Obéissance, soumission ! Si avec leurs sœurs jumelles, fatalité et docilité, ces attributs de défaillance, renferment des aperçus potentiels de l’identité hébraïque, elles ne sont qu’opportunités incertaines du devenir juif. Elles ne porteront l’estampille de l’authenticité juive que vérifiées par cette qualité initiale, préalable, gage de validité permanente, l’aptitude à la rébellion.
Un coup d’œil sur la typologie hébraïque confirmera que, la rébellion est l’état d’âme, inséparable de l’homme prenant la vie au sérieux. Sur le parcours d’une vie, l’humanité (pas l’humanisme !) se définit par la place que tiendra la désobéissance, forme première de la rébellion comme manifestation intuitive indiquant que la méconnaissance de la « bonne route » n’empêche pas de pouvoir définir celle qui reste mauvaise, sans doute possible.
La capacité à « mettre en doute, » l’aptitude à vérifier, sont des manifestations de ce que Nietzsche appelait « la volonté de puissance. » Ce sont d’abord et surtout, des attributs identitaires du Résistant dont la rébellion deviendra l’état d’âme consécutif et indétournable.
Que ce soit, l’effort manifesté à l’élaboration de sa propre identité, dont Abraham inaugurera la figure marquante et marquée par la rébellion certes, mais aussi par les voies de fait découlant de cette rébellion, qui chez « l’homme de l’histoire, » ne sont jamais « un tas de petits secrets, mais actions, voire provocations délibérées. « J’ignore par où passe le vrai, mais il ne passe pas par ces statues ! » Et Abraham fut le premier iconoclaste de l’humanité !
La rébellion s’accompagne parfois d’une pulsion mortifère, de nature suicidaire. « Je sais que j’ai besoin de ce qui dépasse ma vie d’homme ! Je n’ai pas trouvé par quoi et avec qui remplacer ces statues ; mais je sais qu’elles sont le néant. Alors, j’élague ! »
L’héroïsme du rebelle, c’est son refus de composer. D’où son ignorance de la négociation, sa dénégation viscérale de la concession. Le rebelle prend donc souvent l’initiative. Il n’y a pas de calcul, même à court terme chez le rebelle. Son savoir est mis en pratique, parce que toute certitude est aussi optimisme et confiance.
Ce portrait d’Abraham, père des Croyants, premier résistant et apologue véhément de la rébellion, définie comme matrice de tout humanisme, semble exclu de la typologie chrétienne ou islamique. Voire même de l’agnosticisme : Le fanatisme n’aime pas les rebelles ! La deuxième phase de la vie d’Abraham, celle où l’Ineffable se révélant, reste privilégiée, par l’apparente docilité, à qui les ignorants donneront la première place, parce qu’ils savent que la consécration de la rébellion seule, reste une arme, pouvant frapper et atteindre n’importe qui ! Par ailleurs, l’arbitraire ne saurait faire « bon ménage » avec la rébellion !