Il est fréquent de rencontrer des parents dont le sentiment de vacuité juive est si fort qu’ils ont l’impression de n’avoir rien transmis à leurs enfants, si ce n’est ce « qu’il ne faut pas faire ! » Outre le sentiment d’auto dénigrement qui interpelle plus sur le plan psychologique et éducatif, ’il est indéniable que l’exemple est d’abord une force pour l’enfant, et il n’est pas, pour autant, établi, que le silence (ou discours) ne constitue pas le soutien stratégique et logistique de l’exemple.
Il est entendu que l’enfant fera ce qu’il a vu faire, sans se rendre compte de ce mimétisme qu’il pourra découvrir plus tard, bien plus tard.
Une identité qu’on tente de transmettre par l’explication, c’est-à-dire par la parole, est une ébauche, une approche, une velléité d’harmonie, jamais une initiation à « être vraiment, » parce qu’une nature identitaire interpelle celui à qui elle est présentée dans cette région profonde de l’être où elle suggère l’imitation si le projet satisfait ou, au contraire la « répudiation » si la perspective déçoit par le dépit qu’elle entraîne chez celui qui la manifeste.
L’identité juive est un militantisme où l’action a valeur de référence. Rien n’est plus éloigné de la conscience contemplative, c’est-à-dire, de l’esprit conscient des nécessités d’agir et qui s’en abstient pour diverses raisons, que l’esprit juif. Dans une classification naïve, on dirait que l’action est pour le Juif, ce que le rejet du monde est pour le Chrétien. Nous sommes là dans l’essentiel et le fondamental.
Or, le discours n’a de sens que s’il aide à agir, s’il décrit et insiste sur la valeur et la portée du cadre dans lequel cette action s’inscrira. Il enjolive l’action, il ne l’explique ni ne la justifie. Dans cette vision et cette conception de l’action est visé un objectif fondamental sur lequel repose « l’idéal juif » : l’exemplarité !
C’est ainsi que des parents agissants sont préférés à des parents sages mais « contemplatifs. » Un « exemple de courage ou de générosité » aura plus d’impact chez l’enfant qu’un discours souvent pénible sur la bravoure ou la bonté.
Il semblerait que la raison tienne à la « relativité » de la parole à laquelle l’enfant est très vite initié, par opposition aux risques de l’action qui lui apparaissent d’évidence sans recours à la démonstration. La « conscience contemplative » limitée au jeu apprendra à l’enfant que tout renoncement à l’action est une forme de jeu, puisque, dans la règle première, le jeu sort l’enfant du réel pour le projeter dans une dimension virtuelle, le tout évoluant dans une dimension extra-ordinaire !
Les fondements gréco-romains de la culture ambiante nous ont initiés très tôt au renoncement à l’action, comme relevant de l’inefficace et nous ont invités à privilégier la connaissance à l’action. De là, le mythe de l’intellectuel et le complexe de celui qui, n’en faisant pas partie se condamnera ainsi que ses proches.