Le visiteur ne peut manquer d’observer le port de plus en plus rare de kippot. Marcher, « la tête couverte, » semble désormais réservé aux professionnels de la « chose » ou à ceux, qui, maintenus dans l’orthodoxie, continuent de se couvrir, « comme ils l’ont toujours fait » à Minsk ou à Meknès. Mis à part ces obligés du couvre-chef, les Juifs concernés par l’observance, et, ils sont nombreux en France, ont, pour la plupart, préféré la « tête nue » au crâne fracassé. »
Les kippot sont, néanmoins de couleur noire et les « porteurs » font de tels efforts pour être discrets, qu’on se surprend, dans les moments de faiblesse, à soupçonner un fantasme collectif de peur immotivée. Alors que cette peur, n’est pas le fruit d’un imaginaire pathologique. Elle est tangible, réelle et peut porter à conséquence. Il faut dire que la « peur juive » pèse d’un poids si réel dans la conscience des Juifs de France, qu’un seul bruissement insignifiant entendu dans un lieu insolite, pourrait redonner âme à des pans entiers d’une mémoire à jamais maudite !
Les Juifs de France, en l’occurrence de Paris et de sa banlieue, ont peur. Ils le disent ouvertement. Comme ce dentiste, ami qui me confia que son fils, encore à l’école primaire, lui avoua avec cette naïveté propre à l’enfance, renforcée par une tragique et surprenante lucidité « Si des policiers protègent les enfants Juifs, c’est que la guerre n’est pas finie ! »
En bien des domaines la France a été le phare de l’Europe, si ce n’est la lumière du monde ! Ce qui s’y passe est souvent annonciateur de changements, de bouleversements, pour elle-même et pour ses voisins. Les croisades, les grandes réformes politiques ou sociales, les courants novateurs, porteurs de découvertes scientifiques ou les éclairs humanistes ont, pour la plupart d’entre eux, vu le jour en France.
La situation des Juifs traduit aussi la place accordée aux libertés. Leur Emancipation annoncera celle des Juiveries voisines, que Napoléon libèrera au nom de 1789. Et si ces Juifs ne se sentent plus en sécurité, si la première communauté Juive Occidentale, après celle des Etats Unis, retrouve les démons familiers de la peur, cela est le signe qu’une question vitale est en jeu » Et, qu’en sera-t-il des autres pays ? C’est précisément une question de ce genre, que se posa Hertzl, venu à Paris, « couvrir » l’Affaire Dreyfus et, qui entendit sous ses fenêtres, les démons battre le rappel sous les cris de « Mort aux Juifs ! »
La France n’a pas estimé devoir tirer enseignement de l’antisémitisme français, tel que subi de 1940 à 1944 et qui pourtant imposait une réforme en profondeur de l’enseignement. Un Maréchal de France, auteur du « statut des Juifs » adulé par une France tétanisée, traduisent la profondeur d’une réalité qui imposait aux gouvernants une audace qu’ils n’ont pas su ou voulu mettre en place. Aujourd’hui est la conséquence de cette carence criminelle !
La Communauté doit, dans ces conditions, se rappeler ses illustres administrateurs ou Rabbins qui, des Rothschild au grand rabbin Kaplan, surent imposer la conduite que suscite la dignité retrouvée. En l’état, si les Juifs de France, sont engagés dans les conséquences à tirer de cette peur, éminemment confirmée, un autre acteur, l’Etat, détenteur de bien des moyens, sinon de la résolution du problème, doit être interpellé. Sans délai ! La sécurité des Juifs en est l’enjeu, l’honneur et la dignité de la France, aussi !
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