La fierté affichée à être Juif fait souvent penser à Kohélèt (l’Ecclésiaste) « Vanité des vanités… ». Parce que cette proclamation proférée souvent avec effronterie, et ordinairement avec forfanterie, prend désormais l’allure détestable d’un privilège qui a cessé d’être actif pour se réduire à une vanité inique et…ridicule.
Non, il n’y a pas, il n’y a plus, fierté à être Juif en France !
Les Juifs acceptent et tolèrent aujourd’hui ce qui, il y a une dizaine d’années aurait suscité des manifestations de rues, des prises de position véhémentes, des répliques auto défensives musclées tout en restant respectueuses des lois, des réquisitoires sans concession. Or, on est rentré dans l’ère des statistiques et de la réflexion sur les probabilités. On suppute sur les conditions où s’opéreront les prochaines agressions. Misère de misère !
On fuit dans le repli, mais pas le repli stratégique, celui où l’on prendrait des forces pour agir et réagir. Non, on abandonne le terrain, on ne se défend pas, on laisse faire, prenant acte avec tristesse et désespérance de la trahison environnante. On retrouve la vieille pathologie juive, celle de la peur qui, lentement mais sûrement redonne au ghetto, qu’on semble reconstruire à la hâte, ses titres nobiliaires qui sont, en vérité ses titres d’infamie !
Nous revenons progressivement vers la justification de l’Exil, vécu comme une punition, voire une expiation, faisant comme si 1948 était une année comme les autres, alors qu’elle annonçait pour les Juifs et le monde le temps de la Résurrection, du Renouveau historique et donc la fin de l’Exil.
Le silence des chefs du Judaïsme français semble indiquer l’insupportable retour à la passivité qui, tout au cours de l’histoire mena les Juifs aux fatalités des brimades, aux affres de l’humiliation, voire à la soumission aux tentatives d’anéantissement.
Laisser l’insulte prendre le pas, et les voies de fait, de plus en plus nombreuses illustrer le quotidien juif, ne confèrent pas, n’accordent plus de contenu sérieux à la prétention d’être « fier d’être juif. »
L’absence de manifestation d’un réveil immédiat, accompagné de la conscience que, perdurer ainsi, serait l’aveu du renoncement, confirmerait qu’à la fierté d’autres temps, se soit substitué le retour de l’exécrable honte d’être Juif. Une telle fatalité annoncerait le lever de rideau sur la vieille farce honnie dont nous étions assurés du bannissement, mais qui n’attendait qu’un encouragement pour reprendre vie : la grande misère des Juifs de France !