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Une énigme digne du Chabbat de Hanouca.
 
Une très courte histoire hassidique d’abord ! Un étudiant d’une célèbre académie talmudique d’Afrique du Nord, (non, je n’ai pas confondu) était tourmenté par des questions touchant aux applications pratiques de la Loi. Il en était arrivé au point de ne plus pouvoir trouver le sommeil, quand la rumeur lui fit savoir qu’à une centaine de kilomètres de là vivait un RAV qui avait ses entrées auprès du trône céleste. Le garçon prit quelques affaires et se mit en route sans délai. Il arriva à destination au bout de quelques jours, éreinté mais excité et joyeux à la perspective de rencontrer un des grands de la génération.

Il expliqua au serviteur du Rav les raisons de sa venue, mais le serviteur lui fit savoir qu’on ne dérangeait jamais le Maître quand il déjeunait. Celui-ci entendit le vacarme, fit un geste et invita le jeune homme à s’asseoir. Le serviteur dit quelques mots à l’oreille du Rav et apporta de l’eau fraîche et des fruits. Mais le jeune homme restait immobile, figé, statufié, refusant boisson et nourriture, regardant et fixant le Rav, achevant son repas, comme tétanisé. Le Maître déposa fourchette et couteau dans l’assiette, conformément à l’usage, récita les « actions de grâce » puis leva la tête et d’une voix étonnamment douce demanda à l’étudiant :

« Alors, mon fils, quelles sont ces questions qui t’empêchent de dormir ? »

Le jeune homme émergea d’abord de sa stupeur, baissa respectueusement la tête et lança d’un seul trait : « excuse moi Rabbi, il n’y a plus de questions. En t’attendant, la mémoire m’est revenue. Voudrais-tu me bénir ? Et à l’acquiescement du Maître, il s’approcha, s’inclina, encore plus que précédemment, baisa la main du Maître qu’il posa sur sa courte chevelure, dit et redit « Merci » une dizaine de fois et disparut le visage radieux.

Comment et pourquoi la mémoire de ce garçon est revenue ? J’attends vos réponses. Posez aussi le problème à vos enfants et petits enfants.
Une surprise attendra le gagnant ou la gagnante !

5 Réponses à “Que s’est-il passé quand le maître déjeunait ?”

  1. simrah dit :

    Devant la serenite et la perspicacite du Rav l etudiant a compris qu il y a un temps pour tout, quand je mange,je mange quand j etudie,j etudie etc…. cette experience lui a fait comprendre que dans la precipitation tout devient confus et ce n est que dans le calme et la reflexion que nous trouverons vraisemblablement des reponses a nos questions car tout est en nous.

  2. simrah dit :

    Ces questions qui l empechaient de dormir sont peut etre le doute , voir meme le doute sur l existence de D. En voyant le Rav qui l avait compris avant meme qu il ne parle ,il a sentit la presence de D et a compris qu il fallait apprendre et comprendre apres. Un peu simpliste comme explication mais je ne vois rien d autre

    Shalom et merci

  3. Aviva dit :

    Bonjour à tous !

    Ce n’est ni à Libellule, ni à Arnold que j’aurais à expliquer mon inculture sur de tels sujets (entre autres). Je me prends au jeu parce que j’adore ce genre de question qui me fait penser, en beaucoup moins dramatique, à celles auxquelles il faut répondre en se « tenant debout sur un pied ».
    J’aime bien la réponse de Yan mais, qu’il me pardonne, l’attitude généreuse et pleine de bonté du RAV me semble si « naturelle » qu’elle ne m’apparaît pas être du domaine de la « révélation ».
    Personnellement, j’aurai tendance à penser à un autre comportement, tout aussi naturel d’ailleurs, du RAV puisque les questions que se pose cet étudiant portent sur les « applications pratiques de la Loi ». Or, si l’on suppose que cet étudiant est jeune, il n’a sans doute qu’une expérience « livresque » si je puis dire de la Loi ; donc une lecture et une compréhension essentiellement conceptuelles et rigides qui peuvent l’angoisser ; comment passer toute une vie au plus près des commandements de la Loi sans passer à côté de la vie ? Et ce qu’il peut observer lors de sa visite au RAV, sage parmi les plus sages, qui le reçoit sans protocole, avec une grande simplicité mais aussi une grande noblesse, c’est qu’il mène une vie qui apparaît d’emblée être à la fois conforme aux principes élémentaires des commandements du Talmud sans pour autant entraver ses besoins non moins élémentaires au quotidien ; l’étudiant prend auprès du RAV conscience qu’il lui sera possible de réaliser « la fusion intime entre, d’un côté, l’abstraction et l’idéal le plus élevé et, de l’autre, le concret, la substance même de la vie de tous les jours ».
    L’étudiant à pris une superbe leçon silencieuse qui a parfaitement répondu à ses angoisses, à ses questions. Je comprends qu’il puisse remercier aussi chaleureusement ce RAV et être radieux puisqu’il peut repartir l’esprit léger.

    Bon, j’avoue ne pas avoir compris le lien entre « les tourments » de cet étudiant et le fait de devoir retrouver « la mémoire » ; j’ai donc éludé cette approche.

    Arnold, j’espère que vous nous offrirez d’autres beaux sujets de réflexion comme celui-ci ; et merci par avance pour la récompense que nous aurons tous en lisant votre réponse.

    Amicalement à tous. Aviva

    • REPONSE A L’ENIGME

      Avez-vous remarqué que certains propos ou certaines attitudes vous renvoient à d’autres sujets, voire à certaines questions en ébauchant les réponses ? De la même manière, que certains individus en mangeant vous ouvrent l’appétit et que d’autre vous font éprouver une sorte de répulsion pour toute nourriture.

      Il semble que le fait de voir manger quelqu’un nous renvoie sans que nous en soyons conscients à la façon dont cet être se « construit » qui est la définition première de l’acte de manger. Or, nous avons appris dans notre Occident exclusif que seule la parole est véhicule de vérité ou d’erreur. La gestuelle est délibérément écartée. Or, cette histoire hassidique est venue plaider la défense et la sauvegarde du geste.

      Le jeune étudiant, en voyant le maître se nourrir fut relié au canal qu’empruntait le maître pour y parvenir. On dirait aujourd’hui, par association d’idées, se rattacha chez le jeune, la façon avec laquelle le maître vivait, ou plutôt le prix qu’il attachait aux gestes porteurs de vie. Il ne voyait pas le maître manger, il voyait comment cet homme se comportait. Et, dans ces conditions, se superposa, la manière utilisée par le vieil homme pour agir quand il était confronté au problème du jeune. Les paroles devenaient inutiles. Le jeune étudiant avait compris.

      Ecoutons moins et regardons plus

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