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Trois interventions sont prévues pour analyser ce fait majeur que constitue le changement radical de la   » pensée politique française » qui passe,  lors de la guerre des Six Jours,  du soutien inconditionnel au sionisme et à l’Etat d’Israël au malaise, puis aux réserves avant  d’aboutir à la critique frontale qui finira par une  rupture consommée.

INTRODUCTION 1

L’extrême droite mise à part, la grande majorité des intellectuels Français était, jusqu’à la Guerre des Six Jours,   non seulement favorable à l’Etat d’Israël, mais affichait un sionisme militant,  qui n’empêchait pas, pour autant, certains,  de poser les différents paramètres de la réalité de la question  palestinienne.

Le soutien à Israël s’inscrivait, pour ces penseurs, hors du commun, et d’une « pointure au dessus » des ergoteurs de notre époque,  dans une compétition, une rivalité,  qui opposait les luttes émancipatrices du « tiers monde » au nationalisme juif dont la volonté du retour à Sion était tout aussi légitime au jugement de ces intellectuels,  que le désir émancipateur des colonies françaises,  ou la volonté du peuple algérien de recouvrer sa liberté, quand bien même celle ci passerait par la lutte armée contre la France.

Pour les trois colosses de la pensée française que furent Jean Paul Sartre (fait Docteur Honoris Causa en Israël) Albert Camus et André Malraux, la contradiction est d’autant plus singulière que les trois militèrent,  non pas dans une « gauche » de « bonne famille » mais dans une approche révolutionnaire et subversive qui encouragea les soulèvements armés,  et toutes initiatives qui permettraient de lutter contre le colonialisme et l’impérialisme et de s’en affranchir. Le nationalisme juif s’inscrivait dans cette légitimité libératrice.

Camus resta sur sa déclaration d’amour à Israël et, sa disparition prématurée en 1960 l’empêchera  de prendre position sur les conséquences de la guerre de 1967. Conséquences qui furent, sous l’influence tutélaire de de Gaulle et l’appréciation  singulière de la gauche,  conquérantes  et spoliatrices  pour la Nation Arabe. Sans tomber dans le piège facile de faire parler les morts, il semble difficile de créditer l’auteur de « La peste » de la continuité de son attachement au sionisme,  dès lors que « l’occupation, » (qui fut d’abord libération) apparut comme une des conséquences du conflit. D’autant plus, que,  dans le même temps,  Camus apportait son soutien au FLN algérien,  ainsi qu’à la plupart des volontés émancipatrices dans le monde. Notons les propos singuliers de Camus, à propos des survivants de la Shoah, bâtisseurs de l’Etat Juif : «Il est  juste et bon que leurs fils créent la patrie que nous n’avons pas su leur donner. » Cette conception de la « patrie aumône » est inacceptable dans la cohérence même de la pensée de Camus.

Jean Paul Sartre resta sur une position, où le malaise dominait. Ce trouble restera  persistant dans ses écrits qui traduisent de moins en moins l’inconditionnalité sioniste.  En effet,  le philosophe ne put s’empêcher d’adhérer à l’écueil de la « soi disant » réalité du « peuple palestinien, » fiction qui, par principe, ne pouvait se maintenir sans risquer de conduire à un choix. Et comme le soutenait précisément Albert Camus, « il n’y a pas de choix sans sacrifice. »

Autant ces intellectuels d’envergure avaient « franchi le pas » en 1948, sur « l’occupation de la terre arabe,  » peut être, parce que la rareté des mouvements émancipateurs en 1948 n’avait  pas la force d’entraînement que leur nombre croissant représentait en 1967,  mais, toujours est-il,  que l’argumentaire arabe fut retenu après la guerre des six jours qui, dans le principe de libération s’inscrivait pourtant dans la continuité de la Guerre d’Indépendance et permit, entre autres,  ainsi que je l’écrivais, dans ces mêmes colonnes, à Jérusalem de devenir une ville libre et ouverte à tous….Pour grands que furent ces hommes,  leur attachement à la légitimité sioniste  fut puissant tant que l’accouchement d’autres nations n’imposait pas un choix !

Quant à Malraux, l’approche reste singulière, dans la mesure où son attachement au sionisme s’opposait à une relation à de Gaulle, homme providentiel à ses yeux. Depuis la fin de la guerre des six jours, il maintint un silence absolu à ce sujet qui contribua  à l’éloignement de  l’aura de celui qui ne sut pas dans sa vieillesse conserver la fascination qu’il exerça sur la jeunesse de son temps.

C’est sur l’analyse de ces diverses composantes de la réalité intellectuelle française que je me propose de réfléchir avec vous  prochainement. D’ores et déjà, il est significatif d’observer que toute pensée ou système philosophique se voit contraint « à l’examen de passage » que révèlera le parcours obligatoire de la rencontre avec le Judaïsme,  dans le cadre de la confrontation philosophique ou religieuse, ou, avec le sionisme, dans la perspective du rôle des Juifs et d’Israël dans la réalité géopolitique du monde.

FIN DE L’INTRODUCTION.

Une Réponse à “Sartre, Camus, Malraux. Quand les intellectuels Français étaient sionistes !”

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