieilleries.  Et depuis quelques années ressurgit avec une acuité d’une exceptionnelle force de conviction,  une des paniques qui, depuis l’an mille tétanise l’Europe : l’effroi des grandes invasions qui s’accompagne, cette fois,   d’un mal plus redoutable encore et qu’on ne discerne qu’une fois, le désastre consommé : la déliquescence de son âme qui entraîne son  agonie et risque de précipiter sa chute.

Et dans la panoplie des dangers possibles, n’est repéré,  que le risque  venu d’Orient,  comme s’il n’y avait pas   de religions sans dieux, tout aussi dévastatrices que celle qui,  en occident, illumina les incandescences maudites des bûchers et autodafés. Qu’était le Reich ? Je l’ai dit et je le répète : ces ennemis de toujours sont silencieux par tactique mais stratégiquement présents !

 Ce qui va suivre me vaudra des critiques   mais ce qui doit être dit le sera : L’essentiel de mon propos vise à dénoncer celui qui abandonne sa place et se plaint de la voir occupée. En d’autres termes, c’est l’Europe, sa culture, ses enseignants, ses penseurs qui sont responsables d’avoir fait un usage immodéré de la liberté et d’avoir ainsi sapé les propres bases sur lesquelles leur civilisation s’est assise. Si l’Europe est méprisée, c’est qu’elle est devenue méprisable. De la même façon qu’elle serait respectée si elle était respectable.  Et si d’autres prennent sa place c’est qu’elle a négligé ce vieux principe romain : « Si tu veux la paix, prépare la guerre !  »

 

 Cette Europe a délaissé ses enfants en leur offrant des reliquats de culture en lieu et place de ses  lumières qui aveuglèrent le monde. Ne croyant plus en elle-même, elle s’offre, de facto,  au premier venu.  N’étant plus en mesure d’assurer défense et sauvegarde, elle devient objet de convoitise pour le conquérant intérieur et extérieur. Mais vraiment de quoi s’étonne-t-on ?

Depuis les années soixante ses penseurs n’ont cessé d’en critiquer les fondements et de mettre en doute ses vertus. Le civisme est devenu ringard, l’hymne national est sifflé en présence du Chef de l’Etat, garant de la sauvegarde patrimoniale, etc…autant de symboles qui invitent ceux dont les convictions s’inspirent du prosélytisme  à en  profiter légitimement. Les missionnaires Chrétiens ont-ils agi différemment au XIXème et XXème siècles envers les peuples colonisés ? Si l’Europe était forte, nous n’en serions pas à établir ce constat de carence.

 C’est parce qu’elle ne croit plus en sa mission universelle, que ses mœurs sont dépravées, que sa foi est mascarade, qu’elle cesse de lutter pour sa vie parce qu’elle en est réduite à assurer sa survie. Nous assistons à la mort d’un Empire, à une mutation, « parce que gouverner c’est prévoir, et ça, l’Europe n’a pas su ! »

 Rome fut envahie quand elle donna des signes de faiblesse et d’impuissance. Le mal est le fruit d’une infection interne. Le danger extérieur, ou intérieur, en est la conséquence, pas la cause ! Et si,  certains de ses fils et filles initient la radicale mutation, n’est-ce pas, au nom des principes de liberté que la France enseigna au monde ? Cette liberté, n’est pas en France une vérité virtuelle. C’est un principe effectif. Les Français font de cette liberté l’usage qui leur paraît le plus approprié. S’ils ont décidé d’accepter  pour, partie d’entre eux, de se convertir à une autre foi, c’est leur droit. Toute tentative d’empêcher le libre usage de cette liberté serait une atteinte grave aux valeurs républicaines.

 Fidèle à ses haines séculaires, l’Europe a perduré dans la haine d’Israël, et n’a su voir que le danger n’était pas du côté de ceux qui avaient pour vocation de la protéger. Elle a préféré faire croire que « c’était la synagogue qui avait les yeux bandés »

Si l’Europe bénéficie d’un sursis, d’un salut, celui-ci ne pourra venir que d’Israël, précisément grâce au caractère Juif de l’Etat d’Israël !

10 Réponses à “C’EST D’ELLE MÊME QUE L’EUROPE DEVRAIT AVOIR PEUR !”

  1. abbé arbez dit :

    votre réflexion sonne juste, mais il faut aussi éveiller l’esprit des juifs qui croient encore que le plus grand danger envers eux vient des chrétiens alors qu’il vient des musulmans, dont l’antijudaïsme est consubstantiel à la doctrine islamique, ce qui est – vous le reconnaîtrez sûrement – assez différent dans la pensée originelle des chrétiens issue d’un même tronc commun hébraïque.
    Le plus fort antisémitisme/antisionisme aujourd’hui s’exprime dans les manifs menées par des athées d’extrême gauche, des verts et du PS, tous sympathisants et alliés des islamistes, mais pas chez les pratiquants de la messe du dimanche!

  2. Ephraïm dit :

    Bonjour Arnold ,
    Cet article DEVRAIT être publié dans un journal français , cela vaut la peine d’essayer son introduction vers celui qui oserait le publier ( peut-être Yvan Rioufol dans son blog ?) ou du moins le publier sur le Net dans Aroutz 7 en français .
    ‘Hodèche Tov , très amicalement , Ephraïm .

