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Il est un usage plus ou moins répandu parmi les Juifs de Strasbourg et qui consiste la nuit de Noël à réunir les hommes valides de la Communauté afin d’organiser de spectaculaires parties de carte. La raison est liée à un impératif sécuritaire. En effet, sous l’Ancien Régime certains fidèles qui assistaient à la Messe de Minuit se dirigeaient ensuite vers le quartier Juif et se livraient à diverses exactions.

D’où l’obligation pour les hommes de rester éveillés afin de protéger les personnes et les biens.

Mais aujourd’hui le risque n’est plus ! Alors…

Pourquoi certains continuent de perdre leur temps en jouant aux cartes. Parce que la nuit de Noël fut une « perte de temps » pour la Terre des Hommes, Jésus serait né pour accomplir la  Loi ; or, les Evangiles n’ont pas changé ce que la Loi des Juifs proposait par ailleurs. Les Evangiles sont un mauvais plagiat de la Loi de Moïse. « Aujourd’hui je vous le dis  » proclame Jésus « Tu aimeras ton prochain comme toi même! » Or Lévitique XIX 18 dit la même chose. « Perte de temps »!

Oui, vraiment Noël a fait reculer l’humanisme. et les Juifs de Strasbourg ont raison de jouer aux cartes. Noël et la tradition qui s’y rattache constituent la plus éminente » perte de temps » de l’histoire et inaugurent l’arrivée en scène d’un personnage plein de ressources que mon ami, le Dr Polydor désigne sous l’appellation du « Dieu moqueur. »

 

La faute mise à jour atténue  souvent  voire invalide la responsabilité du coupable. Plutôt que d’entrer dans une démonstration difficile, le hassidisme opte pour l’histoire qui force l’adhésion et alimente la conviction. Ainsi cette histoire…

Le Baal Chem Tov, maître incontesté du hassidisme au XIXème siècle rêva, une nuit,  que le prophète Elie le visitait pour lui révéler qu’un de ses voisins avait plus de mérite que lui. Intrigué par la singularité de la comparaison, le Baal Chem Tov décida de s’en assurer en allant lui même rendre visite à cet homme. Parvenu jusqu’à la maison, il en ouvrit la porte et ce qu’il vit le confirma dans la certitude que le prophète Elie s’était trompé. Sur la table dressée on ne comptait plus les nourritures interdites.

Se pouvait-il qu’on le comparât, lui le Maître du hassidisme avec cet homme abject qui se repaissait de nourritures proscrites il décida donc de mettre toutes les chances de son côté en ne faisant pas mentir le prophète Elie. La célébration du Chabbat doit balayer les doutes et cet homme doit être un fidèle de stricte observance. Il attendit donc l’arrivée de Chabbat et, après la prière du matin, il prit le chemin qui le mena à la demeure de celui qui « avait plus de mérites que lui! »

Un véritable spectacle de désolation s’offrit à ses yeux : les nourritures interdites s’étalaient à profusion.

Le Baal Chem Tov s’approcha de l’homme et lui dit: « Parle moi de toi, qui es tu? Que fais tu pour la gloire d’Israël?

Entre deux hoquets l’homme balbutia:  » Mon père étudia les livres sacrés sa vie durant. Il se livrait à des jeûnes sévères. Aussi quand les cosaques se saisirent de lui et l’aspergèrent d’essence, le feu qu’ils allumèrent eut raison de sa vie avec une hâte fulgurante. Il n’eut pas même le temps de réciter le Chéma. Alors moi, je me rassasie de nourritures bien grasses pour que le jour où les cosaques se saisiront de moi , je puisse vivre suffisamment pour les maudire sans fin.

Le Baal Chem Tov dont le visage ruisselait de larmes s’écria, la voix secouée de sanglots profonds l 
 » Le prophète Elie a raison. Tu es plus grand que moi!

Un brillant étudiant d’une académie rabbinique présentait depuis quelques jours les symptômes connus et redoutés de l’ angoisse et de l’ inquiétude. Le jeune homme attribuait cette gêne aux difficultés croissantes rencontrées dans l’étude du Talmud. Il ne dormait plus; il ne mangeait presque plus. Il était devenu taciturne et triste, à un tel point, que son père, décisionnaire de renom, lui conseilla de consulter un célèbre maître, réputé efficace pour les maladie de l’âme. Ce maître habitait dans les environs. Et le jeune homme décida de le visiter.

