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Pourquoi la Révélation d’Israël se présente t-elle sous forme de Loi ? Pourquoi le projet divin pour l’histoire des hommes ne peut-il être qu’un ensemble de dispositions légales ? Qu’y a-t-il de si essentiel dans la Loi pour qu’elle soit placée si haut dans l’affection, l’estime et le respect d’Israël ?
Pour point de départ à notre réflexion, voyons la définition générale du mot loi, en dehors de tout contexte biblique : « Prescription établie par l’autorité souveraine de l’Etat, applicable à tous. (LAROUSSE) La définition que donne le dictionnaire est restrictive dans sa première partie ; non dépourvue d’éléments non négligeables, d’évidence et de vérité dans la seconde.
Si D.ieu s’est révélé aux hommes, deux conditions garantiront la réussite du projet. Première condition : la révélation ne peut être que Loi, parce que seul D.ieu sait ce qui est juste. Rejeter la Loi, c’est professer l’athéisme. Deuxième condition : que tous ceux appelés à être concernés accusent réception de la volonté et du projet divins.
Dans toutes les religions, la vérité est véhiculée par un initié (Jésus, Mahomet, Boudha) voire un groupe d’adeptes. On imagine là les difficultés. En effet, toutes ces révélations prétendent à l’universel mais seule une minorité est initiée pour conduire l’humanité. Une telle approche de l’homme fonde l’aristocratie des castes religieuses et établit le privilège comme raison majeure et distinctive entre les « préférés du C.iel » et les parias. L’Eglise aura beaucoup de mal à comprendre la Révolution Française et la disposition fondamentale qui en découle : La « Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen», précisément, en fonction de cette vision ségrégationniste du partage de la vérité.
Si le divin se manifeste dans l’histoire de l’humanité, c’est pour y enseigner les voies du salut. Or ces voies, sont, par essence des actions. Et la valeur, le poids de ces actions ne peuvent être établis qu’à l’aune d’une disposition acceptée et reconnue par tous : la Loi ! Faute de quoi, cette révélation accentuera le déséquilibre entre les privilégiés et les relégués, état de fait, que ne peut couvrir de son omniprésence et de son omnipotence le D. de vérité, de Justice et d’Amour. La loi a toujours fait peur aux Chrétiens, comme si la toute première loi n’était pas la loi d’amour ! On entrevoit là une approche de la loi qui s’écarte des voies communes. Protéger et respecter ceux qu’on aime, c’est aussi la loi.
Il importe donc, une fois le projet établi que soit déterminée une Loi concernant la manière de faire aboutir ce dessein qui sera en même temps et nécessairement une loi de réparation pour toute violation à ce processus rédempteur.
Il importe surtout que la règle soit commune, particulière à un peuple avant de devenir disposition universelle. C’est une des raisons pour lesquelles la Thora a été donnée à Israël tout entier, stationnant au pied de la montagne sacrée. Je suis Juif, parce que mon père l’était et le père de son père aussi. La Thora est notre Loi que nos pères réunis en Etats Généraux ont acceptée pleine et entière sans condition suspensive. Ce fait est exceptionnel dans l’histoire des religions. Seul le peuple Juif est concerné par pareil contrat.
Pour tout ce qui est disposition de la vie intérieure, le Juif est face à lui même. Dès lors qu’il s’agit de compléter, de corriger ou d’amender le rapport à autrui, c’est la Loi qu’on interroge, pas l’homme, fût il le mieux placé.
Si ce rapport de l’homme au divin prétend se passer de loi, c’est l’histoire qui accusera par la suite perpétuelle de crimes et exactions témoignant de l’indigence d’une civilisation qui dut attendre l’arrivée de Napoléon 1er, souverain très sensible à la condition juive, pour établir la LOI comme seul ciment entre les hommes. Il y eut des tentatives avant le 1er Empire mais la PAX ROMANA n’a pas de lien avec le chalom….
Du point de vue de l’histoire de la spiritualité on peut soutenir avec force que si, le Code Civil a bousculé les Evangiles, vérité et justice y ont trouvé leur compte…