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« De tous les anciens peuples, on ne connaît que les Hébreux qui aient eu des dogmes publics de leur religion. Abraham et Moïse ont établi la croyance d’un seul D.ieu, source de tout bien, auteur de toutes choses.

Les Hébreux en parlent d’une manière très digne de la souveraine substance et on est surpris de voir des habitants d’un petit canton de la terre plus éclairés que le reste du genre humain. Les sages d’autres nations en ont, pet être, dit autant quelquefois, mais ils n’ont pas eu le bonheur de se faire suivre assez, et de faire passer le dogme en loi. »

Essais de Théodicée. Œuvres philosophiques, tome II, page 2 – Paris Alcan 1900 Ed Regain Monte Carlo.

COMMENTAIRES/EXPLICATION

Tout dogme qui ne devient pas loi reste une opinion. C’est, précisément, à cette lacune que s’attaque Leibniz (inventeur du calcul infinitésimal) en sous entendant que toute prétention à définir la vérité doit faire la preuve qu’elle peut soutenir la contradiction sans, pour autant, s’extraire de l’histoire.


Leibniz ne distingue que les Juifs, capables de gagner un tel pari ! Il ne condamne pas les opinions, il les juge disqualifiées si, définies par les sages, ceux-ci ne parviennent pas à les transformer en lois. Et le philosophe  de suggérer  un corollaire souvent méconnu par les prétendants à la vérité : la maîtrise de la pédagogie, c’est-à-dire, la capacité d’expliquer et de convaincre, seule susceptible de transformer en « règle pour tous » ce qui, en demeurant, une croyance personnelle,  ne pourra pas prétendre à en faire bénéficier la collectivité.


D’une manière très subtile, Leibniz démontre par cette brillante analyse, qu’une ambition aussi universelle sur le plan philosophique ne peut que déboucher sur la démocratie, forme d’autorité politique, privilégiant le consensus général pour donner à l’autorité l’assise morale indispensable à sa crédibilité.

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