Les réserves françaises au sionisme affirmées par le général de Gaulle en 1967 ne sauraient, pour autant, effacer les « effets citoyens » qui découleront du Décret d’Emancipation des Juifs en 1791 et de la convocation du Grand Sanhédrin napoléonien de 1806 : la renaissance de la « conscience politique juive » perdue depuis le premier siècle par l’occupation romaine de la Judée et l’exil qui s’en suivit.
Privée de tout « exercice nationaliste, » l’identité juive amputée d’un des aspects majeurs de sa vocation, se réduisit à l’exercice religieux, seul dispensateur de judaïcité.
Une fraction non négligeable du peuple juif attaché au maintien de la Tradition, ainsi qu’à l’observance de la Loi Juive, pose toujours la question de l’opportunité de la Alyah, mais dans des catégories d’expression où le contenu de l’interrogation apparaît sans lien avec les devoirs ou obligations de la « conscience politique ». En effet, l’orientation du positionnement préalable à l’éventualité de la Alyah reste d’ordre religieux. Le Juif concerné sera d’abord préoccupé par la recherche des meilleures conditions où il pourra affirmer et vivre les devoirs et obligations de la condition juive, du moins l’idée qu’il s’en fait.
Ces Juifs, par le contenu de l’interrogation, sont encore et seulement dans le « débat religieux » qui, s’il mène à la Alyah, ne sera pas, pour autant, l’expression de la « conscience nationale juive » mais l’affirmation d’un sionisme individuel, et non historique, qui se traduisant souvent chez les dirigeants de communautés, par la volonté d’être enterrés en terre d’Israël, situera un niveau de réalité, d’une approche ne présentant aucune similitude avec le renouveau historique, dont une des manifestations identitaires est l’affirmation d’un « projet historique » et non la recherche d’un lieu pour y… mourir !
La conscience politique reste donc le préalable nécessaire à la naissance du sionisme historique. Or, la révélation de celle-ci ne peut naître par « génération spontanée. » Les « droits de l’homme » signifient rarement un contenu s’ils sont réduits à n’être qu’imaginés. Seul, le support de l’expérience leur confère un contenu, leur accordant cet acquis qui éveillera ses bénéficiaires à la « conscience politique » ou « citoyenne ».
C’est, précisément le Décret d’Emancipation de 1791 suivi des « invitations impériales » à l’Assemblée des Notables ainsi qu’à la Réunion du Grand Sanhédrin qui, curieusement, éveillant les Juifs à la « conscience citoyenne » les conduiront progressivement à s’interroger sur l’éventualité d’une imputation nationale juive des acquis consentis.
Cette réflexion conduira inexorablement à la naissance du sionisme politique !