Depuis Vatican II, le prosélytisme est confronté à une forte volonté d’atténuation voire de nuances qui ne dissipent pas pour autant l’arrière goût sulfureux surgissant à sa seule évocation. L’évangélisation ne saurait, pour autant, être remise en cause, à condition de respecter le cadre par lequel la loi autorise sa pratique. D’abord, parce qu’elle convient au primat du Christianisme qui établit pour principe que la « vérité évangélique » étant exclusive, la nécessité « d’évangéliser » n’est pas une option, mais une obligation. Ensuite, parce qu’une telle remise en question s’attaquerait à la « dimension universelle » de la doctrine qui n’a d’effet que par la conversion du plus grand nombre, seule régularisation possible à l’obtention du salut, que l’élimination ou la très forte atténuation, du prosélytisme viendrait compromettre.
En affirmant détenir la « seule vérité » la doctrine, (Catholique ou Réformée), s’expose aux conséquences incontournables de l’exclusivisme, qui rejetant les autres révélations, a nécessairement recours à l’évangélisation, volonté de convaincre et stratégie défensive d’un système marqué par la volonté de conquête universelle, héritée de la Pax Romana. Le Chrétien a l’obligation de diffuser sa foi, parce que, ne reconnaissant pas d’autre voie que celle désignée par le Golgotha, le prosélytisme s’inscrit comme « moyen tactique » permettant d’atteindre l’universel. A condition aussi, de respecter un cadre légal.
Renoncer au support d’un tel moyen n’est envisageable que s’il est remplacé. Or, la contrainte n’est plus dans « l’air du temps » et ne fait plus « vendre. » Les moyens connus du prosélytisme historique, redoutés et redoutables, abandonnés, moins par conviction que par pression, sous les assauts de la Gueuse (la République) on admit que, changer radicalement les moyens pouvait s’envisager, si la perspective ainsi définie, et plus nuancée, permettait de retrouver les résultats qu’offrait un prosélytisme aux moyens désormais inadaptés, obsolètes et illégaux.
Estimant que « tous les moyens sont bons pour ramener la brebis à son berger, à condition d’être en accord avec les lois, on chercha des solutions, là où le souvenir des exactions était si disqualifiant qu’il fallait des moyens offensifs novateurs et puissants. Et ainsi naquit la qualification inouïe, surréaliste, que la fraternité restait un des ciments entre Juifs et Chrétiens. Parce que dire : « Tu es mon frère ! » fait basculer le dialogue dans un automatisme affectif qui ignorera méfiance ou suspicion. Cette première étape est essentielle. De sa réussite dépend le contenu doctrinal qu’on devra faire passer, une fois assurés que l’anesthésie gagnait sur le redoutable terrain de la mémoire historique. S’il venait à être démontré que l’emploi de « fraternité » est mensonger, serait ainsi mis en évidence, une pression qui transformerait la légitime volonté de convaincre en pression psychologique.
Sans délicatesse mais sans être discourtois, il semble, qu’on peut soutenir, qu’un prosélyte sincère et respectueux de la loi, est en adéquation avec une « idéologie » qui mène inéluctablement à la volonté de conversion, car elle ne peut envisager, supposer ou pratiquer la concurrence qu’en prenant en considération les limites légales. Par contre, prenez garde à celui (ou celle) qui vous fera croire que c’est la méchanceté qui est cause de rupture entre Juifs et Chrétiens. Que les doctrines respectives sont très proches. J’ai connu « un aventurier des fonds baptismaux » qui poussait la « provoc » jusqu’à dire que les doctrines se confondaient en plusieurs points.
Un Chrétien après la Shoah et Vatican II veut plaire, seule valeur résiduelle pouvant encore mener au baptême. Il ira même jusqu’à oublier la condamnation papale du sionisme ou les exactions de Louis IX (dit St Louis) L’Orthodoxe ne se souviendra plus des pogroms et le Chrétien luthérien laissera de côté l’influence de Luther sur Hitler. Cette « volonté de plaire » est néanmoins suspecte quant aux motifs l’ayant suscitée. On en aurait apprécié les manifestations, si elles eussent été entendues entre 1940 et 1944 !
Apparemment anodin, je ne le crois pas : certaines associations « judeo chrétiennes » ont remplacé « amitiés judéo-chrétiennes » par « Fraternités judeo-chrétiennes. Manipulations ? Prosélytisme ? Évangélisation ?
Quoiqu’il en soit : Les naïfs digèrent mieux!