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   Il fut un temps, encore très proche où prétendre s’adresser au public était soumis à conditions. Pour écrire dans un journal, par exemple,  il fallait avoir l’agrément de ses pairs et, avoir satisfait aux épreuves de fins de cycle, dans les divers organes de formation. Etc…etc…

Aujourd’hui, n’importe qui peut écrire  n’importe quoi, la plupart du temps sous un pseudonyme et, la chance aidant, l’information relayée peut connaître un singulier destin. Finie la période où l’on envoyait un manuscrit à quelques éditeurs, inquiets, du sort réservé à l’œuvre composée dans l’incertitude de sa publication. 

Récemment, on pouvait lire  que des recherches à « l’Université de Cambridge » avaient conclu que les Juifs Achkénazes possédaient un des QI, les plus élevés du monde. Outre le racisme d’une telle information, aucune donnée sur les enseignants ou le responsable des recherches…

 Il est, intéressant de considérer les conséquences éthiques : l’anonymat  érigé en moyen d’expression. Pire même, puisque, dans d’innombrables cas,  l’anonymat facilitera, permettra, fondra le mensonge  En fait, à chaque consultation sur le Net, nous avons un risque sur deux de tomber sur un pseudo, c’est-à-dire, en fait, sur un article anonyme. Et grâce à la magie de la « chose imprimée », les doutes sont balayés, les réserves pulvérisées. Plus personne n’a l’obligation de citer ses sources ou de fournir des preuves. Bref, sous des allures faussement rattachées à la liberté d’expression émerge une des dérives les plus pernicieuses de la liberté d’expression.

 Un pseudo, ça sert à quoi ? A se cacher ! En général, on ne se dissimule pas quand on prétend être dans le vrai et le juste. Non ? On se cache derrière un pseudo quand on redoute un danger éventuel après avoir écrit.  Soit, la peur de représailles, de poursuites émanant de personnes ou d’organismes dénoncés ou diffamés, soit, pour exprimer en toute impunité les mensonges les plus extrêmes. Sans forcer la démonstration, l’éventualité de l’imposture vient très vite nous inviter à la plus extrême prudence sur le crédit à apporter à celles et ceux qui ont recours à un tel moyen d’expression, pour le moins équivoque.

L’usage fut répandu pour les hommes d’opinion de se forger un pseudonyme, dont la tournure plus agréable que leur propre nom,  facilitait la diffusion de leurs écrits. Voltaire, par exemple. Aujourd’hui, la légitimité du procédé est abandonnée à l’avantage d’une stratégie dont le but  est d’écarter la vérité.

D’ailleurs, une nouvelle expression de la culture apparaît qui se distingue radicalement des justifications de la critique, tels qu’enseignés. On apprend au lycée et à l’Université que tout propos ou attitude attribués à quiconque qui ne s’appuieraient  pas sur des références précises sont  réputés inexacts. De plus, si ces visées s’inscrivent dans une dimension préjudiciable, elles impliquent une sollicitation éventuelle des dispositions légales.

« Surfez », comme l’on dit, sur le Net. De moins en moins, le recours à la citation s’impose. Ce mépris pour la vérité présente le mensonge comme une nouvelle donne de la civilisation. Comme si l’inexactitude devenait un moyen de fonder un type de vérité dont le recours était licite, s’il paraissait probable.

La probabilité rattrapée très vite par le mensonge, remplacera  la vérité dès lors que tout commencera par la dissimulation de l’identité de l’auteur Le vrai sera rangé et remplacé par le « possible. » Une parole, un fait, s’ils sont  vraisemblables seront tenus pour vrais puisque l’essentiel n’est plus dans l’effectivité mais dans la vraisemblance.

