Le Général Antoine-Roch Albaladéjo, Ancien De La Légion Etrangère et le général Lalanne-Berdouticq, affirment que la France est en danger d’invasion. Sans que les « propos soient une critique ouverte envers le gouvernement, ils traduisent, cependant, un malaise envers les détenteurs du pouvoir démocratique.
Deux officiers généraux sortent de la réserve habituelle dans laquelle un usage séculaire les a maintenus, pour dénoncer un certain laxisme qui encourage le sérieux risque invasif dont la France serait l’objet, selon eux. Cette attitude inhabituelle et insolite indique une discordance entre le Pouvoir et un certain courant de l’armée. Celle-ci, restant subordonnée au pouvoir politique, et, par, conséquent, sage spectatrice de la vie politique, reste l’armée de la Nation, essentiellement et exclusivement « inféodée » à la République.
L’armée doit rester l’armée de la Nation » et s’abstenir de toute implication dans la vie politique. Dès lors, on la coiffa d’un pseudonyme singulier qu’elle conserve encore : « La grande muette. »
Au cours de l’histoire, certains militaires passèrent de la critique à l’action politico-militaire et la France connut en 1961, avec le putsch des généraux, le dernier coup d’Etat Militaire, sous l’impulsion des généraux Salan, Jouhaud, Challes et Zeller. Mais en face, il y avait l’homme du 18 Juin, le magicien des mots, et les généraux putschistes se rendirent.
Que penser de l’initiative de ces deux généraux?
Rien de bien structuré, du moins, en l’état. Mais des indices sembleraient suggérer plutôt, une sympathie, sinon pour l’extrême droite, du moins pour la mouvance royaliste.
« Rappelons-nous avec honte: la République naissante déclara la guerre illégale en 1791 et se trouva en conflit avec l’ensemble de ses voisins deux ans plus tard. » Il eût été plus exact de préciser que, c’est l’Europe monarchique qui, ne voulant pas cohabiter avec cette France naissante, régicide, démocrate et républicaine imposa la guerre !
Un indice révélateur pour l’historien reste l’aveu de l’invention du génocide par la France révolutionnaire. Désignant la Vendée pour cadre de ce génocide, cet officier général révéla, du même coup des sympathies personnelles. Patrie des Chouans et des royalistes, la Vendée résista longtemps à la diffusion des valeurs républicaines.
Il est juste de fustiger les crimes commis par la République naissante, sans pour autant tomber dans le piège excessif de la comparaison avec le génocide, comparaison fréquente, de nos jours encore, chez les royalistes, et sympathisants d’Ancien Régime qui, ne cachant pas la nostalgie qu’inspire le souvenir de la royauté, dévoilent, en même temps, un intérêt limité pour la République, désignée couramment par le terme méprisant de « La gueuse. »
Sans affirmer que la position affirmée par le deuxième officier général cité sous tend une position monarchique, la référence à la Vendée n’est pas sans signification ! Ces positions traduisent, de sérieuses réserves, cependant, quant à la valeur accordée à la démocratie : « Non la démocratie occidentale n’est pas applicable à tous les continents et à tous les pays. D’abord parce que ce n’est pas un système unique (voyez comme la nôtre est différente de celle des États-Unis ou d’Israël, ou bien encore de la Grande-Bretagne) ; ensuite parce que ce système politique ne peut s’épanouir qu’au sein de peuples voyant la personne comme un individu et non comme une partie d’un tout (société personnalistes contre sociétés holistiques)…
« La République romaine était-elle démocratique ? Non ! Mais c’était tout de même une République. »
Cette attitude traduisant bien plus une nostalgie qu’une volonté politique, ne saurait entamer l’attachement de la « grande muette » à l’idéal républicain.