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Le dernier témoignage publié hier dans ce même Blog sur Paul Painlevé, confirme qu’une majorité d’hommes politiques en Europe s’est éloignée de la bienveillance envers le peuple juif. En effet, de Jaurès à Paul Painlevé ou de Gladstone à Lloyd George, la reconnaissance du martyrologue juif soutenue par la spoliation dont il fut victime, était confirmée et soutenue par des prises de position d’hommes illustres comme Montesquieu, Chateaubriand, Lamartine, Zola et de nombreux autres.
Comme si un consensus tacite avait sonné le glas de cette amitié, plus personne dans les sphères dirigeantes occidentales ne pourrait s’exprimer aujourd’hui comme Paul Painlevé, par exemple, sans s’exposer en réplique à une volée de bois vert, dont la consistance reposerait sur la complicité au sionisme, salué pourtant, dans les années passées, comme le combustible du Renouveau National Juif et considéré désormais comme l’aboutissement néo fasciste de la rédemption juive.
Certes, la responsabilité du général de Gaulle dans l’expression antisioniste est indéniable. Mais la position gaulliste est-elle initiatrice de l’antisionisme ou prend elle acte de la survenue d’un « antinationalisme juif » auquel elle désire très vite s’associer, sachant que, telle une déferlante, cette pensée apparemment nouvelle, ne fera que retrouver peur, panique et angoisse séculaires, autant d’éléments familiers, chevillés à la conscience Occidentale. Ces sentiments bien vivaces restaient en attente du facteur déclenchant qui, de nouveau, les rendrait effectives.
Le facteur déclenchant ne fut pas la position gaulliste mais la volonté juive de libération totale et sans entraves. La pensée politique européenne ne pouvait l’accepter, sans faire ressurgir une vieille crainte, constante : la frayeur de la reconstitution de la Nation Juive, valeur religieuse au départ, transmuée en panique à la perspective d’être confronté à la spécificité juive . Un Renouveau toléré certes, mais dans la limite exclusive d’un Foyer national. Pas autre chose et sûrement pas un Etat.
Il est singulier qu’aujourd’hui plus aucun dirigeant politique n’ose se référer à l’histoire particulière d’Israël, à sa culture, à son essentielle contribution au progrès et à l’humanisme. Bien au contraire, Israël diabolisé retrouve dans l’inconscient collectif européen, une assise puissante, à l’ancrage indéfectible.
En invitant Israël à renoncer au caractère Juif de son Etat, (Peut-on imaginer les Français renonçant au caractère « Français » de leur République ?) les politiciens Européens, Français notamment, condamnent l’option sioniste mais désavouent en même temps, une des pages les plus dignes de leur histoire, composée dans la conviction que la France ne resterait immense que tant qu’elle le serait pour les autres.
Cette page, salie par la lâcheté et souillée par la honte, fut écrite dans la fébrilité de l’exaltation par l’abbé Grégoire, Romain Rolland, Maurice Barrès, Michelet, Renan, Jean Paul Sartre, Albert Camus et tant d’autres…
C’est de celle là qu’on conserve le souvenir aux heures de doute désormais fréquentes.