D’abord, et c’est, probablement, l’élément le plus grave, parce qu’il entraîne de nombreuses conséquences en bien des domaines, on ne cherche plus à polémiquer, à discuter ou tenter de convaincre. Le dédain, l’arrogance ou la dérision anti juive, refont surface, sans toutefois manifester la nécessité de l’argument.
Le « Juif, source de malédiction durant des siècles » réapparaît, laissant la métaphysique de côté, pour auréoler sa haine de tous les arguments faciles générés par une laïcité de bazar. Le Juif restera source, mais d’eaux charriées et pestilentielles.
Il persistera à rester la matrice des désordres et de l’injustice dans le monde. On prétendra le trouver dans tous les centres névralgiques. Là où est le pouvoir, là où est l’argent, là où est l’influence. Aussi la naissance d’Israël en 1948, est-elle plus, compensation aux images de « Nuit et brouillard » que volonté délibérée d’aider les Juifs à renaître.
Car, ce que la haine des Juifs craignait par-dessus tout, depuis Constantin, premier empereur chrétien, c’est la reconstitution de la Nation Juive. Pourquoi ? Réécoutez la conférence de presse du général de Gaulle en 1967 ! Il semblerait qu’il y ait dans cette répulsion anti sioniste, quelque chose qui ressemblât au miniane. Un Juif qui prie seul à moins d’impact qu’une même prière proclamée par dix Juifs.
Il y aurait un seuil, du moins, le croyait-on, où la qualité juive, cesserait d’être néant, ou verrait abroger son destin de futilité religieuse, pour retrouver la vocation de la nation Rédemptrice. Cette éventualité redonnant vie à l’Election juive pourrait démarrer une concurrence dangereuse, par la compétition théologique qu’elle génèrerait, à coup sûr. L’Eglise n’était plus sûre, dans ces conditions, de conserver l’omniprésence et l’omnipotence, essaiera de contrarier le projet.
Et dans l’antisionisme d’aujourd’hui, la haine du nationalisme juif reprendra les chemins tortueux de jadis, en s’abstenant de toute « disputation » pour se limiter à l’insulte et l’exhortation, seuls moyens d’atteindre les domaines malsains de l’irrationnel où la haine, vécue comme auto défense, s’imposera sans devoir se justifier.
Insidieusement se trouve remise en marche, la locomotive de l’allergie anti juive, pathologie transmissible d’une civilisation qui privilégie la propagation et la diffusion du pire à l’exaltation de ce qui fut sa grandeur.