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Avec Jean Jacques Rousseau,  un terme est  assigné à la compassion  qui a mené certains auteurs  à manifester de la  bienveillance à l’endroit des survivants de la Judée et reconnaître la place prééminente de l’ancienne patrie dans la conscience et le rituel  Juifs. Mais cet  attachement n’a été que partiel et jamais il n’a été question    de parvenir au même constat d’évidence et d’impérieuse nécessité de Rousseau  : Il n’y a pas de renouveau de la conscience juive hormis le réveil de la Nation Juive !

 

En ce sens, Jean Jacques Rousseau démontre la géniale intuition qui lui fait percevoir que les Juifs sans leur terre ne sont pas un peuple. Or, les Juifs n’apporteront leur contribution essentielle, au demeurant, que dès lors qu’ils s’exprimeront en tant que Peuple! 

 

Dans « Emile ou de l’éducation, » livre quatrième 1762 Jean Jacques Rousseau écrit :

« Les Juifs n’ont pas la possibilité dans la dispersion de proclamer leur propre vérité à l’humanité, mais je crois que, lorsqu’ils auront à nouveau une libre République, avec des écoles et des universités à eux, où ils pourront s’exprimer en sécurité, nous pourrons apprendre enfin ce que le Peuple Juif a encore à nous dire. »     

 

      Fracassant plaidoyer d’espoir!  La pleine mesure du Peuple Juif est balbutiante. Elle n’a ressuscité qu’en 1948! 

 Un beau témoignage de pur sionisme! 

Je ne résiste pas à la nécessité d’être plus abordable

Et même si le texte perd un peu de sa spontanéité il gagnera dans la volonté de vous être agréable.

La « lecture » du rêve n’est pas liée dans la Tradition Juive au génie d’un homme mais à la perspicacité d’une institution, en l’occurrence la Prophétie.

Or, la prophétie n’est qu’accessoirement « prévision ». Et le texte du Talmud qui renvoie à la prophétie l’interprétation du rêve exonère cet aspect de la vie psychique de toute allusion au supra-normal, à la clairvoyance ou autre divagation mais renvoie à l’obligation d’éclairer le « contenu prophétique « . Pour aller à l’essentiel, le discours du prophète est d’abord la signature de l’humanisme, de l’exaltation du Juste et du vrai. Le prophète court le risque de s’exposer à tous les risques en désapprouvant le roi. Nathan allant reprocher à David son crime en est la manifestation.

En soutenant que le rêve est un « soixantième de la prophétie » son interprétation renvoie à l’implication incontournable de l’impératif moral qui reste la matrice prophétique fondamentale. Interpréter le langage du rêve c’est renseigner l’homme sur la nature des attendus polluants de sa nature psychique.

 

 Oubliant l’enseignement de l’histoire l’Allemagne et l’Italie viennent de désigner  les tenants de leurs droites extrêmes  respectives  comme forces de gouvernement.

 

Hier l’Allemagne aujourd’hui l’Italie,  demain peut être la Pologne et la Hongrie,  tout se passe comme si le dernier conflit européen n’avait pas immunisé ces pays  contre le recours au radicalisme. Toute formation politique s’enorgueillit  de son histoire, de ses luttes, de ses succès. Mais l’histoire de l’extrême droite allemande ou italienne!  Le seul contenu de la question fait frissonner!

 

Ce qui interpelle au premier chef c’est le manque de pudeur que traduit ce résultat des urnes. En effet, on a souvent évoqué la mauvaise conscience des Allemands et des Italiens au rappel de ce pénible souvenir. Et bien, il aura suffi de quelques décennies pour balayer ces scrupules et ouvrir la porte « aux bêtes immondes »  

 

Car c’est bien de cet ultime danger dont il est ici question. Qu’on ne s’illusionne pas, le » péril  » migratoire n’est qu’une étape voire un prétexte pour hériter des rênes  Une fois habilités par le jeu démocratique à l’exercice du pouvoir, le diable abattra ses cartes devant les diablotins désabusés!]

 

 

 

Le traité talmudique BERAKHOT soutient que le rêve est un soixantième de la prophétie. D’emblée une telle affirmation détache le rêve et sa signification de la divagation médiumnique   et le rattache  à un des sommets de l’étude du sacré.

 

En effet, proclamer que le rêve relève pour partie de la révélation prophétique, quand bien même pour un soixantième, confère au rêve une contribution partielle mais authentique à la connaissance de soi. Débarrassée de la pollution fantasmagorique le rêve conserverait donc  une signification en soi qui est de nature à éclairer l’homme sur  les replis secrets de  sa vie  psychique.

