Le Rav Simsovic est un des plus fidèles « leviers » de la pensée de Léon Askénazi, Manitou. Tant dans la synthèse que dans la forme. Toutefois, il ne sait pas, comme d’autres, « se mettre en avant ». Et pourtant, il le devrait, ne serait ce qu’au nom du géant, dont il fut l’élève et l’un des principaux disciples.
Cet extrait de Pirké Avot est généralement mal traduit, notamment à sa fin, où « guémilout hassadim » devient charité, générosité, aumônes. Or, ces traductions sont irrecevables, non, parce qu’elles sont approximatives, mais essentiellement, parce qu’elles sont des …contresens !
En d’autres termes, elles déforment le sens pour le conduire à s’intégrer dans une conception de l’humanisme et du progrès qui s’éloigne radicalement de la Loi de Moïse, pour devenir artifice, mais surtout, valeur rapportée, estampillée « Juive» cependant, par toute une « école » vivant dans l’illusion dangereuse que les principes de la morale hébraïque se retrouveraient dans « l’idéal évangélique ! »
Or, « Guémilout Hassadim » renvoie d’abord à la racine de Nigmal qui veut dire « être sevré » et Guémilout, se traduit par rémunération !
Les actions qu’évoque le Pirké Avot et qui représentent une des attaches fondamentales par lesquelles le monde subsiste, n’ont aucun lien avec la charité, parce que celle-ci est une confirmation de la dépendance, de l’état de manque et de besoin, que sa pratique doit être vue comme une des définitions de la faute, plutôt qu’une approche progressiste de l’avancée sociale. Un verset des Psaumes, me semble, t-il, dit fort justement : « Hessed Léoumim Hatat »
La conception de la charité chez les non Juifs est une violation de l’ordre moral. Parce qu’elle est initiative de maintien de l’homme, ès qualité d’objet de charité !
« Les actions généreuses », traduction très relative de notre expression, impliquent certes la générosité. Mais en tout premier lieu, elles engagent « l’idéal révolutionnaire » de la morale juive, dont la « substantifique moelle » si elle est « aide d’urgence » « premier secours » reste d’abord et surtout volonté véhémente, d’affranchir l’homme, de le SEVRER de la dépendance humiliante de la charité. Le donateur est ainsi invité à accorder privilège et priorité à toute action généreuse, qui, cependant, ne perdrait pas de vue que le but ultime, loin d’être la charité, doit être le désir que l’homme vive de rémunération, parce que « sevré » de cette manière de vivre qui en l’humiliant, fait de l’obscurantisme, un principe nécessaire.
Si les Juifs ont été mêlés à toutes les avancées de l’humanisme social, c’est probablement l’empreinte d’une éducation par laquelle la révolution (rêve en évolution) en l’occurence, la lutte pour l’égalité sociale, n’a jamais été un événement historique exceptionnel, mais la préoccupation de tous les instants d’une existence qui ne se fonde en droit que si elle prend en compte le droit des autres.