Arrivé devant la porte d’entrée, le jeune homme hésita tant il redoutait le jugement du Maître. En effet, il redoutait « l’acuité » de son regard qui l’avait rendu célèbre et craignait de se voir reproché sa désinvolture qu’attisait un fort sentiment de culpabilité.

Accueilli par le serviteur du Maître, celui ci veillait à chasser les importuns et avait la « haute main » pour accorder ou refuser les demandes d’audience. C’est parce que le jeune étudiant fit état de sa filiation qu’il fut invité par le Maître à entrer et à patienter, le temps de terminer sa collation.

Le maître mangeait l’air grave et absorbé. Son regard était accroché au garçon qui avait, par devers lui, changé l’expression de son visage. Devenu figé dans son corps, il semblait que le temps de ce repas était une parcelle d’éternité apportant sa part de sérénité insoupçonnée.

Puis le Maître rompit ce silence qui devenait pressant. « Que puis je pour toi? » demanda t-il d’une voix douce. Brusquement, comme dégringolé dans la réalité, le jeune étudiant marmonna:  » Rien, merci, j’ai ma réponse, merci, merci pour tout » Il quitta précipitamment sa place et sortit de la maison dans une démarche précipitée quoique incertaine.

EXPLICATION:

Il y a des manières de faire qui suscitent la réflexion bien plus que la sollicitation directe de l’intelligence. La façon avec laquelle on mange. C’est à dire la manière avec laquelle on se construit en fait partie. L’interrogation du jeune étudiant portait sur une recherche d’exemplarité . Et le ce sur quoi portait sa préoccupation visait à un questionnement sur la Révélation. Mais son environnement lui interdisait l’audace de questionner sans préliminaires. Aussi, le repas du Maître s’inscrivait-il dans cette quiétude qui seule dispense apaisement et sérénité parce qu’elle implique l’être à ses racines!

   Dans la pièce de théâtre MARIE TUDOR  VICTOR HUGO fait dire à l’un des personnages :  « Juif qui parle, bouche qui ment, » Il signe là  l’aveu le plus radical d’un antisémitisme outrancier que ne désavouent  pas  les prises de position courageuses adoptées lors de l’affaire Dreyfus, par exemple.

 
Et qu’on ne vienne pas soutenir que la phrase est extraite de son contexte  par ce que cette mention jouit d’une indépendance par rapport à l’oeuvre    et se suffit à elle même.  « Juif qui parle, bouche qui ment  » est une injure anti juive, point final !

Dans les « châtiments »,tout comme Judas, par ailleurs, « Juif » est une insulte.

                 Boursier qui tonds le peuple, usurier qui le triches,

                 Gais soupeurs de Chevet, ventrus, coquins et riches,

                 Amis de Fould le juif et de Maupas le grec,

                 Laissez le pauvre en pleurs sous la porte cochère,

                 Engraissez-vous, vivez, et faites bonne chère… –

 

« Les chants du crépuscule » accréditent le cliché Juif = Argent.

 

                 C’est l’honneur, c’est la foi, la pitié, le serment,

                 Voila ce que le juif a vendu lâchement!

                 Marche, autre juif errant! Marche vers l’or qu’on voit

                 Luire à travers les doigts de tes mains mal fermées!

                 Judas qui vend son Dieu, Leclerc qui vend sa ville…

 

 

 « Victor Hugo  atteste que, réputé  cependant  pour ses idées progressistes ,  il se rend responsable de répandre des clichés antisémites.

« Les Burgraves » 1843 contient des allusions aux crimes rituels d’enfants Juifs qui conduisirent  aux vives réactions de la communauté juive.

 

Quand bien même  les défenseurs jusqu’au boutistes de l’auteur de « l’art d’être grand père » soutiendront que Victor Hugo a été victime des idées généralement admises à son époque rien n’obligeait  le grand Hugo à y souscrire. sans réserve apparente . Disons plutôt avec toute l’honnêteté requise que Victor Hugo, tout comme Zola, Michelet et tant d’autres a eu sa période antisémite qui ne diminue pas, pour autant  l’héroïsme de ses prises de position courageuses manifestées au cours de son répit humaniste. 

