Jules Simon a été Ministre de l’Instruction Publique, Philosophe et Homme d’Etat Français.
COMMENTAIRE/EXPLICATIONS
Le texte que je vous invite à découvrir ci-après vous « plonge » dans l’Assemblée des Notables, convoquée par Napoléon en 1806. Vous y découvrirez les questions pertinentes posées par l’Empereur des Français, soucieux de vérifier l’attachement des Juifs à la France ; questions qui pourraient inspirer aujourd’hui encore, l’Administration Française…
Outre son talent de philosophe qui lui permit d’en tirer des conséquences pratiques, Jules Simon qui présenta l’intervention des Notables, convoqués par l’Empereur Napoléon 1er en 1806, oubliera sa capacité à comprendre, afin de privilégier la narration de cette convocation avec objectivité pour le fond et souci du détail pour la forme. L’Empereur n’eut pas à tergiverser. L’Assemblée des Notables permettait de conclure :
L’obéissance aux lois de l’Etat engage le Juif jusqu’à sa mort, d’où une fidélité sans faille à ces lois et une obéissance sans concession à celles et ceux chargés de les appliquer.
Jules Simon écrit : « Quand les rabbins et les délégués furent réunis, la première question que le gouvernement leur posa fut celle-ci : « vous regardez-vous comme citoyens ? Vous croyez-vous obligés à obéir aux lois ? L’assemblée s’écria de toutes parts : Jusqu’à la mort. » On leur demanda si leur religion leur donnait le droit d’épouser plusieurs femmes ? De divorcer sans le concours des tribunaux, et pour des causes non admises par le Code Civil ?
Si les mariages mixtes leur étaient interdits ? Si l’usure leur était défendue à l’égard de leur frère et permise à l’égard des étrangers ? Ils répondirent que la loi divine contenait des dispositions religieuses et des dispositions politiques, que les dispositions politiques étaient nécessairement abrogées depuis que le peuple d’Israël avait perdu son existence distincte, ses rois, ses magistrats ; que nés en France et traités en citoyens par la loi, ils acceptaient pleinement tous les devoirs de citoyens.
Quand ces questions furent posées par les commissaires du gouvernement, l’assemblée manifesta, par un mouvement unanime, combien elle était sensible à la défiance qu’elles exprimaient. Ils vivaient au milieu de nous, partageant nos charges, nos périls ; et nous ne connaissions ni leurs lois, ni leurs mœurs, ni leurs sentiments. Et quand donc avaient-ils désobéi ? A quelle époque de leur histoire y eut-il une insurrection des juifs ?
Même quand on les dépouillait, quand on les chassait avaient-ils recours à la violence ? Les juifs comme individus, étaient-ils moins réguliers que les chrétiens ? Remplissaient-ils les bagnes et les prisons ? Leurs ennemis mêmes s’accordaient à rendre hommage à leurs vertus domestiques. La famille juive était restée pure aux époques les plus licencieuses. Paria au dehors, le misérable juif, rentré chez lui, fermait toutes les portes, cachait sa vie aux ennemis de sa race et de sa foi, et devenait un patriarche. »
La Liberté de conscience, page 305 – Paris Hachette 1883.