Voilà une affaire où si l’on voulait préserver des intérêts partisans on n’eût pas agi autrement. Il est singulier, en effet, que le Tribunal Rabbinique de Paris ne se soit prononcé ni sur la « faute » de Gilles Berneim, ni sur la façon expéditive avec laquelle celui-ci a conclu « l’affaire. »
Mesure-t-on l’isolement de celui qui « porta » la communauté juive de France ? De son amertume face à cette démission dont on se contenta, si peu soucieux de lui apporter l’aide et le soutien qu’imposaient sa fonction et les responsabilités qui furent les siennes ? D’un point de vue halahique (droit rabbinique) cette démission est-elle recevable et conforme ?
A-t-on le droit de laisser un homme « seul » avec sa faute sans que les moyens d’y pallier ne lui soient signifiés ? Peut-on laisser un « accusé » s’imposer lui-même une sanction aussi radicale qui prive la communauté d’un homme de grande valeur ? Les Juges rabbiniques approuvent-ils le radicalisme de l’éloignement que s’impose Gilles Bernheim ? Cette extrême sévérité n’atteint-elle pas l’homme plus que son manquement ?
Peut-on se comporter avec autant d’indifférence à l’égard de celui qui fut le « gardien » de la communauté ? Il semblerait que ce silence pesant indiquât plus la faute d’autres, qu’elle ne confirmerait le bien fondé des motifs de la démission
Gilles Bernheim doit savoir que des Juifs de plus en plus nombreux lui renouvellent affection et reconnaissance et je le prie de bien vouloir me compter parmi eux, en dépit d’une lettre ouverte, où je manifestai mon désaccord politique.
Je le prie de me considérer comme son humble obligé et l’assure que, quelle soit la qualité de son successeur, sa place restera vacante pour bon nombre de Juifs de France, qui considèreront qu’au regard de la responsabilité collective, les Juges rabbiniques, à l’image du premier d’entre eux et sauf, explications de leur part, sont, de facto, démissionnaires de leurs fonctions.
En effet, la démission de Gilles Bernheim, ne paraît pas plus recevable dans le fond qu’elle escamote, que dans la forme arbitraire qu’elle adopte, réduisant plus Gilles Bernheim à un bouc émissaire qu’à celle de justiciable dont la fonction de Grand Rabbin ne saurait dispenser du bénéfice !
Cher Mr Lagémi ,
je ne saurai mieux faire que de m’associer à votre allégeance , si vous me le permettez.
Dans ma petitesse , si tant est que je n’aurai pas le droit de le juger ,il y avait sans doute des arguments pour et contre sa démission .
Le beau pied de nez , ce serait qu’il se représente et soit élu.
Bien à vous
« Le beau pied de nez » auquel vous vous associeriez, loin d’attester de votre « petitesse » témoignerait plutôt de votre attachement à la justice, sentiment qui, toujours sous tend la grandeur.
Merci, Monsieur, de votre témoignage.