 

 

Ben Gourion parle :

 « J’avais reçu du général Georges Marshall, à cette époque Secrétaire d’Etat un message urgent. Il me demandait de ne pas m’obstiner à proclamer l’Indépendance. Marshall était un ami, un véritable ami et s’il essayé de me décourager ce n’était pas parce qu’il cétait hostile à un Etat Juif mais parce qu’il pensait que nous n’en aurions pas pour longtemps être détruits par les Etat Arabes dont les forces armées possédaient une supériorité accablante .

 

Il pensait que si nous nous posions en Etat, ils nous attaqueraient et que nos forces, petites et misérablement armées seraient écrasées . Il me suppliait d’attendre un climat politique plus favorable. C’était donc là le conseil d’un ami et l’appréciation de notre situation militaire par l’un des soldats les plus remarquables du monde. On le voit, ce n’était pas un conseil qu’on pût rejeter  à la légère.

 

Et pourtant il ne put rien pour nous détourner du chemin que nous avions choisi.

 

 Marshall ne pouvait pas savoir ce que nous savions, ce que nous sentions jusqu’à la moelle de nos os :  cette heure était notre heure historique ; si nous n’étions pas à sa hauteur par crainte ou par manque d’ardeur, des générations des siècles, peut être se succèderaient avant que notre peuple put retrouver l’occasion historique, à  supposer qu’il se trouvât toujours vivant comme groupe national . »

Ben Gourion  Regards sur le passé MONACO  ed du Rocher 1965 p

 

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» Un réquisitoire qui n’a pas vieilli.

CET HOMMAGE EST  A  LIRE JUSQU’À SON TERME;

 

 

« Ce qu’il y a de plus inquiétant, de plus scandaleux ce n’est pas ce qui est arrivé à quelques milliers de gens sur ce bateau, ce n’est  pas ce qui est arrivé à ces bébés, ces femmes enceintes, ces vieillards et ces jeunes gens, ce qui est scandaleux c’est le fait que pas une seule personne ne s’est trouvée pour lancer un cri de protestation indignée contre cette injustice. Nous en sommes à rechercher une seule personne en dehors des Juifs qui se soit portée volontaire pour jeûner en même temps que nous. Il est vrai que chacun d’entre nous sait parfaitement que dans le monde où nous vivons , un jeûne a peu de chances d’émouvoir qui  que ce soit mais il eût été néanmoins encourageant que quelques non-Juifs à travers le monde se soient joints à notre jeûne non pas par solidarité pour nous mais pour l’honneur de la conscience humaine et de leur propre conscience.

 

Nous savons que sur ce bateau se  trouvent des dizaines de femmes sur le point d’accoucher  ou  dont les bébés viennent juste de naître. Où sont donc les organisations féminines  qui, dans le monde luttent pour les droits de la femme, pour l’égalité et la justice envers les femmes -où sont elles donc toutes ? Pourquoi n’entend on pas leurs voix s’élever contre cette injustice ? Et c’est dans ce monde là que notre peuple vit, dans ce monde là qu’il nous faut nous battre pour ce minimum de justice qui est notre dû ? Je ne crois pas qu’il existe un autre peuple qui aurait le courage de continuer la lutte dans de telles conditions et dans un affrontement avec de telles forces  Peut être le peuple Juif aurait il lui aussi désespéré s’il avait eu une solution de rechange. Mais faute d’autre  solution et puisqu’il est convaincu que son existence en tant que peuple est à ce prix il continue le combat envers et contre tout. Et aussi étrange que cela puisse paraître à des gens du dehors, le peuple Juif est sûr en dépit de tout qu’il remportera finalement la victoire.

 

Mais il y a quelque chose  de plus fort et de plus puissant que les menaces des Anglais et ce quelque chose c’est la volonté de vivre des mères juives qui ont mis leurs enfants au monde sur ce bateau, de ces femmes juives qui ont décidé dans leur cœur d’être libres dans un pays à elles et qui ont refusé de quitter ce bateau dans aucun autre endroit  du monde .  Contre une pareille volonté même le gouvernement britannique est sans force : on peut tuer des mères et des enfants, mais cette volonté de vivre on ne peut la tuer !

 

Golda Méïr This is our Strength   Selected papers of Golda Meir  Ed with an Introd by H.M Christman LONDRES   NEW  YORK  1962 p 29 

Extrait de HISTOIRE JUIVE DE RENEE NEHER TOME III p 783  784   785

 

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