Un « état des lieux » même superficiel des Juifs se maintenant dans la dimension de l’exil, en Europe notamment et, en France, tout particulièrement, oblige à constater leur exposition à divers dangers, découlant de la résurgence active de l’antisémitisme. Aussi, devient-il manifeste que cette fraction importante du peuple juif sera amenée à très court terme à retrouver les réflexes de sauvegarde et de survie qu’elle croyait, dans sa candeur, relever d’un passé irrémédiablement révolu.
Les Juifs ashkénazes n’auront pas à fouiller bien loin dans leurs mémoires. Les plaies sont encore vives chez les survivants. Pour leurs enfants et petits enfants, l’évocation de la Shoah marque les esprits meurtris par les souvenirs de famille, l’écoute des témoignages ou les lectures d’un temps où l’on ne distinguait plus l’homme de la bête. La situation sera d’une nature nouvelle et méconnue par les Sépharades, originaires d’Algérie notamment, nombreux en France, qui, n’ayant pas été confrontés directement au nazisme n’ont pas connu l’obligation d’initier un processus de sauvetage et de protection.
Certes, si les Juifs de France n’ont pas à se défendre d’un antisémitisme d’Etat, ils doivent, d’ores et déjà faire face au terrorisme qui, de l’agression verbale à l’assassinat d’une famille, amène lentement mais sûrement à la conviction que, du moins, dans les conditions présentes, il y a malaise, voire mal-être, sinon danger, pour les Juifs à vivre en France !
Ce « nouvel antisémitisme » dont l’existence a été confirmée par le Ministre de l’Intérieur, s’inscrit désormais dans la « réalité sociale française » en exposant les pouvoirs publics, en dépit de leur bonne volonté, à des difficultés « techniques et chroniques quasi insurmontables» pour tenter de le combattre et de l’éradiquer.
Alors ? Faudra-t-il qu’une partie des Juifs Français retrouve les angoisses de vivre sur le « qui vive » pendant que l’autre improvisera par des tâtonnements fébriles, les conduites requises pour afficher prudence et vigilance ? Le tout, afin de dissimuler cette identité devenue dangereuse, torche flamboyante cependant, que le monde a voulu nous ravir, et que nos pères nous transmirent en espérant que plus jamais nous n’aurions nécessité de la cacher.
Est-il nécessaire de redire aux Juifs de France, que leurs frères et sœurs d’Erets Israël, en dépit d’une autre forme de danger, affichent cette même identité avec, cependant, la fierté retrouvée des Lions de Judas ! Juifs de France, nul n’est porteur exclusif de cette fierté. Elle vous appartient, parce qu’elle est aussi la vôtre! Celle de vos enfants surtout!