 

Mais si le rêve constitue une fraction du résidu prophétique, il importe de définir le contenu de la prophétie pour déterminer l’importance éventuelle de cette filiation.  Disons nettement que la prophétie n’est pas voyance, voire clairvoyance mais estimation morale d’une réalité.

 

Le prophète vient rappeler le « mode d’emploi » d’une existence fondée sur le primat de l’Ethique. Et si besoin est, ce rappel précisera  le coût du manquement. D’où le danger à isoler ce rappel nécessaire des conséquences inéluctables  de la violation de  l’Ethique de la dépréciation morale qui en reste le cadre.

 

Resté prisonnier du savoir qu’il n’y a pas de « violation gratuite » c’est  limiter la révélation prophétique à la  connaissance de la sanction qui ne la concerne  qu’en partie.  La prophétie est essentiellement révélation d’une  Connaissance concomitante. C’est en ce sens, et, en ce sens seulement qu’elle concerne le rêve et sa signification.

 

Mais le « rêve » dévoilé est-il abandonné au seul psychanalyste ?   Ou, pour être plus rigoureux,  le psychanalyste doit-il être élève des prophètes  pour interpréter le rêve ?  L’aspect formel de l’analyse révèle une carence rédhibitoire : il n’est pas exigé de l’analyste une relation particulière avec le patient qui situerait son intervention dans la filiation prophétique !

 

Il y a cependant une condition essentielle à honorer qui relierait l’analyste au monde de la prophétie. Le patient doit être relié à celui qui dispense les soins par le sentiment d’amour ! Il doit donc connaître le « patient » et entretenir avec  lui une sympathie qui lui donne droit et l’habilite à interpréter le rêve. « Je ne suis pas venue sur terre pour partager la haine mais pour partager l’amour. » Cette proclamation d’Hermione s’applique au psychanalyste comme condition préalable à l’exercice de son art !

 

 

 

Le parcours du grand philosophe ne manque pas de nous interpeler. Tout d’abord son adhésion au Christianisme indique bien plus l’aboutissement personnel du processus assimilationniste que l’exaltation d’une conscience illuminée. Cette ouverture le conduit au bannissement du projet historique, ( Face aux périls Bergson se réconciliera avec ce même projet.) incapable, dans la cohérence de la philosophie Occidentale d’impliquer la moralité comme ultime enjeu à la conduite des affaires publiques.

Mais cet aboutissement disqualifiant l’intégration de l’Ethique sera contredit par la démarche personnelle du philosophe au moment de la Choah. En effet, confronté aux mesures discriminatoires du nazisme et de ses alliés Vichyssois Henri Bergson diffèrera sa conversion et refusera de la rendre effective au nom de la solidarité envers ses frères persécutés.

Cette attitude invalide la croyance que le Christianisme serait l’aboutissement de la Loi de Moïse. L’argumentation bergsonienne sur la primauté du Christianisme s’effondre dès lors qu’il y a choix entre la conversion qui permettrait de se soustraire à la persécution mais témoignerait surtout de la volonté de remettre à sa place le bien-fondé du projet historique Juif.

Le motif avancé par le philosophe paraît « artifice » puisque la conversion ne saurait le dispenser d’une adhésion éventuelle, individuelle et personnelle au destin collectif de la déportation des Juifs.

L’argument de Bergson représente bien une opportunité lui permettant de revenir aux idéaux de la conscience juive sans pour autant renoncer à la nécessité du baptême.et même cette nécessité n’est qu’option. Elle a vocation à être remise en question puisque le refus de se convertir s’opère à l’avantage d’un principe qui doit s’entendre non seulement comme la volonté de solidarité avec les siens mais comme la mise en pratique de la priorité de l’histoire collective sur le destin individuel.

Cartes de voeux pour Pourim

Il n’est pas nécessaire d’être disciple de Freud ou de Lacan pour conclure que se déguiser traduit une volonté de dissimulation, le désir de se cacher derrière une identité usurpée.

Mais pourquoi spécialement à Pourim, a-t-on l’habitude de se déguiser? Cette tendance à la dissimulation n’est-elle pas réelle les autres jours, tous les autres jours ? La mésestime de soi n’est-elle pas souvent accompagnée du désir de fuite, c’est-à-dire de la volonté de ne pas apparaître tel qu’on est ?

