« Nous sommes peu disposés à nous réunir à ceux qui ont placé les Juifs au dernier rang des peuples anciens et représenté leur doctrine comme une superstition farouche et fanatique.
Les écrivains du XVIIIème siècle qui ont traité les livres saints des Hébreux avec un mépris mêlé de fureur, jugeaient l’antiquité d’une manière misérablement superficielle, et les Juifs sont de toutes les nations celle dont ils ont le plus mal connu le génie, le caractère et les institutions religieuses. »
« Pour s’égayer avec Voltaire aux dépens d’Ezechiel ou de la Genèse, il faut réunir deux choses qui rendent cette gaieté assez triste, la plus profonde ignorance et la frivolité la plus déplorable. »
Benjamin CONSTANT, De la religion, tome II, p 210. Paris-Pichon et Didier, 1830- Ed Regain-Jacob Kaplan- Monte-Carlo.
COMMENTAIRE :
Grâce à une géniale intuition soutenue par une solide réflexion et, aidé des connaissances que pouvait avoir un lettré du XIXème siècle, Benjamin Constant s’éloigne de l’appréciation commune de son temps, présentant la Tradition Juive comme une superstition, objet de sarcasmes, de basses critiques et « descendue » à l’humiliation d’une superstition.
Tout en profitant de l’occasion offerte, Benjamin Constant, remet Voltaire (dont l’antisémitisme) n’est pas un secret, à sa place, en situant à ses côtés, celles et ceux qui, ne sachant rien de la « chose juive, » se permettent, critiques et jugements. Estimant que la cause à ces critiques infondées reposent sur « l’ignorance et la frivolité » Benjamin Constant, invite, proposition inouïe pour son temps, à l’étude du Judaïsme, tous ceux qui voudraient que leur « opinion juive » ait pour fondement la vérité.
Hormis cette condition, nul ne peut se permettre de « juger », « critiquer » voire « apprécier » le Judaïsme. Un conseil, une recommandation que ne s’adressent pas exclusivement aux non-Juifs, mais devraient inspirer, bon nombre de Juifs qui, selon l’expression de Maïmonide, désirent se promener dans le jardin (étude de la Kabbale) avant les « préalables nécessaires ! »