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Par Arnold Lagémi 

Les enfants vivant en Israël évoluent dans un environnement d’inquiétude. Ils voient souvent  leurs parents préoccupés et anxieux. Quand bien même ils entendent les informations, parce que la TV est allumée, il ne faut pas en rajouter, quand ils questionneront à ce sujet. L’enfant, l’adolescent sent plus qu’il ne comprend et il perçoit vite le sens du trouble familial. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’enfant est armé pour faire face à l’adversité quand elle est là. Ce qui l’atteint, le blesse et le traumatise parfois, c’est lorsqu’il ne sait pas et qu’il imagine. L’imagination de l’enfant peut être un redoutable moyen d’auto destruction si les parents n’y veillent pas. 

 Il ne faut parler à l’enfant que lorsque ce qu’il  sait  peut très vite devenir un authentique délire. Mais que lui dire ? Quoi lui dire ? S’il est clair que l’enfant a entendu à la radio ou à la TV des informations, des détails sur la tuerie d’Itamar, il est urgent de mettre un frein à des conclusions qu’il pourrait établir. Sinon, il est préférable de se taire, parce que la frontière entre le réel et l’imaginaire est toujours mouvante et, si vous n’êtes pas sûrs de vos propos,  celle-ci pourrait se déplacer vers des zones, des régions, où l’enfant recevra des images déformées dont il ne contrôlera ni l’identité ni la portée malfaisante. 

 Ayons bien présents à l’esprit que le discours doit viser l’apaisement, c’est-à-dire empêcher d’IMAGINER ; Je le répète, quand le malheur est là, l’enfant peut parfois surprendre par son aptitude à la résistance. Là, il ne déforme plus, la réalité s’impose. Il s’agit donc d’apaiser, c’est-à-dire neutraliser la capacité innée à déformer. Et l’apaisement passe d’abord par une attitude plus que par des paroles. 

 Les parents, frères et sœurs plus âgés devront, en dépit des difficultés, veiller à ne pas laisser transpirer l’angoisse, même si l’enfant a ce sixième sens lui permettant de sentir très vite la nature de l’ambiance qui l’environne. Même si l’esprit n’est pas à l’amusement ou au jeu, il faut que l’enfant ne se sente pas exclu par le sujet d’inquiétude et sache que sa famille, enfin celui ou celle qui en a l’habitude, lui propose de faire une partie de tel ou tel jeu. Il ne faut pas que l’enfant soit obligé de rentrer dans le souci des parents pour sentir que sa famille est proche. Ce qu’il doit sentir, c’est le contraire. 

 S’il voit sa grande sœur ou son père lui proposer une partie de dominos, quand bien même le sang rongé par la préoccupation, il aura le sentiment, la certitude que la famille s’invite chez lui. Il sentira un apaisement immédiat car il percevra que la réalité, enfin le monde des grands ne vit pas un moment si important puisque papa ou maman peuvent y renoncer pour jouer aux dominos ou lire une histoire de pirates ou de Diplodocus. Là est l’essentiel.  Il faut fermer la porte des grands et frapper à la porte où l’attention de l’enfant sera requise. La situation est plus ennuyeuse si l’enfant interroge suite à une information sordide ou à un détail horrible qu’il aurait entendus. D’abord, dissipons l’illusion et le danger consistant à prétendre qu’il ne faut pas mentir. 

 Dans ce cas le mensonge est un outil thérapeutique dont il  faut se servir, si l’on juge qu’il faut l’utiliser.  Nuancez, relativisez l’appréciation de l’enfant. Questionnez-le ? En agissant ainsi, vous vous placez dans le camp de l’incertitude, toujours propice à diminuer l’intensité de l’inquiétude, parce que si vous interrogez, par définition, c’est que vous ne savez pas. Faîtes un effort, cet effort est toujours payant. Rappelez-vous votre enfance. Face à un enfant, cet exercice est toujours plus facile, que si vous essayez d’y parvenir dans la solitude. Qu’auriez vous aimé, enfant, que vos proches vous disent si c’est vous qui questionniez ? Et puis essayez de dire le plus naturellement possible : 

 « Es tu sûr d’avoir bien compris ? » Arme souveraine qui, dans d’autres domaines détruirait plus qu’elle ne contribue, dans le cas présent à rassurer en le faisant douter. Et si l’enfant persiste, dîtes lui qu’à la TV on exagère toujours. Comparez à la météo qui se trompe parfois, « pourtant c’est la TV qui l’a dit. » Mais l’arme souveraine, c’est de fermer les portes de votre inquiétude et de frapper à la porte de l’enfance. 

Donnez le sentiment à l’enfant que vous voulez rentrer dans son monde et surtout pas l’inverse. Et si vous êtes pris au dépourvu, laissez parler votre cœur. Un de mes maîtres m’avait une fois conseillé. « Ne raconte tes cauchemars qu’à quelqu’un qui t’aime. » Si vous devez parler, n’oubliez jamais que l’imaginaire de l’enfant n’attend qu’à être alimenté. Rarement par le meilleur. Et si vous avez un sujet d’inquiétude en rentrant à la maison. Dîtes vous que votre, vos enfants, vous attendent pour vérifier. Alors, efforcez vous, faîtes du cinéma, après tout c’est une habitude. Et puis vos enfants, le valent bien. Non ?

 

2 Réponses à “TERRORISME: QUE FAUT-IL DIRE AUX ENFANTS ?”

  1. Claudie dit :

    en fait vaut mieux entrer dans le jeu de l’enfant…qu’il déjouera ,s’il le juge, par le jeu! .Il ne faut pas qu’il se sente exclus mais aussi le préserver?? Pas besoin de leur parler ,ils ressentent nos émotions.
    Pas évident maisprise de distance indispensable à leur construction!

  2. Arnold dit :

    Bonjour Claudie,
    Il y a des moments où faire entrer l’enfant ou l’ado dans le monde des grands fait du mal à l’enfant. Certes, me direz vous, le monde des adultes ne peut être effacé. Ce n’est pas une raison pour y ouvrir grandes les portes. Contrairement aux apparences, savoir dire non peut être preuve de générosité.
    S’inviter dans le monde de l’enfance, sera souvent perçu comme signe d’intérêt et toujours comme témoignage d’affection.
    Excellente journée.
    Arnold

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