L’identité juive appelée à s’identifier à la pratique des mitsvoths, comme finalité et fin en soi se rapproche d’une vision de l’homme et du monde qui conduit au schisme! Pourquoi? Parce que les 613 « préceptes » de la Loi n’ont pour objectif ultime que la transformation de l’homme par le dépassement, c’est à dire, parvenir à cette façon de voir, sentir et vivre, où le but de l’injonction serait d’abord une clef, un décodeur, permettant à l’idéal de devenir accessible et non une assurance d’une vie sclérosée qu’une existence fondée sur « l’interdit » génèrerait, à coup sûr!
Si la vérité reste un « code de l’interdit », si l’homme vertueux est d’abord celui qui multiplie les « sens interdits », mieux vaut la corruption dans la licence que la sainteté dans la mutilation! La loi est faite pour l’homme et pas l’inverse! Or, la définition de la piété est d’abord estimée et vérifiée par son coefficient d’attachement à l’observance. Et, celle ci déterminera seule la valeur d’attachement à la loi. Nous sommes là dans une approche hérétique, schismatique au regard de la vocation légaliste de la culture juive, parce que « faire » et « faire encore » éloigne du « savoir être » pour une osmose avec l’antithèse hébraïque que représente la civilisation romaine, par exemple. Or la prééminence de « l’être » sur le « faire »distingue le Judaïsme de toutes les civilisations, dans la mesure, où les mitsvots vues comme « fin en soi » accordent au « savoir faire « la voie royale identitaire », chemin assuré vers l’assimilation.
Mettre les téfilines, par exemple, oblige à reconnaître la priorité du bras (et certains y verraient contradiction »sauf à admettre qu’avant la clôture du geste, on place la couronne des téfilines sur la tête avant la phase finale qui verrouille la main. Mais comment savoir, comment être assuré que la pratique des mitsvots ne restera pas ce rituel hermétique et deviendra un décodeur vers un « plus être ». Voici la preuve, que si la mitsva reste un geste, vous resterez une…caricature!
Le Maître du Hassidisme, le Baal Chem tov rêvait chaque nuit que le prophète Elie lui disait, »Ton voisin est plus grand que toi! » Nous parlons de celui qui fut le Maître Européen du Hassidisme! N’y tenant plus, le Baal Chem tov alla chez le voisin ,s’attendant à y découvrir un modèle de piété et une référence de Savoir! Il vit un homme gros, gras, mangeant tête découverte et ne paraissant pas particulièrement concerné par l’observance! Le Baal Chem Tov partit en se disant. Cet homme doit être différent Chabat. Et vendredi soir, le Grand Maître abandonna ses disciples pour être confronté à « plus grand que lui » selon le prophète. Horreur! Sur la table des viandes non cacher! Le Baal Chem Tov leva la voix: « Qui es tu, toi le profanateur pour être plus grand que moi? »
« Je ne sais pas si je suis plus grand que toi! Mais j’étais là quand les cosaques ont pris mon père, l’ont attaché à un arbre, l’ont aspergé d’essence et y ont mis le feu. Mon père a passé sa vie en prières et en jeûnes.Il était comme désossé. Il n’eut pas même le temps de proclamer « SHEMA ISRAEL ». Alors moi, je veux manger, manger et encore manger jusqu’à grossir, et grossir encore! Comme ça, quand les cosaques reviendront, je veux avoir le temps de mourir, pour dire « SHEMA ISRAEL » bien sûr, mais surtout pour qu’ils m’entendent quand je les maudirai et que ce souvenir leur mange le coeur jusqu’à la Résurrection!
Le Baal Chem Tov prit les mains de l’homme toutes ruisselantes de graisses interdites, les posa sur sa tête et dit: « Bénis moi! Je comprends pourquoi tu es plus grand que moi! »
Si le sens de la Loi ne vous paraît pas plus évident, dîtes le moi, je vous raconterai une autre histoire hassidique!
