Si l’homme est la source et la légitimité du pouvoir, le régime qui en sera l’expression, la démocratie, en l’occurrence, est l’affirmation implicite d’un athéisme déterminé, puisque c’est l’homme et lui seul qui fixe la norme, c’est-à-dire qui donne contenu et sens à l’action humaine. Dans ces conditions, il n’est pas assuré que la démocratie soit une conception politique en adéquation avec les valeurs, principes et vertus tels que définis par la tradition juive. Peut être, serait-il licite d’accepter la démocratie, comme étape transitoire à l’avènement de la royauté, mais pas davantage !
N’oublions pas que la démocratie en France, par exemple, est née d’un vaste mouvement d’émancipation et d’opposition qui né au XVIIIème siècle, avait pour ambition de s’affranchir simultanément d’un pouvoir politique absolu et héréditaire « D’où te vient Louis, le droit de commander aux autres ? » et du joug de l’Eglise. La Révolution Française fut le moyen par lequel la démocratie se mit en place, plaçant l’homme, sa liberté et sa volonté comme authentifiant et légitimant tout pouvoir.
Dans ce cadre, aucune place n’est reconnue au divin comme participant directement ou indirectement à l’exercice de cette autorité.
Dans la vision juive du monde, une telle définition du pouvoir politique idéal serait inenvisageable, car la norme est fixée par la R.évélation. Est-ce pour autant que le roi non juif est comparable au roi d’Israël ? Non, aucune comparaison ne peut être établie. Outre le fait que le roi est oint, la seule Charte que les Rois d’Israël s’engagent à faire respecter est la Loi morale. Et quand bien même, il arriverait aux souverains de bafouer les règles de cette Loi, ce serait sur la base de cette éthique qu’ils seraient jugés. Après l’assassinat d’Uri par David, le prophète Nathan est venu signifier au roi qu’il subirait les conséquences de son crime.
S’il y a un domaine où l’exercice de la morale devient difficile et périlleux, c’est bien au niveau du pouvoir politique, source de toutes les ambitions et matrice de tous les crimes. La loi donnée par D.ieu, doit nécessairement se confronter à ce qui la menace afin de faire la preuve que le projet divin a réussi. Israël veut un roi, mais celui-ci sera « choisi ». L’homme définit son ambition de faire aboutir et réussir l’histoire, mais ce n’est pas lui qui s’en donne les moyens.
Tout comme dans la BIRKAT KOANIM (Bénédiction des prêtres) ceux-ci ne font que répéter les volontés d’Israël. Jamais, le Cohen ne se substituera au peuple pour déterminer les moyens de la réussite. Prérogative régalienne, la volonté de l’homme, reste seule à décider de la nature de la bénédiction indispensable qu’elle charge le prêtre de faire connaître. En ce sens, on peut soutenir qu’une telle conception de la royauté reste une des formes supérieures de la démocratie !