De facto, les intellectuels « purs et durs » ne sont pas les seuls concernés. Si l’on y ajoute les philosophes, les grands artistes, (peintres, romanciers, etc…) on constatera que tous ceux dont l’essentiel se confond avec le Progrès ne parviennent pas à l’assurance de leur capacité à neutraliser l’antisémitisme. C’est volontairement que je ne cite aucun nom. Les listes seraient bien longues. Mais un fait s’impose avec la conviction de la démonstration et l’irréfutabilité de la justification:
En dépit, de leur rayonnement national et international, les hommes et les femmes « de lumière et de progrès, » celles et ceux qui contribuent, en tout domaine, au rayonnement de la culture et des sciences, qui tentent d’arracher l’homme à tout ce qui le défigure et l’aliène, restent singulièrement impuissants, dès que de subtils leviers parviennent à extraire de la fosse la « bête antisémite, » lui accordant, de nouveau, l’opportunité de sévir.
Je dirai simplement que la culture est de l’ordre de l’esprit (*) et que l’antisémitisme est son contraire. Il provient d’une pulsion souvent meurtrière, relèvant de l’obscur, de l’inconscient, bref d’une zone opératoire différente et irrémédiablement opposée à celle où agissent les « grands hommes » de culture et de progrès.
La haine du Juif demeurant irrationnelle et, par conséquent, participant de cette part obscure de l’homme qui ne s’encombre pas plus du concours de l’intelligence, que de celui de la raison, s’opposera de manière déterminée à l’humanisme. La critique à l’égard du comportement d’un ou de plusieurs Juifs s’étendant et s’entendant à tous les Juifs, relèvera d’une globalisation de type raciste que, par principe, l’humanisme condamnera.
(*) Entendons par esprit, l’intelligence objective et rationnelle.
L’antisémitisme alimenté exclusivement d’irrationnel entrera dans une compétition impitoyable avec ces forces auxquelles il s’oppose et remportera presque toujours la victoire car solliciter la « face cachée de l’homme » exalte des sentiments, souvent pétris d’humiliation et de dévalorisation de soi, moteurs puissants à capacité neutralisante et anesthésiante de l’intelligence. La passion a souvent raison face au raisonnable ! « Le cœur, n’a-t-il pas ses raisons etc… ? »
Le recours à ce mécanisme d’exploitation de l’émotion, est pratiqué par tous les dictateurs qui visent moins à faire réfléchir qu’à contraindre à l’adhésion, ce capital « émotif » « sentimental, » en l’exaltant, de façon unilatérale, tout en se gardant bien de provoquer l’irruption de la raison dans un type de relations qu’on appellera charisme ce qui n’est qu’exploitation des failles les plus secrètes de la conscience humaine.
L’antisémitisme sera relié d’abord, de manière inconsciente, au terrain toujours porteur, « du dieu humilié ; » en l’occurrence, le Christ en croix, dont l’amoindrissement et le rabaissement, réveilleront la volonté de revanche, le désir de punir, qui restent les déclencheurs basiques de l’antisémitisme. S’y superposeront des raisons économiques, « la richesse des juifs » ou génétiques, « l’intelligence des Juifs » qui toutes, renverront à l’inacceptable dépréciation, l’insupportable humiliation, et transformeront en… jalousie meurtrière ce qui, au départ était une concurrence de nature religieuse.
Dans ces conditions, l’homme étant plus sensible à ce qui assoit son équilibre affectif qu’à la culture, élément rapporté, qui, rarement atteint l’homme dans l’image de lui-même, « les hommes de lumière » hisseront presque toujours le pavillon de la reddition, quand ils seront confrontés à des hommes revivant, telle une malédiction, les blessures ou les flétrissures du passé et voulant s’en débarrasser à tout prix. Les dommages d’amour propre, concèdent souvent, tout comme la jalousie, déesse tutélaires des faiblesses humaines, les intentions les plus redoutables à la passion. Des potentialités criminelles aux exactions de toutes sortes, ces dommages d’amour propre sont les perversions caractéristiques du quotidien de l’antisémite.
L’intelligence est mise de côté pour s’abandonner à la répercussion passionnelle, perçue comme la seule voie pour retrouver le passé d’avant la blessure. Dire, « Sale Juif, » c’est plonger dans le temps où s’accomplit la flétrissure. C’est qualifier son auteur du forfait qu’il vient, ou est, sur le point de commettre ! C’est ne pas vouloir s’extraire de cette dimension, avant que Justice ne passe. ! Être antisémite, c’est nier le constat historique à l’avantage du rêve. Plutôt imaginer le Juif idéal, servile et soumis, que d’accepter Tsahal, d’où le syndrome antisémite de vouloir réécrire l’histoire!
Combattre les antisémites réclame la capacité à savoir utiliser les forces relevant du mythe ou de l’irrationnel. Le sionisme ayant conduit au Renouveau National Juif, ainsi qu’à la proclamation de l’Etat d’Israël, véritables miracles, selon les spécialistes, va, par certains recours à l’irrationnel auxquels l’incompréhension de l’histoire le conduira, l’aider à détruire l’antisémitisme devenu antisionisme, de l’intérieur en activant les mêmes ressorts que lui, mais dans une perspective différente. « Le Juif Errant, s’opposera au haver kibboutz, par la malédiction imaginaire qu’il véhicule, opposée à la rédemption historique réalisée par le second. Que l’antisémitisme disparaisse pour laisser place à l’antisionisme était prévisible et inévitable. Que l’antisionisme finisse par s’éteindre, deviendra tout aussi inévitable, quand les Juifs comprendront le mécanisme subtil de « passation des relais! »
Les antisémites n’accepteront jamais que les Juifs ne paient pas la facture du Golgotha ! La Renaissance historique d’Israël les interpelle désormais dans leurs certitudes chimériques et les conduit au réalisme historique, autre forme insupportable du rationnel.