Quand le Président Giscard d’Estaing lança, au cours du célèbre débat télévisé : « Monsieur Mitterrand, vous n’avez pas le monopole du cœur » il restituait à la droite cet idéal d’humanisme qu’elle avait perdu et que la gauche lui avait confisqué, sans toutefois le mériter ou le justifier.
Cette petite phrase fit son chemin, car elle signifiait que, par devers elle, et, implicitement, au-delà de la politique exclusivement, la gauche portait, (ayant pris soin, préalablement de la laïciser,) une conception de l’homme et du monde, proche de l’idéal des forces libérales et de progrès qui reconnaissait à l’homme, plus qu’au système, cette centralité qui, jusqu’à une certaine limite confondait droite et gauche dans une approche commune les « lendemains qui chantent. »
Mais, en histoire, la vérité ne s’accommode pas longtemps de « l’à peu près » et surtout pas de l’équivoque ». Et les définitions identitaires se révèleront, par des dévoilements souvent incongrus. En l’occurrence, c’est, une fois de plus, par rapport aux Juifs, saisis dans leur volonté de (re) devenir acteurs de l’histoire, que l’humanisme prétendu de la droite retrouvera sa place dans l’antisionisme, tel que de Gaulle le définira en 1967.
Et, la gauche, prise au piège de ses démons familiers de la concurrence avec la droite, deviendra, au fil du temps, d’abord « un concours théorique » à l’émancipation des peuples colonisés, parmi lesquels, le jeune Etat d’Israël tenait une place de choix. Ce fut la période faste et contradictoirement généreuse de Guy Mollet et de la SFIO.
L’illusion dans les alliances n’a qu’un temps. Lorsque la gauche prit conscience de l’immense potentiel économique qu’elle sacrifiait pour la sauvegarde de l’Etat Juif, deux objectifs lui apparurent alors, débarrassés de toute référence idéologique :
a) Ne pas abandonner à la droite l’exclusif de l’aide et du soutien aux « colonisés » que de Gaulle ambitionnait d’incarner.
b)la nécessité de « lâcher » habilement Israël qui, économiquement parlant ne souffrait pas la comparaison avec le potentiel pétrolier arabe et que risquait de lui ravir une droite qui se présentait capable et tout à fait apte à revendiquer sinon le monopole, du moins, une part non négligeable de l’aide à ce qu’on appelait alors le tiers monde.
Dans ces conditions, l’ambition de la gauche sacrifiée à des fins économiques se réduira à un idéal qui, devenu « ambition rivale » de la droite, trahira son attachement affirmé à l’héritage judéo-chrétien. Il me semble que c’est Bernanos qui soutenait que « la porte de la forfaiture entr’ouverte finira par laisser passer toutes les félonies ! » C’est ce qui se passe. Entrée dans une compétition où seul l’intérêt justifie tous les excès, la gauche a franchi le seuil de l’honneur en s’adaptant à tous les alibis pour authentifier ses prétentions de rapprochement pro arabe. Hier, l’aide aux ex colonisés.
Aujourd’hui, un antisionisme si peu voilé.
Oui, vraiment la richesse de la gauche n’est plus qu’un héritage !