Merci à Danielle Guez d’avoir suscité cette réflexion.
Si Israël a été confronté à l’Egypte et si, Moïse en a été le vice Roi, avant d’en être le proscrit, c’est que l’Egypte des Pharaons représente quelque chose de bien particulier, qu’Israël doit être capable de vaincre. Evitons, à propos de Moïse, les enfantillages. Si, le fils adoptif de la princesse royale est devenu vice roi, alors que cette fonction sacrée est politico-religieuse, le vice roi ayant « la haute main » sur le clergé, c’est que Moïse, grand Connétable d’Egypte, avant sa révolte, sa fuite et la rencontre avec l’i.neffable a …sacrifié à l’idolâtrie. Soutenir une autre vision, réduirait la Bible à une mythologie.
Je relèverai deux éléments qui donneront accès à une ébauche de compréhension sur les raisons de cette « rencontre » et confirmeront que, tout comme Abraham savait que les statues de son père ne prenaient pas assise sur la vérité, sans pour autant savoir où se trouvait la route qui y menait, Moïse a su « qu’il fallait rendre justice » en exécutant l’Egyptien, sans avoir reçu « d’informations » sur la nature du droit, et les moyens de le pratiquer.
Le constat de carence s’impose à l’homme et signe sa grandeur. La substitution de la vérité au mensonge dépend de l’opportunité, laissée à la seule appréciation de la transcendance. Les deux éléments retenus concernent la morale individuelle et l’orientation de la destinée des hommes. Le premier est relatif à l’inceste, couramment pratiqué par la famille royale.
Le pharaon « prend » sa sœur qui devient sa femme, alors que l’hébreu « prend » une femme et s’efforce d’en faire sa soeur.
Le deuxième, sera la vision embryonnaire, d’une conception de l’homme et de sa relation au monde, où l’histoire ne sera pas prise en charge par l’homme. Celui-ci devra, au contraire, attester, démontrer que sa destinée ultime est au-delà de l’histoire et, fonder son authentique espérance, sur son aptitude à trouver place au Royaume des… morts !
Or, nous avons appris que les deux principales raisons qui font dévier le vrai et le juste relèvent de l’idée qu’on se fait de la transmission de la vie, c’est-à-dire de la définition convenue pour la sexualité. A la fin de sa lutte avec l’ange, Jacob boitait car il avait été frappé dans une région proche des parties génitales, ce qui explique pourquoi « l’arrière » d’une bête, cachère, n’est pas consommable.
Le deuxième élément, reste l’ultime tentative de l’homme de fuir sa responsabilité première, de prendre en charge l’histoire et de l’assumer conscient qu’elle reste la voie royale de sa condition. Que cette orientation soit issue d’une religion ou d’un système rejetant toute autre implication que le désir de l’homme, elle restera avec la morale personnelle et le respect des conditions de transmission de la vie, les deux moyens de savoir si l’homme de la Bible s’y retrouvera par la découverte de ses repères.
Manitou enseignait « L’homme se distingue par la façon avec laquelle il « poursuit l’avenir », une des définitions juives de la sexualité, et par la manière avec laquelle il se construit (définition de la cashrout.)
L’Egypte initiera une « doctrine de mort » préparant le terrain à une autre culture qui, tout comme l’Egyptienne, mais avec les mots lui appartenant, assurera que « son royaume n’est pas de ce monde. » La transmission de la vie réduite à la seule procréation, par l’interdiction brutale de tout moyen anti conceptionnel ou se limitant au seul plaisir de l’homme, ne trouvant pas motif à nier le mariage homosexuel, (inconnu en Egypte mais implicite et prévisible, par le choix de l’option hors nature) il devenait inévitable qu’Israël lui soit opposé, pour que soit vérifiée d’abord sa capacité à résister pour devenir le peuple en charge de la Rédemption Universelle.
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Texte passionnant qui ouvre une perspective que je n’avais pas envisagée. Ainsi, l’Égypte aurait ouvert la voix au christianisme («Mon royaume n’est pas de ce monde») tandis que le judaïsme (avec le séjour de Moïse chez Pharaon) aurait repoussé ou, tout au moins, se serait inscrit en négatif par rapport à la culture égyptienne. C’est tout au moins ce que je comprends à la lecture de ces lignes qui tendent à souligner que le judaïsme est une religion qui à aucun moment ne contredit la raison. J’ai écrit «religion» mais il m’aurait fallu écrire «école de pensée». Ce texte me remet en tête une question qui me préoccupe depuis longtemps : l’incinération. L’incinération (de plus en plus en vogue) n’est-elle pas l’une des marques du nihilisme ? Ernst Jünger en fait la remarque, quelque part dans son «Journal». Incinérer ne serait-il pas une manière de nier l’héritage juif mais aussi chrétien (des héritages certes antagonistes) et de vouloir les détruire ?