Initialement d’origine et de nature religieuses, l’antisémitisme français passa de l’inégalité raciale avec Gobineau, pour tenter une formulation dont l’ambition visait à compenser l’insuffisance du fond par l’exaltation d’un Barrès, d’un Déroulède ou d’un Maurras. Y apparaissait une image d’Epinal où la caricature prenant le pas sur la réflexion, le Juif devenu « errant » se transformait en propagateur de maladies, de théories politico sociales pernicieuses.
L’affaire Dreyfus consacra cette haine du Juif par la division en deux camps de la France républicaine dreyfusarde et de l’autre France, anti juive, dont Dreyfus alimentait l’esprit par sa réduction à sa référence identitaire : la félonie et la trahison.
Ces antisémites, pour une part non négligeable d’entre eux et, en dépit de leurs pratiques indignes, puisaient leur argumentaire dans l’arsenal où la trahison d’un Paul Morand, d’un Drieu La Raochelle ou d’un Maurras n’enlevaient pas, pour autant à ces hommes, l’envergure d’une pensée qui, pour pourrie qu’elle fût, ne permettait pas à n’importe qui de la contester sans avoir appris et compris le fondement de leurs conclusions.
Et, pour certains de ces hommes à la pensée profonde, quand bien même pervertie, on pouvait espérer un revirement comme l’envisageait, par exemple Malraux à propos de Drieu La Rochelle.
Mais aujourd’hui, qu’est devenu cet antisémitisme ? De nature à se fourvoyer, il trouve son inspiration dans les fosses à purin qu’il a appris à dépasser toutefois, en trouvant motif et prétexte à la dérision et au rire en s’attaquant aux valeurs, principes et vertus qui gravissent autour de la Shoah.
La corruption d’un Céline, en dépit de sa puanteur, ne s’y serait pas trouvée à son aise, parce que l’antisémitisme français tenait au maintien d’une allure qui, pour criminelle qu’elle fût impliquait une certaine exigence que les antisémites de foire ignorent. Martyriser un enfant est œuvre du diable.
En rire n’est plus besogne humaine. L’antisémitisme français en est là !