Arnold Lagémi

Sous des dehors empreints  d’impartialité, la laïcité, telle que conçue et pratiquée en France est un piège d’une extrême dangerosité, car cette laïcité ne s’estime pas menacée, tant que la « pratique religieuse » ne porte pas préjudice à l’ordre public.

Or, sans qu’il y ait atteinte à l’ordre public, la laïcité qui n’est que l’affirmation de la neutralité de l’Etat, n’est pas, pour autant préservée, dès lors que sont admises des formes inusitées d’expressions religieuses qui relèvent du prosélytisme et demeurent donc une tentative de déstabiliser un des poteaux soutenant l’édifice républicain.

La  limitation de la laïcité à l’interdiction de troubles est singulièrement réductrice parce qu’elle ne prend pas en considération le prosélytisme qui, sans porter atteinte à l’ordre public, n’en reste pas moins un danger pernicieux altérant  la conception républicaine en la matière.

Cette conception insiste sur la « neutralité » du pouvoir politique face aux religions et place la « liberté de conscience » comme priorité absolue. Dès lors qu’on est confronté aux religions classiques et habituelles de « l’univers français » conception et définition de la laïcité, telles que présentement vécues ne posent pas problème.

Par contre, si survient une vision religieuse du monde,  qui place la conversion dans la zone prioritaire de ses interventions, la liberté de conscience empêchera tout recours à la loi.

Or, il y a des formes pernicieuses de prosélytisme qui entament la portée et l’efficacité de la loi sur la laïcité. Des manifestations publiques d’expressions religieuses portent indirectement préjudice à l’ordre public par l’interrogation qu’elles suscitent chez des esprits non préparés. Elles sont une atteinte à la laïcité.

Il y a obligation à une certaine retenue dans l’expression religieuse. Cette retenue est négligée, voire rejetée par les interpellations religieuses diverses dont nous sommes l’objet en bien des domaines.

Le législateur doit, au plus vite, adapter la laïcité,  telle que voulue par un vaste consensus national aux réalités du moment. La laïcité  ne saurait être mise en brèches par l’exercice  du prosélytisme manifesté de manière insolite mais dont les effets, à l’évidence contredisent  ce principe républicain sur lequel, théoriquement, les Français ne paraissent pas disposés à composer.

Des initiatives en ce sens sont indispensables. Outre leur portée sur la laïcité, elles contribueront au redressement de l’autorité de l’Etat dont la nature de la critique de ce jour démontre la nécessité.

Marqueurs:laïcité