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Les aléas de l’exil ont transformé la conversion en une cérémonie religieuse exclusivement. Ce qui revient à dire que la motivation essentielle du « changement d’identité » serait d’ordre spirituel  et l’aspect réducteur de l’initiative exclurait donc de la conversion tout autre motif. Cette primauté accordée au « religieux » s’éloigne radicalement des tenants et aboutissants conduisant à la conversion, laquelle renvoie à un processus qui, s’il implique parfois « le religieux » ne le suppose pas, pour autant, comme condition indispensable.


Se convertir, en hébreu, « gaïère » renvoie à la racine Lagour, qui veut dire, demeurer, séjourner, habiter. On entrevoit, l’énormité de la réalité sous jacente. Se convertir, c’est d’abord affirmer un « enracinement ». Et, au-delà du terme, c’est proclamer que l’identité humaine n’a de vrai sens que par rapport à sa vocation terrestre, prise, dans le sens d’un foyer, d’une maison, d’un lieu de séjour. Et, nous savons, par ailleurs, que les historiens datent la civilisation à la naissance  du sédentarisme venu remplacer le nomadisme !


Tout se passe comme si la conversion au Judaïsme,( terme façonné par les Chrétiens qui, réduisant l’identité juive à une pratique religieuse, la frustre de son héritage historique) devenait l’équivalent de l’immersion dans les fonds baptismaux, transformant par cette pratique d’obédience magique, l’hérétique en croyant et le païen en Chrétien. Rien de cela dans la conversion juive.


Le « goy appelé à être Juif » est d’abord mis en garde par le Tribunal Rabbinique  sur la trahison que son geste signifie pour son entourage d’origine. Cette question n’est pas anodine. Elle semble même n’avoir aucune connotation  religieuse et, pourtant, elle va au fond des mécanismes d’élaboration de la conscience. Elle interpelle le « futur converti » sur  ses  racines. Celles reçues à la naissance qu’il se prépare à abandonner et celles dont il entend se prévaloir  désormais.


Elle met surtout en évidence les raisons profondes qui déterminent (ou non) la validité du processus de la conversion. La  légitimité du mode opératoire dépendra de la façon avec laquelle   l’impétrant se reliera à la chaîne, la lignée historique qui, depuis Abraham jusqu’à l’ère messianique,  conduit  le processus messianique. S’il est partie prenante de l’enjeu Juif, se déclarant solidaire et responsable, il devient, à part entière inséparable de la Nation Juive.



Mais si, par exemple,  le prophète reste à son regard seulement ou prioritairement  l’envoyé de D.ieu et non celui qui couronnera le Roi d’Israël de « l’onction sainte, » sans laquelle il ne peut y avoir la légitimité requise, pour l’exercice de la royauté, sa conversion restera « mouvement d’humeur » ou confirmation d’une séduction,  mais nullement l’expression d’une communauté de destin, privilège que n’est en mesure d’être reconnu que par l’appartenance à la Nation Juive.

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