Arnold Lagémi

Toutes les grandes causes ont connu leurs volontaires étrangers. La guerre du Viet Nam, la guerre d’Algérie. Le déploiement hideux  des armées fascistes et nazies s’opposa à des brigades de volontaires venus défendre les libertés bafouées. Des causes à caractère humanitaire, comme « la faim  dans le monde » ont mobilisé des milliers d’hommes et de femmes,  résolues à ne plus envisager de vivre « normalement » quand d’autres humains étaient décimés par un ventre vide.

Toutes les guerres d’émancipation, africaines ou asiatiques, eurent leurs bataillons de mercenaires. Tout ce qui s’édifia dans le malheur et la privation connut l’aide et le soutien des régimes politiques, l’assistance des grandes idéologies, religieuses ou laïques. Oui, tous surent que la fraternité était universelle et que, se manifestant, sans condition, tout laissait à conclure que l’aide humanitaire ignorerait l’arbitraire.

Oui, tous, sauf les Juifs !

Qu’ils vinssent du goulag ou de Treblinka, de Tripoli ou  Varsovie, aucun de ceux qui partagèrent le périple de l’Exodus, avaient,  collée jusqu’au tréfonds de l’âme, la certitude inébranlable  que le destin de ce navire emblématique, symbole de l’Occident libérateur, apporterait la réconciliation. Or, ce bateau gardera l’enfer pour port d’attache.

Et ces malheureux  ouvrirent des yeux tristes,  sans surprise et purgés de toute illusion,  quand ils surent,  comprirent et admirent,  qu’ils restaient  nombreux  les non-Juifs qui continuaient à se comporter en vivifiant les malédictions  médiévales anti –juives,  quand bien même recouvertes par l’ombre de la nouvelles déesse quasi planétaire : la laïcité !

Le peuple Juif reste, en notre temps,  plus que jamais,  rejeté, indigne de toute assistance, délictueux et répréhensible, condamné par des procès conduits par l’inique et conclus par l’exécration et l’anathème !    Cette allergie ressuscitée par l’anti sionisme  confirme aujourd’hui l’insupportable solitude du peuple juif et de l’Etat d’Israël !

Une exception, cependant,  quand la haine véhiculée, contre Dreyfuss,  fut  de nature à nourrir un courant de plus en plus démoniaque , tenace et  virulent, susceptible de redonner vie à une France que 1789  avait juré de faire taire à jamais.  Cette division de la France, en deux,  dreyfusards et  anti dreyfusards fut, me semble t-il,

la seule fois, dans l’histoire du monde où,  l’intérêt pour la sauvegarde des valeurs républicaines imposait que l’on prît des risques pour la défense d’un Juif !  C’est le retour de cette France humaniste, espérée d’une attente aux accents messianiques qui,  libérant Dreyfus de l’Ile du Diable, débarrassera, du même coup, la Nation  des entités grimaçantes qui la défigurent.

Pourquoi cette solitude si pesante sur les  divers visages de la cause d’Israël ?

Pourquoi estime t-on,  relever de la normalité,  qu’après la Shoah, le renouveau historique d’Israël ne méritât pas qu’on s’y intéressât par une aide adéquate ?

Demandez réponse à celles et ceux qui ont compris que les plus beaux rêves sont ceux qu’on est encore capable de faire, les yeux ouverts !