Aujourd’hui, plus qu’hier, Pascal avait raison de soutenir « qu’il faut aimer la vérité, car, à moins de l’aimer vraiment, on ne saurait la connaître. »

3 Réponses à “DE L’USAGE DU « PSEUDO » ET DE SES EFFETS PERVERS.”

  1. Aviva dit :

    Bonjour Arnold,
    Et bien, j’ai ici une réponse à mon principal questionnement en même temps qu’un bien intéressant article de réflexion sur l’une des nouvelles donnes largement mise à la mode par l’évolution des vecteurs médiatiques et leur mise à disposition très généralisée.
    Vous savez bien en même temps que, sans pour autant utiliser le moindre « pseudo », un nombre impressionnant de personnes qui « écrivent » -livres, revues, madias divers-, parlent ou « reportent » sont lus, écoutés et regardés comme autant de messies et pourtant… disent-ils ou montrent-ils le vrai ou, pour le moins, le factuel dans tous ses aspects ?
    Les exemples ne manquent pas et je vais vous en donner un « tout simple », découvert très récemment dans un livre en cours de lecture par mon époux. Le livre : La splendeur des Borgia ; l’auteur : Henri Pigaillem (romancier auteur de biographies remarquées et couronné par l’Académie française pour un essai dit la 4ème de couverture) ; l’éditeur (Télémaque) précise : »Avec La Splendeur des Borgia, il (l’auteur) retrace l’épopée VÉRIDIQUE du clan le plus célèbre de la Renaissance ». Fort bien. Or, j’ai véritablement piqué une colère lorsque mon époux m’a lu à haute voix ces quelques lignes dans les toutes premières pages (la 32ème exactement) de cette épopée VÉRIDIQUE !
    Je cite : « Il (Rodrigo Borgia) venait d’avoir 61 ans lorsque Innocent VIII commença soudain à montrer des signes de faiblesse physique. Il (toujours Rodrigo) comprit que le temps était venu de s’emparer de la tiare. En juillet, malade, profondément amoindri par l’âge, le pape déclinant fit venir un médecin jui, qui lui promit de rétablir sa santé. Pour cela, il invita chez lui 3 garçons âgés de dix ans auxquels il donna un ducat chacun en échange d’une grande quantité de leur sang. Il confectionna alors un savant élixir qu’il fit boire au pontife, dans l’espoir de lui rendre et sa jeunesse et la santé. Les 3 garçons moururent le jour même et le pape ne se sentit pas mieux. En outre, en apprenant le meurtre commis par le Juif, sa colère lui provoqua une syncope qui allait précipiter sa mort. Le médecin criminel parvint à prendre la fuite pour échapper à la pendaison, tandis qu’Innocent VIII se confessait publiquement aux cardinaux rassemblés à son chevet. »……………
    Publié en juin 2011, ce livre a déjà dû être lu par bien des « amoureux de romans historiques VÉRIDIQUES ».
    Or, si vous réussissez à trouver la moindre trace de VRAI dans ces quelques lignes ridicules de stupidité, de contradictions et ignobles dans ce qu’elles véhiculent, merci de me donner les références que je suis d’ailleurs sur le point de demander à l’auteur via son éditeur.
    A l’occasion, je vous en donnerai des nouvelles.
    A l’inverse, sous pseudo -et vous en connaissez à l’évidence plus que moi- des vérités et des analyses judicieuses sont émises.
    Votre sujet pourrait à lui seul faire l’objet de plusieurs tomes… or je n’ai absolument pas les qualités requises ni la capacité d’en entamer seulement les 1ères pages du 1er !
    A vous lire très bientôt et souvent.
    Amicalement,
    Aviva

  2. Aviva dit :

    Désolée, je remarque une « coquille » ; bien entendu, il convient de lire :
    « le pape déclinant fit venir un médecin juif…. »
    Aviva

  3. Angélic dit :

    D’accord avec beaucoup de choses de l’article, mais pas la totalité. Il y a beaucoup de cas où on croit être dans le juste, et où on est obligé d’utiliser un pseudo. Tout le monde n’a pas les mêmes conditions de vie, n’est pas soumis aux mêmes pressions, la vérité peut tuer aussi.

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