Là aussi, l’illusion et l’artifice étaient au rendez vous. Aucune modification de la Charte Palestinienne n’a été opérée. Tous les articles litigieux sont valides, fondés et toujours en vigueur. L’article 15, notamment qui, entre autres, précise :
« La libération de la Palestine est une obligation nationale pour les Arabes. Leur devoir est de repousser l’invasion sioniste et impérialiste de la grande patrie arabe et d’éliminer la présence sioniste de Palestine… » Nos ennemis, tant à Téhéran, Ramallah ou Gaza ont le mérite d’être clairs !
Et les signataires de la pétition abusivement nommée « Appel à la Raison, » ne se sentent manifestement pas incommodés en désignant le gouvernement Israélien, comme responsable de l’impasse dans laquelle stagnent les négociations avec les Palestiniens !
Ils n’éprouvent aucun malaise à déclarer que la poursuite des constructions en Cisjordanie ou à Jérusalem Est sera de nature à compromettre tout accord.
La réalité nous renvoie à une vérité moins confortable et moins indulgente pour désigner une attitude qui, si elle ne relève pas de la forfaiture, n’en suscite pas moins l’équivoque. L’abrogation de cette clause n’étant pas, en effet, entendue comme le préalable incontournable à toute négociation, tout laisse à penser que les auteurs de l’Appel en accepteraient l’augure. Cette tragique perspective réduit à néant leur crédibilité en les désignant, peut être pas, comme ennemis, mais assurément pas en amis d’Israël.
Outre le fait qu’obliger Israël à négocier sous les auspices d’une Charte nous promettant la mort est une indignité, recommander que des pressions soient opérées pour empêcher la poursuite de constructions, est, dans ces conditions, la définition, de facto, de ce qu’il faut bien désigner comme un acte caractéristique « de sympathie avec l’ennemi. »
Comment des Juifs, professionnels de l’usage immodéré de la réflexion et, affirmant la prééminence de la raison, peuvent-ils concilier d’exiger d’Israël la mansuétude à l’égard de ses adversaires, sans imposer à ceux-ci de ranger au musée de la désuétude « l’obligation nationale de libérer la Palestine de l’invasion sioniste ? »
Le maintien de l’article 15 n’est-il pas suffisamment éloquent de la volonté Arabe d’éliminer Israël ? Les dirigeants Palestiniens, outre Arafat, qui a promis d’abroger les articles tendancieux de la Charte mais n’a pas concrétisé, ont-ils une seule fois, en paroles seulement, déclaré qu’ils étaient prêts à reconnaître Israël, ou tout au moins affirmé que l’article 15 allait ou serait abrogé ? Ont-ils laissé sous entendre que cette perspective n’était pas une chimère ? C’est le contraire qu’on entend à longueur de journée…
Si nous avions cru que les concepteurs de cet Appel à la Raison étaient la fine fleur de la Communauté, le bon sens nous impose de conclure que, fine fleur, ils resteront, tant qu’ils sauront tenir leur place ; s’ils s’en éloignent, pour tenter l’aventure politique, ils s’exposent par une lamentable vanité, à réduire et transformer en mauvaise herbe, la fine fleur, voir le fleuron qu’ils étaient jusque là.
Souvent nos ennemis trouvent leurs meilleurs défenseurs parmi les Juifs. Pourquoi ? Probablement, qu’un des travers de l’âme juive, restant pour certains nostalgiques d’une gauche idéale, l’insupportable privilège de l’Election d’Israël, s’en suit, un sentiment de culpabilité qui conduit à compenser les prérogatives exclusives d’Israël par une approche et une écoute qui, exposent ces défenseurs de l’arbitraire, à dépasser l’étape des sentiments généreux pour atteindre sinon la complicité, tout au moins, une promiscuité avec l’ennemi, souvent rédhibitoire.
Négocier, pourquoi pas ? Mais d’abord, exiger la suppression de cette clause scélérate. Entamer une négociation avec un interlocuteur qui ne renonce pas à supprimer son partenaire est, dans le fond et la forme, dangereux, indigne et inacceptable.
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