Alors que d’une manière générale, la dissimulation est prohibée, elle est permise, voire recommandée à Pourim.

C’est donc dans le rappel sur le sens de Pourim que, peut être, on y verra plus clair.

D’abord, on observera que dans cette histoire, Il y a un Grand Absent. Oui, D.ieu n’est pas mentionné une seule fois dans l’histoire d’Esther. Et pourtant, il est enseigné, à propos de Pourim : Ester, astir panaï : Je cacherai mon visage. Tout se passe comme si, dans ce récit, l’absence apparente ne s’identifiait pas à l’indifférence. De plus, les acteurs de l’histoire dissimulent mal le destin qui les porte, laissant croire à une liberté de manœuvre, comme s’ils étaient maîtres et artisans du cours de leur vie.

La Providence intervenant dans le destin des hommes est toujours déguisée. « Heureux, bienheureux, celui qui sait reconnaître un masque d’un vrai visage » Dès lors que cet enseignement est pris au sérieux, l’attention au monde est plus soutenue, accordant plus de considération à des incidents, mineurs en soi mais indicateurs de fatalités souvent inéluctables ou d’ouvertures inespérées.

Le Haham (le maître, l’érudit) est souvent désigné par l’expression « roé ète à nolad », celui qui comprend le sens des évènements. C’est-à-dire, le haham est celui qui a appris à démasquer, les hommes et les évènements. Car les étapes de l’histoire d’un homme ou de l’humanité sont souvent revêtues d’artifices.

Vous avez remarqué que votre attitude a tendance à être différente quand vous portez un déguisement. En vous masquant à Pourim ou en déguisant vos enfants, vous introduisez de manière subtile une mise en garde essentielle : tu n’es pas ce que tu parais.

Jouer avec les artifices compromet l’authenticité, altère la vérité. Pourtant à Pourim, on est invité à ressentir physiquement et directement à quel point, on peut se voiler la face, se masquer le visage et le corps, sans pour autant cesser d’être.

D’abord enseignement pour nous-mêmes, le déguisement nous invite aussi à la capacité de distinguer dans les évènements et les hommes, toute réalité, toute initiative de la Providence qui, comme à Pourim se dissimule. ESTER : je cacherai !

Il y a des présences qui ne sont jamais aussi lourdes que lorsque, précisément, elles donnent l’illusion de l’absence. Cette vérité est vraie pour le Maître du monde. Elle ne l’est pas moins pour certains êtres qui n’ont pas besoin de parler pour être porteurs de vérité.

Je ne résiste pas à l’envie de vous raconter une histoire hassidique. Un jeune talmudiste visite un grand maître pour l’interroger sur une question qui le préoccupe. Le serviteur du Maître dit à l’étudiant que le Maître prenait son repas et qu’il ne fallait pas l’interrompre.

Il l’invite donc à s’assoir face au Maître qui poursuivait son repas. L’étudiant regardait, fixait le vieux Rav, épiant chacun de ses gestes avec une concentration très soutenue. Puis le repas s’acheva. Le rav récita les bénédictions d’usage, toujours sous le regard pesant de l’étudiant. Puis il parla : « Que puis-je pour toi mon fils ? » L’étudiant se leva et balbutia, gêné :

« Rien, Rabbi, pardonne-moi. Rien !» Il sortit, se mit à courir et fit répandre la rumeur que le Rabbi faisait des miracles en…mangeant.

Il y a des actes qui, lorsqu’ils sont accomplis sans masque, sans artifice, sont porteurs d’une telle sérénité que celle-ci rejaillit sous forme d’apaisement chez tous ceux qui en sont témoins et ce qui était problème sous un masque ne l’est plus, si nous avons la chance et le mérite d’être… démasqués.

Vous avez, peut être observé que certains êtres ne sont apparus dans votre vie que pour vous révéler soit un aspect de vous même ou de la vie dont vous saviez l’existence mais dont n’imaginiez pas qu’il vous concernait. Parfois, ils reviennent à votre mémoire sous la forme d’un mot, mais ce mot qui a arraché votre masque a ouvert des cataractes d’eau vivifiantes.

Je vous souhaite, en cette veille de Pourim le Mazal (la chance) de rencontrer de nombreux arracheurs de masques et de vous persuader que, vous aussi, pouvez être briseurs de masques pour quelqu’un qui attend d’être persuadé qu’il « vaut bien plus que ce qu’il croit être. » Dans cette attente,

HAG SAMEAH

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