Arnold Lagémi

 Par Arnold Lagémi

Pour le plus grand nombre, le Décret de septembre 1791 émancipa les Juifs de France pour en faire des citoyens Français et  Napoléon 1^er, avec l’Assemblée des Notables et la réunion du Grand Sanhédrin confirma la disposition de 1791. Et pourtant, jusqu’en 1846, pour la France, et …1925, pour la Roumanie, subsista en Europe,  une disposition infâmante, indigne et honteuse le More Judaïcos.

De quoi s’agit-il ? Le Juif étant réputé parjure, il convenait, dans cette optique,  de ne pas accorder crédit à tout serment, propos, ou initiative d’un fils d’Israël établis dans un tribunal. Depuis le Moyen Age existait donc une pratique, « le more judaïcos » où le Juif jurait de dire la vérité, mais….dans une synagogue, devant un rabbin, portant taleth, téfilines, la main droite posée sur le Sépher Thora et, la tête recouverte d’une couronne d’épines.  Le Juif demandait qu’en cas de parjure lui soient imposées diverses sortes de malédictions.

Pour aller à l’essentiel, disons que c’est à Adolphe Crémieux, Avocat et Ministre de la Justice sous le gouvernement de Gambetta à qui nous ne devons pas seulement que les Juifs d’Algérie furent admis à la citoyenneté française, mais à qui nous sommes aussi redevables  du  bénéfice de l’abolition,  par la Cour de Cassation,  en …1846 du More Judaïcos pour l’ensemble du territoire national.

 Je rappelle les faits en deux mots. En 1827, deux plaideurs Juifs portèrent un différend les opposant devant le tribunal de Saverne. Les deux parties convoquèrent leur rabbin dans leurs synagogues respectives, afin qu’ils puissent déposer selon la procédure du More Judaïcos. L’un d’eux, le Grand Rabbin de Metz refusa, estimant inacceptable cette procédure infâmante. L’un des plaideurs Juifs ne pouvant ainsi témoigner, demanda réparation au Grand Rabbin. Ce fut Crémieux qui assura sa défense et parvint à convaincre le tribunal.

On voit donc que plusieurs années après l’Emancipation des Juifs, on était encore bien loin de l’égalité devant la loi de tous les citoyens. Effectuant des recherches afin d’établir si le combat de Crémieux, fut aussi celui des forces progressistes, je n’ai trouvé aucune figure emblématique ou personnalité de poids qui se soit associée au combat de Crémieux. Mais je n’ai probablement pas cherché suffisamment !

Ce qui apparaît, par contre, avec une force de conviction soutenue, c’est la permanence en France et, en Europe,  de forces rétrogrades, hors la loi, antisémites devenues antisionistes aujourd’hui.

Et, ironie du destin, c’est l’Alsace qui fut la dernière région de France à pratiquer le More Judaïcos. Vraiment, cette région a du mal à se défaire des parties honteuses de son histoire. Faudra-t-il un autre Crémieux pour rétablir le droit à propos du statuaire indigne et de « la cloche de la honte ? » Deux symboles affichés, comme un défi, par les autorités de la cathédrale de Strasbourg et, à l’égard desquels    je ne comprends toujours pas la passivité des Juifs d’Alsace et la silencieuse approbation des Chrétiens et des prétendues amitiés judéo-chrétiennes !

Marqueurs:antisemitisme