Arnold Lagémi

 Sous la signature de Germain Latour, Avocat, Le Monde.fr du 23 courant  publie un texte «  Israël doit sortir de la légende pour passer au réel » où sont mises en avant « trois impostures »  d’Israël, appelées à durer tant que celui-ci  ne sortira pas de la légende pour rejoindre  les Nations.  Sont assénés pour définir cette légende des accusations réduites à des artifices,  l’auteur préférant l’imprécation à la démonstration.

 Mais, sans préalable, l’auteur ne reconnaît pas au Peuple Juif le droit d’avoir une histoire particulière, sans que celle-ci ne soit destinée à être confondue avec une allégorie. Si l’histoire échappe aux canons des définitions occidentales, elle relève du mythe. L’auteur ignore sans doute que  le peuple juif a donné la Bible au monde, pas l’Illiade et l’Odyssée ! Et si, il tient à faire suivre son nom de sa qualité d’avocat, c’est probablement pour rendre hommage à Hermès, Zeus ou Jupiter plutôt qu’à Moïse où Jérémie qui enseignèrent non des légendes, mais les Droits de l’homme !

Nous commencerons par la dénonciation de l’imposture historique que l’auteur lie à la résolution 181 du 29 Novembre 1947. L’imposture étant l’action de tromper par fausses apparences, cherchons ces tromperies et ces apparences La décision de l’ONU prévoyait deux Etats, l’un « Juif » l’autre « Arabe » Les Arabes refusèrent l’Etat qui leur était destiné. Les Juifs acceptèrent le territoire qui leur était accordé. Le refus des Arabes apparaîtra  au regard de l’auteur,  comme entachant l’Etat Juif d’une irrégularité rédhibitoire,  comme si la légitimité de l’un ou de l’autre dépendait de l’effectivité nationale de l’autre.

 Toujours pas d’imposture. Par contre, une conception très personnelle de la résolution 181 qui, seulement et exclusivement dans l’esprit de l’auteur  imposerait à l’une des parties le renoncement à ses droits si l’autre refusait d’appliquer le partage.   L’auteur écrira d’ailleurs : «  En aucun cas, la résolution de l‘ONU n’était une décision octroyant un droit à l’existence d’un Etat juif envers et contre tous. »

 L’Etat Juif est né d’une décision de l’ONU « envers et contre tous les avis négatifs arabes ; voilà la vérité !  Il est né d’une résolution de l’ONU qui n’indique pas que le refus juif ou Arabe d’accepter la terre accordée, empêcherait  l’autre de souscrire au projet. L’auteur semble faire dire à la résolution 181 ce qu’elle ne soutient pas, à savoir que « la carence de l’un oblige à la carence de l’autre. » L’imposture étant « l’action de tromper par de fausses apparences » on ne discerne pas sur quoi se fondrait l’imposture sioniste puisqu’ aucune « fausse apparence n’a trompé qui que ce soit. » L’arbitraire transparaît tout de même quand l’auteur évoque le « nettoyage de la terre neuve » par les pionniers, ignorant les colonnes de fuyards arabes terrorisés par la propagande arabe et qui fuyaient à l’approche des Juifs.

L’imposture nationale.

L’auteur donne un avant-goût de ce qu’il entend par légende, en écrivant : «  L’imposture nationale est tout entière contenue dans le fait que l’histoire nationale d’Israël occulte ces faits,(le refus arabe d’accepter le plan de partage) et a donc créé et alimenté la « légende » de l’agression« arabe » » Il y aurait donc imposture nationale parce que les Juifs ont accepté le partage et que les Arabes l’ont refusé !

 Effectivement, on est dans la légende, le mythe, bref, le mensonge surtout. Pour l’auteur, l’agression arabe est un mythe qui justifie l’occupation de la terre par les Juifs. Le Mufti de Jérusalem, ami de Hitler et créateur de divisions SS au sein de l’armée allemande serait donc aussi une légende !  Notre interlocuteur se fourvoye dans la fantaisie et nous ne le suivrons pas sur ce terrain indigne  de la falsification.

Enfin l’imposture politique que l’auteur explique par une culture d’apartheid. Quel pays n’a pas connu et ne connaît pas de vastes mouvements revendicatifs. Et  bien, le géniteur de tant d’inepties n’hésite pas à qualifier les récents mouvements sociaux en Israël, comme relevant de l’apartheid ! On l’aura remarqué, on a quitté le mensonge pour le …délire !

 Et toute cette argumentation bien plus fondée sur l’instruction du procès en sorcellerie que sur l’examen objectif de faits incontestables, parce qu’on refuse à Israël une spécificité qu’on accorde à tout autre Etat. Avec de tels défenseurs, la cause palestinienne cite comme témoins à charge l’irrationnel, l’incontrôlé et l’invérifiable. Elle pouvait difficilement faire mieux !

L’auteur va même jusqu’à inviter Israël à profiter de la naissance de l’Etat Palestinien pour vivre selon l’histoire et non selon la légende. Il est vrai que l’histoire de la Palestine, sa capitale, sa monnaie, ses chefs, ses résistants à l’occupation arabe procèdent d’une histoire. Mais la différence avec l’histoire juive, c’est que la première n’a de consistance que dans le rêve ou l’illusion !

Le caractère spécifique de l’Etat Juif fait donc peur au point que ses ennemis n’hésitent pas  recourir à  l’artifice pour tenter de l’éloigner.

Marqueurs:antisionisme, MENSONGES