Arnold Lagémi

Prendre l’initiative de l’attaque est devenu, dans un monde,  où la vertu se réduit à l’inaction,  la preuve d’un esprit belliqueux,  cherchant à en découdre coûte que coûte ! Alors que,  dans certains cas, ouvrir le feu peut être une des manifestations les plus subtiles  de la légitime défense.

Israël, plus qu’aucun autre Etat, est confronté à ce risque de devoir subir sans réaction,  pour ne pas être suspecté d’une accusation insupportable à sa conscience et à sa mémoire : la prédisposition à la guerre ! Par ailleurs, l’Etat Juif a pris l’habitude d’une légitime défense, distillée, nuancée et modérée à un point tel, que ses réactions défensives n’achèvent pas le processus militaire qui mettrait un terme aux causes de l’agression permanente. La récente opération contre le Hamas en est l’illustration.

Machiavel disait qu’ « une guerre juste est une guerre nécessaire.»  Cette approche est fondée dans la mesure,  où la nécessité de faire parler les armes, étend la définition de la légitime défense.  Le  déclenchement des hostilités,  devenant,  de facto, une manière de se protéger, la guerre apparemment offensive ne sort pas du cadre  de l’auto défense.

La guerre des six jours est significative à cet égard. Nasser avait créé un contexte qui prenait en compte, l’obligation israélienne  d’attaquer, tout en sachant que, pour de Gaulle, par exemple, le pays qui attaquerait serait l’agresseur !  Si Israël n’avait pas pris l’initiative, le Golan serait encore syrien,  avec danger majeur  et Jérusalem serait encore sous le joug jordanien.

Israël a pris l’habitude de la réaction mesurée en renonçant à l’action « majeure et massive » qui confirme les réussites, impressionne les peuples et justifie que l’histoire ne désavoue pas toujours les victoires militaires, pas plus qu’elle ne réprouve les annexions de territoires. La carte politique du monde moderne, dépend en grande partie du partage réalisé à Yalta, quand bien même le communisme est mort.

Une offensive entreprise contre le réarmement de l’Allemagne dès 1933,  aurait empêché, selon les confidences du Fuhrer, l’ouverture des hostilités !

N’est-il pas toujours admis que, tant sur le plan individuel que collectif, la menace de mort justifie une réaction défensive ? La guerre devient, dans ces conditions, juste, parce qu’inévitable, ce processus légitimant les conséquences,  dont l’annexion de territoires.

La résolution 242 décidée par l’ONU fait, certes obligation d’évacuer les territoires acquis  par la force, à condition, toutefois que l’Etat d’Israël soit reconnu !

.  «  Fin de toute revendication ou de tout état de belligérance, respect et reconnaissance de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de chaque État de la région et de son droit de vivre en paix à l’intérieur de frontières sûres et reconnues, à l’abri de menaces ou d’actes de violence. »

Les pays Arabes maintenant délibérément l’état de guerre, en acceptent nécessairement les conséquences et ne sauraient exiger l’évacuation de territoires acquis par les armes. Depuis 1948, les Arabes ayant accordé à « la guerre permanente » avec l’Etat Juif, le statut de principe, transforment en  légitime défense, s’inscrivant dans une stratégie défensive,  toute opération militaire  entreprise par l’Etat Juif.

Une question naïve et mettant en cause « l’absurdité absolue » de la politique arabe, entraînant à sa suite les Etats qui cautionnent est la suivante : Comment peut-on condamner ou seulement critiquer un Etat « QUI N’EXISTE PAS ? »

De ce point de vue, la création de l’Etat de Palestine est une confirmation de la volonté arabe de maintenir « l’état de guerre permanente » avec Israël !