    • Pour Ephraïm,

      D’abord, bonjour Cher Ephraïm et Chavoua tov.
      J’espère que ce message vous trouvera en bonne santé et en excellente forme.
      Je prends bonne notre de votre conseil et ferai parvenir ce billet aux adresses que vous m’avez communiquées.
      Je vous souhaite force, volonté et courage dans les temps difficiles que nous traversons et vous confirme fidélité et amitié
      Arnold Lagémi

  3. Ephraïm dit :

    Bonjour Monsieur l’abbé ,
    Si seulement votre affirmation révèlerait une réalité existant dans l’esprit de tous ceux qui vont à la messe le dimanche et je l’espère , dans l’esprit de vos ouailles , nous en serions satisfaits mais malheureusement vos sentiments semblent ne pas être partagés par la majorité des prélats appartenant aux églises orientales : le fait que le seul pays au Moyen-Orient et en Orient où non seulement les catholiques mais toutes les autres factions chrétiennes jouissent de leur liberté de culte et de protection totales est Israël , ne change en rien leur discours anti-juif et anti-israélien dont les composantes abominables et mensongères nous rappellent les moments les plus sombres de la chrétienté que nous aurions voulu voir relègués dans l’histoire médiévale à tout jamais. Amicalement , Ephraïm .

  4. Arnold Lagémi dit :

    Pour Mr l’Abbé ARBEZ

    Monsieur l’abbé, Cher Ami,

    J’aimerais partager votre optimisme à propos des Chrétiens et pouvoir soutenir la teneur de votre appréciation concernant le « même tronc hébraïque » que nous aurions « en commun. Malheureusement la réalité est autre et le premier crime de l’histoire fut l’œuvre de Caïn contre Abel, pourtant frères…
    Je sais votre attachement à Nostra Aetate qui, dans les faits, malheureusement, n’a rien changé, outre la levée de l’accusation de déicide à l’égard du peuple juif. Le récent synode des évêques d’Orient a adopté une position honteuse vis-à-vis d’Israël et des Juifs, et, mise à part votre courageuse intervention, la chape de plomb vaticane est toujours bien étanche…
    Levée des sanctions des évêques négationnistes, le pardon demandé à D.ieu pour les crimes commis envers les juifs jamais suivi d’une volonté réelle de réparation, etc….Et, à mon modeste niveau, j’ai pu constater qu’à Strasbourg, tant « la cloche aux Juifs » que l’ « infâme statuaire » ne méritaient pas même un mot…Sauf, votre seule intervention que, profitant de l’occasion, je salue encore une fois.
    Je ne vois pas de différence essentielle dans les attitudes, sauf chez Pie XII dont l’objectif fut plus humain que théologique et dont le souvenir devrait être plus consistant dans les consciences juives.
    Dans les discours, et il y en a eu des mots touchants, mais, c’est impressionnant de voir la vitesse avec laquelle les belles paroles ont pris la fuite. Et les Juifs, vos frères aînés, sont toujours en attente de justice. « Tsédek, tsédek tirdoff » Tous les chemins mènent, peut être à Rome, mais à Rome aussi il y a des impasses et je crains que l’Eglise n’ait obligé Vérité et Justice à y stationner pour une durée indéterminée.
    Avec ma sincère et respectueuses amitié.

  5. abbé arbez dit :

    cher ami,
    votre ténacité combative à exiger un engagement plus fort de l’Eglise catholique vous honore et j’en partage l’essentiel, d’autant que de l’intérieur j’en connais les insuffisances contre lesquelles je me bats, vous le savez. Je sui toujours prêt en ce qui concerne la claoche de Strasbourg, mais je suis continuellement en butte à toutes sortes de cloches. C’est vrai, l’Eglise doit repréciser (davantage que Nostra Aetate – qui a déjà déblayé le terrain) une théologie plus impliquante du judaïsme et une anthropologie biblique plus affirmée. On y travaille, mais j’ai espoir que cela se réalisera bientôt. En attendant, nous avons un adversaire redoutable commun qui dit à ses adeptes: »Ne prenez pas pour amis les juifs et les chrétiens… »

  6. abbé arbez dit :

    à Ephraïm,
    vous avez raison, les voix qui se sont fait entendre – en manipulant le système – lors du synode du proche-orient reflètent les mentalités antijudaïques persisatnt dans toute cette région. Je m’élève personnellement – avec d’autres – contre cet état de fait, ne serait-ce qu’au nom de la nouvelle position conciliaire Vatican II (un concile est déterminant, mais pas un synode!) dans les relations judéo-chrétiennes.
    Je vous ferais observer que ces problèmes de déconnection résident surtout en Orient, dans les zones d’influence du panarabisme – et les juifs sont peu nombreux dans ces pays arabes, tandis qu’en Occident – ex vieille chrétienté – les juifs sont toujours présents. Le vrai problème est celui de l’antisémitisme islamique, et celui des amalgames des milieux gaucho-athéistes voués à l’antisionisme.

  7. Ephraïm dit :

    A Monsieur l’abbé ,
    Je ne peux qu’être tout à fait d’accord avec vous sur la dernière phrase de votre réponse à ma réaction mettant le doigt sur le vrai problème. Bien cordialement .

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