Habitués aux schémas classiques, voire ringards des conflits répétitifs, il est fréquent de projeter sur une réalité contemporaine des réminiscences militaires obsolètes. Est-on conscient que la seconde guerre mondiale, sans Hiroshima et Nagasaki aurait eu des prolongements insoupçonnés en Asie, notamment. Or, le largage des bombes atomiques a mobilisé, peu de monde et peu de moyens au regard des dépenses exceptionnelles qu’a entraîné, par exemple, le débarquement en Normandie
En ordonnant l’usage du feu atomique, le Président Truman, faisait basculer la guerre moderne dans l’arsenal des potentialités belliqueuses nouvelles où certains veulent y voir encore des répliques améliorées d’Austerlitz ou de Verdun…Là est l’erreur d’appréciation. Les guerres modernes où l’utilisation de l’arme suprême est prévisible exigent des moyens rapides, brefs et efficaces. Le missile lancé vers son objectif, a un coût dérisoire, par rapport aux dégâts massifs qu’il occasionnera.
Or, pour un conflit entré dans la dimension du probable, comme celui auquel l’Iran semble se préparer, l’éloignement géographique, empêchant l’envoi d’un corps expéditionnaire dont l’entretien imposerait la pénétration tactique d’une intendance dont Israël n’a pas les moyens impose le recours à l’arme atomique.
Or, dans ce cas précisément, l’aide militaire américaine pourra s’envisager pour renforcer, par exemple, la protection des populations civiles, sans, pour autant, semble t-il, rendre nécessaire l’implication de l’US Army. Les combats avec des frontaliers resteront des affrontements classiques, alors que, les engagements lointains nécessitant, le recours à des armes non-conventionnelles, par la fulgurance et la précision dont elles sont dotées, semblent exclure la participation d’un allié, quand bien même celui-ci disposerait de la meilleure armée du monde.
1973 fut probablement la dernière guerre israélo-arabe où l’adversaire pouvait escompter sur les ravages consécutifs du temps, l’Etat Juif éprouvant, très vite, le syndrome de l’étouffement que génère sa difficulté à mener une guerre longue et coûteuse. Cette malchance tactique n’ayant plus, apparemment, de raison d’être en cas de conflit atomique, une redéfinition de l’assistance militaire US devrait être envisagée, afin que cesse de perdurer une vision militaire, obsolète dans ses moyens, et dangereuse dans une finalité qui, coupée des réalités pourrait conduire à de sévères déconvenues.