Arnold Lagémi

Dans le paysage antijuif, par ignorance ou préjugé, la première place  est réservée à l’islamisme. C’est un mensonge éhonté au préjudice certain qui vise pour diverses raisons à écarter de la scène,  d’autres acteurs qui, de l’antisémitisme laïc à l’antijudaïsme religieux, ou à l’antisionisme,  se retrouvent dans une complicité où le Juif est l’ennemi,  objet d’une universelle aversion.

 Pendant qu’on ne cesse de marteler que le « péril » islamique, menace Juifs et non-Juifs,  on n’accorde pas l’attention qui, pourtant s’imposerait, à l’extrême droite complice du nazisme et, notamment  à  l’intégrisme catholique, pour qui les Juifs restent déicides, perfides et doivent continuer d’errer pour expier leurs fautes.  Ce courant refuse d’approuver les réformes décidées lors du dernier Concile et se caractérise par l’obéissance et la fidélité au Catholicisme d’avant le concile. C’est-à-dire une idéologie traditionaliste, pour qui, entre autres, le Judaïsme reste une croyance aveugle et maudite.

Certains extrémistes de la droite radicale, laïcs, le cas échéant, alliés, contre l’Islam radical, à cette mouvance Catholique intégriste,  naturellement suspicieuse à l’encontre de quiconque ne professe pas une foi sans concession et sans réforme. Ces deux forces  semblent avoir conclu une entente tacite en  appuyant, de concert,  sur le ressentiment anti islamique,  présenté comme seule menace envers l’Occident,  les Juifs et Israël.

 Ces ennemis affirmés des sionistes,  ou de la tradition mosaïque, pensent ainsi parvenir à  se dédouaner facilement d’une animosité trop voyante,  à connotation  raciale ou religieuse, qu’il ne convient pas ou plus, d’exposer crûment, mais dont ils préservent, néanmoins certaines particularités,  comme les témoins d’une époque dont ils ne désespèrent pas le retour. Par ailleurs, un opportunisme de bon aloi les amène à faire miroiter, (l’extrême droite laïque notamment) l’intérêt que les juifs auraient à les soutenir dans leur lutte contre l’Islam radical.

Concernant l’extrême droite, dans ces mêmes colonnes j’ai tenté de démontrer que, loin d’être moribonde ou d’avoir disparu, elle était bien présente, nantie d’un solide héritage dont elle n’entendait pas se départir. L’esprit des Ligues est toujours là et les disciples de Maurras, s’ils ne sont pas pléthore, continuent, néanmoins,  d’être porteurs d’une idéologie   qui, à l’occasion d’un changement politique en France ou en Europe, pourraient retrouver les accents et les thèmes qui lui donneraient une nouvelle jeunesse.

L’intégrisme catholique, très proche de Charles Maurras et de l’extrême droite  se caractérise surtout par un antilibéralisme prononcé.  Il ne reconnaît pas la validité des conclusions de Vatican II.  Vis-à-vis des Juifs et du Judaïsme, son  orientation reste   fidèle à la tradition anti judaïque de l’Eglise. Ce Catholicisme radical, représenté  surtout par la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X créée  en Suisse, compterait plus de 500 prêtres, ce qui permet de conclure à un impact puissant.  A Paris, il siège à l’Eglise St Nicolas du Chardonnet, en dépit de l’absence de légalité que constitue l’occupation des locaux.

 Il semblerait que le pape Benoit XVI souhaiterait un rapprochement avec ce courant dissident, approche qu’il a concrétisée par la levée de l’excommunication qui frappait les évêques extrémistes. Ce courant intégriste de l’Eglise catholique, plutôt discret, reste une force considérable à bien des égards. Tout en expliquant que le but du rapprochement était la fraternité, le Saint Père donne droit de cité  à un courant honni,  dont il nous avait été agréable de penser que Vatican II nous en préserverait à jamais. Le rétablissement de Williamson, à lui seul, limite manifestement la portée de Vatican II.

Par conséquent, l’opposition aux Juifs et à Israël qu’on a l’habitude d’imputer aux gauchistes et à l’islamisme exclusivement,  dispose d’alliés sûrs et puissants,  mais plus discrets parmi les radicaux de droite et les intégristes Catholiques. Les écrits de Charles Maurras et des grandes plumes   de la collaboration sont toujours considérés, malgré leur antisémitisme véhément, avec engouement par certains. Quant au  Catholicisme,  il a fait, en dépit de la résistance intégrsite des avancées notables, mais pouvait-il faire autrement ? Avait-il le choix ? Pouvait-il continuer,  face à la vague émancipatrice qui a soufflé et souffle encore, à  affirmer que les Juifs souffrent pour expier leurs crimes ? S’il avait nié la Déclaration des Droits de l’homme, il était entraîné à désapprouver l’Emancipation des Juifs. Bref, il a eu l’intelligence de comprendre qu’il fallait prendre le train, même s’il était en marche ! Les intégristes, par contre, sont restés sur le quai !

 Le Catholicisme n’a pu encore se libérer d’une force persistante qui n’a pas évacué une certaine nostalgie pour cette période pré conciliaire, représentative pour certains  de l’orthodoxie de la doctrine et à qui, même le pape Benoit XVI semble trouver quelque grâce.

 Il  serait agréable aux Juifs,  d’abord dans un souci de vérité, de justice ensuite, que  leurs amis Chrétiens ne limitent pas leur condamnation à l’islamisme mais englobent aussi dans leur réprobation,  ce courant anti judaïque bien présent au sein de l’Eglise Romaine.

 D’ailleurs,  l’absence d’initiative relative à la statue infâme de Strasbourg est bien plus en adéquation avec le catholicisme intégriste qu’avec les « progrès » de Vatican II.  Un coup d’œil sur le site : http://www.la-question.net/archive/2009/01/28/l-antijudaisme-theologique-de-l-eglise-catholique.html donnera un aperçu de la persistance du courant anti judaïque au sein de l’Eglise Catholique. La visite de ce site est une initiative inévitable et nécessaire. On y apprendra que l’Inquisition est une Institution sainte !

L’amitié proclamée envers les Juifs et Israël impose à l’Eglise de « mettre de l’ordre » en affirmant par une action effective  que le courant intégriste reste schismatique.

L’avancée est, cependant,  considérable dans les rapports judéo chrétiens et je profite de l’occasion pour inviter le maximum de Juifs à revoir leur position à l’égard de Pie XII, Juste parmi les Justes, dont l’héroïsme parlant a sauvé des milliers de Juifs durant la Shoah. Ce pape, par son action courageuse a montré le seul chemin où Juifs et Chrétiens pourraient se retrouver : savoir prendre tous les risques pour sauver des vies !

NB/ EXTRAITS DU LIEN CITE PLUS HAUT (LA QUESTION)

 Rappelons que pour tous les Pères de l’Église, unanimement (de st Ignace d’Antioche  107 à st Augustin  430, en passant par st Justin  163, st Irénée  200, Tertullien   240, st Hyppolite de Rome   237, st Cyprien 258, Lactance   300, st Athanase   373, st Hilaire de Poitiers   387,st Grégoire de Nazianze   389, st Ambroise de Milan   397, st Cyrille d’Alexandrie   444), ce qui porte la responsabilité de la mort de Jésus est bien le judaïsme pharisaïque talmudique par le truchement de ses “fidèles”. Dans la mort du Christ, c’est donc la communauté religieuse d’Israël post-biblique qui est impliquée (hormis un “petit reste” qui fut fidèle au Christ : les Apôtres, les Disciples, etc.), la majeure partie du peuple ayant prit une part active à la condamnation de Jésus