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La Thora ordonne de suspendre l’application de tout ou partie de la Loi si l’observance mettait en danger la vie des intéressés. Les rabbins ont légiféré sur le problème et l’on comprend qu’un homme gravement malade n’est pas tenu aux mêmes obligations qu’un bien portant. Mais prenons un peu de hauteur et voyons si l’état de danger permanent entretenu par les Arabes depuis 1948 ne devrait pas nous conduire à suspendre certaines lois avant une paix définitive !!!
Ci après pour illustration et argumentation une anecdote à « longue et profonde portée » qui se déroula durant la guerre de Kippour et à laquelle j’ai été personnellement impliqué. Cette affaire pourrait enrichir une réflexion sur des problèmes similaires en notre temps.
Pendant la guerre de Kippour s’était posée, dans quelques communautés, la question de la légitimité, le shabbat, de vider les troncs, du KKL en l’occurrence, que, pour des raisons dont je ne me rappelle plus la teneur, on ne pouvait réaliser un autre jour sans porter préjudice à l’organisation et l’efficacité des collectes.
J’étais responsable de l’opération du « vidage des troncs » dans ma communauté, celle de Massy en Essonne. Et, pour de nombreuses raisons, je ne voulais rien entreprendre sans l’accord du rabbin de la Cté, le Rav Khalifat. Discussions difficiles, le rabbin risquant d’être débordé sur sa droite, par un groupe d’orthodoxes qui estimaient qu’il n’y avait pas pikouah nefesh pour violer le chabbat. Et le rabbin ne pouvait, ni ne voulait donner l’image d’un libéral, ce que, de toutes façons, il n’était pas.
Un soir, après un débat houleux et tendu organisé en son domicile où toutes les tendances communautaires étaient représentées, le rabbin se leva, regarda en direction du mur où se trouvait la grande photo encadrée de son maître et beau père le dayan d’Oran, David Cohen Scali. L’épouse du rabbin n’ayant rien perdu des détails, comprit que son mari allait dire des choses importantes dès qu’il se leva. Elle tourna vers moi un visage tendu au regard douloureux et désespéré. Je compris immédiatement. Je saisis une cuillère déposée sur la table et commençai à heurter le confiturier de plus en plus fort jusqu’à ce qu’un silence lourd s’imposa.
« Il faut étendre la notion de pikouah néfech, (danger de mort) Israël est en guerre. Vider un tronc ne sauvera pas une vie mais cette action s’inscrit dans le cadre général de la défense d’Israël » L’essentiel avait été dit. Le rabbin s’assit et continua :
« Il n’y a pas violation de la Loi en vidant les troncs. Mais c’est du contraire dont il s’agit ! » Il faut adapter les lois au temps dans lequel elles s’exercent »
Ainsi les troncs du kkl furent vidés avec l’aval et la caution du Chef de la communauté. Le rav ajouta. « Vous n’oublierez pas de remettre un reçu aux donateurs. Ne pas le faire, c’est s’exposer à des accusations et à la médisance. »
« De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace » disait Mirabeau. Cette exhortation devrait inspirer les maîtres de notre temps trop enclins à interdire parce qu’il est plus facile d’ériger un interdit qu’expliquer pourquoi on peut passer outre.
La notion de danger de mort s’applique évidemment à notre temps. Les menaces d’anéantissement du psychopathe iranien en sont la sinistre manifestation. Aussi, tout ce qui, directement ou non, faciliterait, permettrait de repousser voire d’annuler la funeste menace doit être entrepris et mis en pratique.
Si l’opportunité se présente chabat, on n’hésitera pas. Tout scrupule en la matière doit être évacué sans culpabilité mais avec la certitude que la Loi est pour la sauvegarde de l’homme. Pas du contraire.
Respecter la loi de Pikouah Nefesh ce n’est pas agir quand l’arme est pointée vers nous, c’est empêcher qu’elle pût l’être.